Diffusion : Lundi 15 mai 2023 à 08h30 et 12h30
Invitées : la sculptrice Julie Pêtre et la peintre Löhr Cipolat
Animateur : Samuel Heyndrickx
Julie Pêtre et Löhr Cipolat exposent leurs arts fait de peinture débordante et de fils de fer entortillés qui parlent de nos corps, de nos peaux, de nos empreintes, si communs et si étranges, dans un dialogue passionnant. Tête à tête de deux artistes qui révèlent les failles et dévoilent les transformation à l’œuvre dans nos chaires et squelettes.
L’exposition Paye tes Mamelles, Tirésias se tiendra à L’Entracte-Café à Nébian du 9 juin à fin juillet.
Les Bio Officielles :
Löhr Cipolat
Facebook: Lohr Irene Cipolat
Insta: lohr_cipolat
Site: locipolat.wordpress.com
Artiste autodidacte, Löhr Cipolat traite ses tableaux avec la même intensité que les émotions explosives qui la traversent.
Imprégnée dans son adolescence par l’expressionnisme de Munch, elle développe d’abord une peinture nerveuse, impatiente. Mais c’est dans l’expressionnisme d’Egon Schiele qu’elle se retrouve le mieux. La nudité crue dans la peinture d’Egon Schiele la perturbe autant qu’elle l’attire. Elle calme son trait, elle travaille à l’huile, elle empâte davantage. Son trait reste tendineux, mais elle gagne en volupté.
Son obsession du corps lui fait peindre des nus qui débordent du cadre, des nus qui sont comme des extraits de corps jetés au regard . Pour Löhr, le corps parle avec sa peau. Elle cherche à donner à ses corps, au-delà du modelage plastique, une sensation d’étrangeté dans la familiarité. Il n’y a rien de plus commun qu’un corps nu, et rien d’aussi étrange. Cette étrangeté est parfois malsaine, parfois attirante. Löhr Cipolat joue de ce va-et-vient entre désir et malice, entre avidité et rejet.
Les scènes d’amour qu’elle traite portent l’empreinte de ce va-et-vient. L’autre reste un étranger malgré toute l’intimité physique que j’ai avec lui. Les corps sont écorchés, les regards tournés vers l’intérieur, un malaise s’installe. Löhr Cipolat nous donne à voir ce malaise.
A travers les thématiques des Fragments amoureux, de Bordel(s), et Kannon, l’enceinte du monde, Löhr a voulu saisir ce que le corps donne à voir quand les émotions qui le traversent sont puissantes et complexes. Avec les femmes enceintes qu’elle a peintes pour Kannon, l’enceinte du monde , elle a voulu présenter un corps pris à la fois dans l’absolu de sa présence et contraint par les multiples obstacles qu’il rencontre dans sa propre transformation. Les Fragments amoureux racontent les méandres émotionnels qu’une relation amoureuse provoque. Rien de plus complexe que le sentiment amoureux et les émotions qu’il engendre. Dans Bordel(s), elle relie ces méandres de l’amour à une forme de prostitution, au bordel, je paye pour le drame amoureux ne puisse jamais se jouer…
L’amour et le corps, le corps dans l’amour, le corps pour l’amour sont un fil rouge dans sa peinture.
Avec Cacher ce sein, Löhr a mis dans son propos une note plus sociétale, mais qui n’en est pas moins liée à l’intime. Cacher ce sein, car vous ne serez plus aimable , fait-on entendre aux femmes. Alors comment concilier sa propre féminité, son désir, et une image de soi non sulfureuse ? Il faut encore se battre pour barrer l’ancestrale dichotomie de la madone et de la putain.
Elle gardera cette note sociétale dans son prochain travail, comment la définition sociétale des genres abîment la rapport à notre sexualité.
Julie Pêtre
Insta :@damnedfer
Site : www.julie-petre.fr
Atelier :14 rue Mercière, Pezenas
Née à Toulouse en 1984, issue d’un environnement familial sensible aux Arts, baignée dans la multitude des possibilités artistiques ; c’est toute petite que je commence à peindre, dessiner et user de la matière pour construire des volumes dans l’espace.
Je me passionne pour des parcours d’études différents. Écriture, peinture, psychologie, philosophie, arts plastiques et appliqués…
Je trouve un équilibre dans l’art des fleurs. Être fleuriste, composer, avoir accès aux formes, volumes, couleurs, et trouver de la fragilité autant que de la force dans cette matière vivante.
C’est dans ce contexte que le monde végétal dépose sur ma route les fils de fer.
Je les rencontre comme des traits de crayons. Dessiner dans l’espace. Sculpter le vide. Lui donner une armature, un exo squelette.
Débute alors une réflexion sur les corps. Leurs lignes et leurs détails, leur caractère unique et multiple et leur force d’expressivité.
Ma démarche réside dans la confrontation intime entre la dureté, la froideur de la matière et les courbes anatomiques toujours imparfaites.
Presque respecter les proportions. C’est dans ce presque que réside la fragilité et la force d’expression d’un regard, d’une posture. Et, c’est dans les nœuds et les torsions ou distorsions qu’émergent les forces et fragilités intérieures d’un personnage.
Les fils de fer emprisonnent ou solidifient, tiennent le rôle d’une armure ou d’une armature, desquelles les failles d’un sujet sont perceptibles.
D’une ligne surgit une émotion. Et de son ombre projetée en surgit une autre différente, dévoilant la dualité et le lien entre ce que l’on montre, ce qui est vu, et ce qui vibre véritablement à l’intérieur d’un personnage.
D’abord toutes brutes, comme allant à l’essentiel, à l’essence du trait et de l’intention, certaines de mes constructions intègrent du textile léger et transparent.
Les visages, eux, gardent leur nature propre… Sans fard.
Musique : The Slits – Love and Romance