Les arpenteurs poétiques – Sayd Bahodine Majrouh

Les arpenteurs poétiques – Sayd Bahodine Majrouh


Diffusion : Jeudi 23 juin 2022 à 19h15
Rediffusion : Dimanche 26 juin 2022 à 11h
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une émission préparée par Serge Vaute-Hauw
avec la participation de Noée Maire, Leila Laghribi et Vincent Alvernhe

sommaire
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> Sayd Bahodine Majrouh
> halte poétique ‘son/poème/son’ : Laurence Bourgeois
> halte poétique ‘le petit marché’ : les coups de cœur des arpenteurs

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Sayd Bahodine Majrouh

Le voyageur de minuit (Ego-monstre 1)
Suivi de Le rire des amants (Ego-monstre 2)
traduit du perse par le poéte- écrivain  Serge Sautreau

Sayd Bahodine Majrouh, est né à Kaboul en 1928. C’est un poète, folkloriste, un docteur en philosophie, il a exercé à la faculté de Montpellier et en peu de publications, à décortiqué la tyrannie. L’écriture ici témoigne, elle s’inscrit dans l’histoire, pour les peuples sous le joug de cet Ego-Monstre, elle est une mise en garde, elle plaide pour l’amour, la liberté, la beauté. Ce Voyageur de Minuit, malgré la cruauté qu’il observe, a su préserver en lui cette part la plus belle et profonde de l’humanité, et nous touche par les symboles, les paraboles, les archétypes qui jalonnent son œuvre. 

Evidemment, l’auteur nous interroge sur les conséquences d’une société totalitaire, et sur l’exil, et où l’errance peut nous mener à travers ses méandres.

Sayd Bahodine Majrouh a été assassiné la veille de son 60e anniversaire dans sa résidence à Peshawar au nord du Pakistan, un assassinat politique.

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Sayd Bahodine Majrouh, Le voyageur de minuit

ou la matérialisation de cet Ego Monstre qui s’éveille en l’homme, et dont il emprunte les chemins qui ont été devastés par sa suprématie, et un extremisme sans bornes.
Nous sommes ici, dans des paysages où le désert avance dans les consciences soumises à une autorité absurde, des stimulants de la peur, où les valeurs de respect, d’amour tentent de résister face au Dragon tout puissant, où les traditions, le folkore sont malmenés, où la singularité de l’être ne peut s’épanouir dans un système de valeur uniforme, ou les lois condamnent violemment et abusivement.
Si au cours de son périple, le voyageur de minuit est le témoin d’une violence abjecte, qu’il en subit quelquefois les conséquences, il est surtout porteur  de lumière, en opposition à cette obscurité émanant du montre. Par sa philosophie, sa quête de justice et de vérité, il redonne un sens à l’existence des âmes bafouées, et l’espoir aux exilés, à ceux qui n’ont jamais basculés dans l’abîme de la Caverne, et que l’Ego-Monstre n’aperçoit pas forcément, là où est l’exil en soi, la liberté à tout sa place pour renaître un jour. 

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un extrait

Chaque soir à minuit, disent-ils,
des esprits infernaux remontent de l’abîme
et viennent gémir par la bouche de la Caverne
et se répandre sur la plaine,
s’arrachant plaintes à chaque buisson d’épines,
à chaque taillis de ronces, à chaque pierre
du chemin,
hurlant de la terreur dans les gorges étroites,
s’emparant des montagnes pour en faire
des géants en marche,
et le lit du torrent à sec devenu
dragon de feu
s’élance à travers l’espace
et vient rôder parfois
tout près,
tout près des portes de la ville…

(…)

