Yannick Jaulin, un drôle d’oiseau en quête d’amour

Yannick Jaulin, un drôle d’oiseau en quête d’amour

Diffusion : Lundi 15 novembre à 08h30 et 12h30

Animateur : Samuel Heyndrickx

Invité : le conteur hétéroclite, véritable amant des langues, Yannick Jaulin

 

« – Vous savez inspecteur, si vous aviez été ma place, vous auriez fait la même.
Des années qu’il m’enquiquinait, à faire la pluie et le beau temps,
à m’angoisser toute la nuit, à me faire douter du sens même de l’existence.
Présent quand on l’attend pas, absent quand on l’espère, à vous dégoûter d’être seule.
Mais bon dieu vous avez vu ma gueule ?! Si ridée, par sa faute, que j’en viens à noircir les miroirs
Et mon cœur, vous voulez voir mon cœur ? Une punaise accrochée à ma cage thoracique.
Ce cœur qui me fait faire n’importe quoi, ce cœur dont me je demande bien comment il peut encore pomper quoi que ce soit après toutes ces années!
Alors oui inspecteur, quand l’amour est revenu frapper à ma porte, j’ai pas hésité à la frapper aux parties. No regrets.
Mais le pauvre amour, il en est mort… mais comment avez su que c’était moi ?

– Sans vouloir me vanter chère suspecte, j’ai été formé par le meilleur enquêteur qui soit, Yannick Jaulin, un pro de l’amour, Ah ça l’amour, il sait les dégâts qu’il peut causer… Il le connaît comme sa poche, et de sa poche il en tire des tonnes de tirades. On causait d’amour sans arrêt, matin et soir, il voulait tout savoir de lui, un véritable obsédé, un artiste quoi.

Il en a même fait un spectacle CAUSER D’AMOUR, qui se joue au théâtre Michel Galabru à la Scène de Bayssan de Béziers le 23 novembre à 20H30, sans compter une de ses autres création, Ma langue maternelle va mourir et j’ai du mal à vous parler d’amour, qu’il interprétera les jeudi 18 novembre à 19H30 et vendredi 19 novembre À 20H30 au Théâtre du Sillon de Clermont l’Hérault. Mais là où vous serez, ma chère suspecte, vous risquez pas de causer d’amour à grand monde…

Enfin en amour comme à la guerre, c’est la mort qui nous guette. »

Yannick Jaulin, virtuose de la langue, partisan des dialectes oubliés, a puisé dans ses entrailles, intimes et anthropologiques, la force nécessaire pour garder la tête hors de l’eau et nous causer d’amour.

De son enfance à ses divorces, il se livre sans détours, frappant là où ça fait mal, des racines de ses désarrois amoureux jusqu’aux fondements de sa masculinité, héritage patriarcal à déstructurer.

Car d’où vient cette violence qui nous pousse à malmener l’autre sexe ?

Et comment retrouver notre capacité d’aimer?

Il sera accompagné dans sa création à la scène de Bayssan par deux musiciennes talentueuses, chœur dramatique évanescent en contre point lumineux, donnant au spectacle une dimension musicale et dramatique intense, une représentation aux frontières du théâtre, du récital et de la danse.

Il nous posera également cette question fondamentalement volatile : et vous en amour, vous êtes plutôt pinson, pigeon, coucou ou rossignol?

« Finalement c’est le français qui m’a fait mentir en amour, salaud de français! »

DISTRIBUTION

de et par
Yannick JAULIN

Composition et accompagnement musical
Morgane HOUDEMONT, Joachim FLORENT

Mise en scène
Philippe DELAIGUE

Collaboration à l’écriture
Valérie PUECH et Marie-Odile SANSAULT

Scénographie
Alain BURKARTH

Lumières
Guillaume SUZENET et Fabrice VETAULT

Son
Fabien GIRARD et Jean-Bertrand ANDRE

Régie
Laurent JAULIN

 

Jaulin n’a jamais réussi à raconter une belle histoire d’amour, que des histoires d’amour raté, des horreurs. À travers elles, il se coltine à lui, il enquête sur ce qui l’a construit, s’approche de sa géographie d’enfance qui a bâti sa manière ou ses mauvaises manières d’aimer. C’est un Yannick Jaulin intime, au présent qui nous renvoie chacun à la terrible difficulté
de vivre l’Amour, libre de tout héritage, un Jaulin qui se livre comme jamais. Yannick Jaulin cause d’amour perdu.

Il apparaît ancré dans sa terre, planté dans son parlanjhe vendéen. Projeté sur un cadre de toile, son ombre le dépasse. Elle est immense, presque difforme. Elle porte en elle toute la tradition du conte avec ses monstres, ses rois et leurs amours. Surtout leurs amours. Car l’amour est bien le grand sujet de ce nouveau spectacle de Yannick Jaulin. Avec une impudence pudique, il retrouve rapidement le français pour conter son échec d’amour. Sa désespérante habitude à ne pas savoir bien aimer, pas assez, pas vraiment… Il part à la recherche des sources de ce handicap qui le laisse avec deux mariages sur le flanc.

Il revisite son enfance paysanne dans ce monde où l’amour était omniprésent mais où on n’en parlait jamais franchement. Entre les deux, l’universel des contes et l’unicité de son histoire, se trouve tout le talent de Yannick Jaulin. Il trouve ce point d’équilibre ténu entre une histoire personnelle et une réflexion qui nous interpelle tous. Du Barbe Bleue dans son château aux questions de sa fille, des moeurs amoureuses des oiseaux à son introspection, il brasse les grands mythes, les doutes de l’homme, les mystères de l’amour qui dure… Il saupoudre des références au temps présent au coeur des histoires vieilles comme le monde. Sur scène, le spectacle est rythmé par les compositions de Morgane Houdemont au violon et Joachim Florent à la contrebasse, qui, tel un choeur de tragédie grecque derrière deux autres écrans, viennent résonner avec les mots et amplifier le propos. Ce n’est plus du conte, ce n’est pas vraiment du théâtre. C’est aussi du chant, de la musique et des pas de danse. C’est du Jaulin.

Du très bon Jaulin qui fait rire, émeut, s’emballe et se recroqueville sur ses questions. Et finalement cet aveu de mal d’amour sonne comme un hymne à l’amour. Et on repart léger mais chargé d’une question lancinante : Et moi, en amour, suis-je pinson, coucou ou pigeon ? Dans un troublant effet de miroir, Yannick Jaulin nous a renvoyé à notre propre chemin. Comme souvent les contes.

 

 

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