Diffusion : Jeudi 28 novembre 2024 à 19h15
Rediffusion : Dimanche 1er décembre 2024 à 11h
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une émission préparée par Jean-Marc Barrier
avec la participation de Coralie Poch, Noée Maire et Vincent Alvernhe
sommaire
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> Jaume Pont
> halte poétique ‘je te poème’ : Maria João Cantinho
> le petit marché, les coups de cœur des arpenteurs
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Jaume Pont
Jaume Pont est un poète catalan, il est né à Lleida en 1947. Il fait partie de la génération de poètes qui se sont fait connaître à partir des années 1970, aux côtés de Miquel de Palol et de Josep Piera. Il a reçu en 2006 le prix le plus prestigieux de la poésie en catalan : le Prix Carles Riba, et en 2012 le Prix Virgile du Cénacle européen francophone.
Selon les mots de son traducteur François-Michel Durazzo, dans Nulle part, Jaume Pont « creuse à la source du langage pour célébrer les noces du moi avec l’autre, celui des hommes et des bêtes, celui des éléments conjurés. Nul poète catalan n’avait à ce point tendu la corde du langage, sans céder à l’hermétisme. »
Les titres de ses recueils nous donnent quelques indices : Raison de hasard, Vol de cendres, Nulle part, Cantique d’ombres, Miroir de nuit profonde…
Une gravité semble régner sur ses poèmes, mais l’aventure est belle de le suivre dans la profondeur
– et d’y trouver de l’audace, d’y sentir dans une langue fine la dynamique des transformations intérieures.
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> merci à Gérard Martin, François-Michel Durazzo et à Cécile Ouhmani pour les éléments qui ont aidé à cette émission.
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voir l’article : https://www.recoursaupoeme.fr/jaume-pont-miroir-de-nuit-profonde/
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un poème
à la source du ravin
se cache la clé qui t’ouvre mille portes.
Tant que les eaux ne seront pas claires,
ne bouge pas.
Cherche bien loin un abri, hors les murs,
la plante des pieds cousue à l’ombre
que jamais tu ne vois passer.
On t’appelle déjà du trou
où dort le bégaiement des Langues Coupées :
nenetremtremble pas, nenenebébébégaie pas,
une fée t’attend qui meurt d’amour pour toi,
à la source du ravin.
Ici commence le froid
consumé dans les yeux et la danse des pâtures stériles,
la terre où personne ne connaît ton nom.
Ici commence l’histoire de l’enfant
à l’oreille coupée.
l’enfant qui traverse
la flamme sans se brûler, le fou
qui fait des nœuds dans l’air,
et écrit cent dix-sept fois au tableau noir :
je est un autre je est un autre je est un autre
je est un autre je est un autre je est un autre.
Il faut rêver debout
à la réserve indienne.
il faut rêver debout à la source du ravin.
(extrait de Nulle part, éditions L’étoile des limites)
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les éditions L’étoile des limites
La création de L’Étoile des limites remonte à 1985.
Son nom provient du premier ouvrage publié, Le Solitaire des Ardennes, réédition d’un court roman de chevalerie du début du XIXe siècle. Dans la forêt ardennaise, où se situe l’action, il est en effet question d’un lieu, en forme d’étoile, dont chacune des branches est un chemin. Ce lieu imaginaire devient alors le symbole de la maison : un lieu d’édition à la croisée des hauts sentiers de l’écriture.
Le logo a été créé par le peintre Philippe Marie et apparaît en vignette de couverture sur chaque ouvrage depuis 2013.
Installée dans un premier temps dans les Ardennes, à Charleville-Mézières, L’Étoile des limites est, depuis 2013, située près de Figeac, dans le Lot.
Ont été édités par L’étoile des limites :
http://www.letoiledeslimites.com/
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traduction François Michel Durazzo
Tous les poèmes de Jaume Pont lus dans l’émission ont été traduits par François-Michel Durazzo.
> Miroir de nuit profonde a obtenu Le Prix Mallarmé étranger de traduction en 2023
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halte poétique ‘je te poème’ :
Maria João Cantinho
Jean-Marc Barrier a rencontré la poète portugaise au festival Voix vives de Méditerranée en Méditerranée à Sète en juillet 2024.
Dans une conversation impromptue, elle nous livre quelques poèmes et quelques clés de son écriture.
Maria João Cantinho est née à Lisbonne, en 1961. Pendant l’enfance a vécu en Angola et a retourné après le 25 Avril de 1974 à Portugal. A etudié Philosophie et a soutenu son doctorat en Philosophie contemporaine à l’université Nouvelle de Lisbonne. A écrit des romans, essais et poésie. Elle a gagné le prix Glória de Sant’Anna avec son livre «O Ínfimo» (poésie) et le prix PEN Club pour son essai Walter Benjamin: Melancolia e Revolução. Elle est publié en beaucoup de revues de poésie portugaise et étrangères (Italie, Roumanie, Hongrie, France, Espagne, États Unis) et est critique littéraire. Elle a publié récement Avant Cela il y avait l’ombre (France, éditions Jacques-André). Est coordinatrice d’une revue online, «Revista Caliban». Membre du PEN Club Portugais et de l’Association de Critiques Littéraires portugaise.
bibliographie complète : https://pt.wikipedia.org/wiki/Maria_Jo%C3%A3o_Cantinho
son livre le plus récent : https://www.jacques-andre-editeur.eu/auteur/2954/
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un poème
Quand les mots se refusent à ton joug
rien ne reste, en vérité,
si ce n’est cette volonté sourde, impérative,
de faire imploser les limites,
la clôture du mal, qui t’interdit le chant.
Reviens en arrière, poursuis le fil secret,
la magie qui se tient dans chaque nom, en épelant
la vie, l’incendie qu’il y a dans les êtres
que tu regardes et que tu veux appeler.
Le langage, alors, te fait balbutiement,
t’emporte jusqu’à l’impondérable de cette lumière
qui reluit, dans l’intime de chaque être?
célébration secrète,
et qui n’appartient qu’au silence.
(extrait de Avant cela il y avait l’ombre,
éditions Jacques André, traduction Cecilia Basílio)