Diffusion : Lundi 07 novembre 2022
Animateur : Samuel Heyndrickx
Invitée : Anne Grange, réalisatrice engagée, qui était alors productrice du film No Land’s Song et qui a courageusement porté ce projet avec la boîte Chaz Productions
Quand vous êtes une compositrice iranienne et que vous allez au Nouveau siège du Département de la Musique du Ministère de la Culture et de la Guidance Islamique de Téhéran pour proposer un concert de solistes féminines, attendez vous à être dégoûtée du genre humain, notamment lorsque l’érudit religieux en charge de valider les projets culturels vous explique que « la fréquence de la voix de femme ne doit pas dépasser une certaine limite. (…) Que lorsqu’il s’agit du travail, c’est toléré, mais qu’au delà de ça, la voix chantée se transforme pour donner du plaisir. Si par exemple, vous prenez un fromage ordinaire et d’un coup vous y ajoutez autre chose, cela pose des problèmes. On ne doit pas manger une chose qui nous fasse quitter un état normal ou qui nous emporte dans le désir. De même qu’aucun homme décent ne devrait ressentir d’excitation sexuelle. Non la femme ne doit pas nous sortir de notre état normal. » Comparer la femme à un fromage, il fallait oser ! Enfin, sortir de votre état normal, et surtout de vos gonds, c’est ce qui vous attend en découvrant ou redécouvrant le documentaire No land’s Song, réalisé entre 2012 et 2014 et projeté au Sonambule de Gignac ce mardi 08 novembre à 20h en partenariat avec le Réseau des bibliothèques en Vallée de l’Hérault dans le cadre du Mois du film documentaire. Car il en faudra du courage à son héroïne, la compositrice iranienne Sara Najafi pour espérer mettre en œuvre son projet musicale qui met la femme au cœur de la scène avec la complicité de son frère réalisateur Ayat Najafi et des nombreux artistes qui l’accompagneront. Un documentaire qui résonne avec force et fracas alors que les autorités iraniennes assassinent encore aujourd’hui de sang froid des femmes qui se battent pour leurs droits, déclenchant des révoltes d’une ampleur inédite depuis les manifestations contre la révolution islamique de 1979.
Anne Grange nous parle de ce projet bouleversant qui a profondément marqué ses participants qui se sont mobilisés pendant près de deux ans pour espérer faire résonner les voix des femmes en Iran, ou quand le simple fait de chanter plus fort que les hommes est passible de crime.
Résumé :
Sara Najafi, jeune compositrice, défie les autorités iraniennes qui, depuis la révolution de 1979, interdisent aux femmes de chanter en solo devant des hommes. Féministe convaincue, elle prend tous les risques, avec ses amies chanteuses Parvin Namazi et Sayeh Sodeyfi en invitant trois artistes françaises, Elise Caron, Jeanne Cherhal et Emel Mathlouthi, à venir les rejoindre pour collaborer à leur projet musical, en initiant un nouveau pont culturel entre la France et l’Iran. La question est de savoir si elle pourront réaliser leur projet…