Ainsi tous mes périples, songeait-il,
Egarent-ils leurs traves leurs pistes leurs repère
Depuis mon premier pas dans l’hypnose du soleil :
Pourquoi vouloir loger ma demeure au zénith
Quand lui-même le quitte et tombe dans la mer ?
Ces levers à l’Orient, ces couchers à l’Occident
Ne le montrent-ils pas en quête d’autre chose
Qu’il va s’éteindre au-delà de son feu ?
Dans le secret de l’ombre il abreuve une extase
Qui va brûler où nul ne voit
Est-il seulement sûr d’être chaque fois le même ?
N’y a-t-il qu’un seul astre, un seul soleil toujours ressuscité,
Ou bien chaque aube en délivre-t-elle un nouveau
Irradiant comme l’autre, la veille, et l’autre, l’avant-veille,
Et l’autre encore et tous les autres depuis qu’il y a des
matins au monde pour chercher le bonheur
Dans l’imprévisible trajectoire du Sens ?
Le couchant qui avale un soleil
Lui donne asile pour autre chose
Qu’il étreint au-delà du feu –
Et ce soleil touche à sa fin, à sa source sans fin :
Comment
Reparaîtrait-il ?
Je suivrai ces soleils dit-il au bord du gouffre
Je suivrai ces soleils au-delà de leur feu
Il fixa le Levant longuement comme on part.
Il tourna le dos à ses prestigieuses guenilles de faux jour.
Il alla droit vers le Couchant, vers la lumière de l’Ouest,
Au royaume des ombres perdues.

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halte poétique ‘son/poème/son’
Laurence Bourgeois

Plasticienne et poète, Laurence Bourgeois vit en pays de Kercorb, à Rivel, dans le piémont pyrénéen

Au sein de son atelier “écrits poétiques de verre et papier ” elle crée une œuvre singulière, alchimique où dialoguent écriture, gravure et transparence. Elle a réalisé de nombreux livre d’artistes avec des poètes contemporains.
Arpenteuse depuis sa création, elle  co-anime l’émission radiophonique, Les Arpenteurs Poétiques sur RPH.
Une exposition de sculptures et œuvres verre et gravure est en création en écho aux poèmes inédits Nids et brûlis

Publication poétiques
Ainsi le pli, Le bruit des cailloux, éditions la voix du poème Feu blanc, éditions du petit pois
Falaises du corps, Nili fossæ, éditions Rafaël de Surtis
Rendre l’or, éditions Pourquoi viens-tu si tard ?
Sacrifice, collection fibre.s, éditions la tête à l’envers.
Expositions 2021-2022

Géographie du rien – Carla Bayle – Juin 2021
Bruit Blanc – Mirepoix – Juillet 2021
Chalabre en sérénade – Août 2021
Cioran – Sibiu en Roumanie – Août 2021
Orpailler l’autre Rive – Médiathèque Narbonne – Déc. 2021 janv.2022 Art for science être crâne – Genève – mai juin 2022
À la lisière – Laroque d’Olmes – Juillet 2022
+ d’informations sur le site www.livredeverre.fr

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un poème

Écoute | Vois plus près là
près de moi
je retourne à la terre
avec les espèces compagnes
ensemble
corpuscule flottant infime infirme
à quatre pattes dans la poussière du ciel.

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halte poétique ‘le petit marché’

Alfonsina Storni 1892-1938 

Elle devient comédienne et autrice et, à vingt-quatre ans, publie un premier recueil Écrits pour ne pas mourir.
Souvent définie comme féministe au pays du machisme, elle est à la fois institutrice pour enfants déficients, égérie des bibliothèques populaires du Parti socialiste de Buenos Aires et journaliste sous le pseudonyme de Tao Lao. Dès 1920, elle côtoie Joge Luis Borges, Luigi Pirandello, Filippo Tommaso Marinetti, rencontre Federico García Lorca.
Son suicide inspira la chanson Alfonsina y el mar, de Ariel Ramírez et Félix Luna, qui accompagne le poème lu par Serge et interprété par Sylsée

C’est ça, l’amour, c’est ça : je sens
Dans chaque once de vie une pensée.

Et je suis une et je suis mille
Toutes les vies passent par moi
Et leurs blessures
Me sont morsures.

Et je n’en puis plus. Chaque goutte de mon sang comporte
Un hurlement et une note.

Et je ploie, je ploie sous le poids
D’un baisers profond, d’un profond baiser.

Extrait du recueil : le mois d’octobre naît avec ses matins clairs
Alfonsina Storni, les cahiers de curiosités, éditions marguerite waknine
Traduit de l’espagnol (Argentine) par Caroline Lahougue 

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merci à Solène pour la technique !
merci à Laure-Anne Darras qui a créé notre générique…
http://soundcloud.com/les-arpenteurs-poetiques/generique-de-lemission-les-arpenteurs-poetiques

 

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