Les arpenteurs poétiques – Philippe Jaccottet

Les arpenteurs poétiques – Philippe Jaccottet

 
Diffusion : Jeudi 24 juin 2021 à 19h15
Rediffusion : Dimanche 1er juillet 2021 à 11h
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une émission préparée par Serge Haute-Hauw
avec la participation de Coralie Poch, Vincent Alvernhe et Jean-Marc Barrier

sommaire
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> Philippe Jaccottet
>
halte poétique ‘des étoiles et des chiens… 76 inconsolés’ : Erik Satie
textes de Thomas Vinau, une halte proposée par Vincent Alvernhe.
> halte poétique ‘le petit marché’, les coups de cœur des arpenteurs.
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Philippe Jaccottet

« Le poète de l’intime du dehors, de l’instant présent, de l’incertitude magnifique… »

Philippe Jaccottet poète, traducteur, écrivain, de nationalité suisse est né en 1925 à Moudon. Très tôt son enfance est marquée par l’écriture. Sa famille s’installe à Lausanne où il suivra des études de lettres à l’université. Il va faire une rencontre déterminante dans sa jeunesse avec le poète Gustave Roud, avec qui une importante correspondance sera échangée, et qui lui fera découvrir le romantisme allemand, ce qui l’incitera à traduire Hölderlin, Novalis, Rilke poètes qu’il affectionne.

Il s’installera à Grignan dans la Drôme en 1953 avec son épouse Anne-Marie Haesler artiste peintre, où il résidera jusqu’à la fin de sa vie, les paysages et les alentours de son village, sont très omniprésents dans l’œuvre du poète.

Jean Starobinski  écrira de lui dans une très belle préface consacrée à sa poésie :

« Le regard se porte alors vers le monde qui se tient devant lui. La réflexion à la première personne, qui prend ici sa source, n’est pas un monologue clos, ni un discours régi par les contraintes de la logique. Le mouvement reste celui d’un dialogue ; mais d’un dialogue intériorisé, et, si « fluide » et mélodieuse qu’en soit l’élocution, un inapaisement toujours en haleine empêche de rien tenir pour acquis. Car entre un terme et son opposé, entre le spectacle extérieur et la méditation intérieure, puis au sein de celle-ci, entre la parole de l’un et celle de l’autre, du doute et de son contradicteur, jamais ne cesse le débat d’un mouvement inquiet, d’une insatisfaction tenace, si ce n’est dans la pause ou la trouée miraculeuse, ou (à la faveur d’une extrême attention ou peut-être d’une souveraine distraction) soudain la cime est seule en vue, la lumière seule à parler : le temps fuyant d’un poème. »

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l’ignorant

Plus je vieillis et plus je crois en l’ignorance,
plus j’ai vécu, moins je possède et moins je règne.
Tout ce que j’ai, c’est un espace tour à tour
enneigé ou brillant, mais jamais habité.
Où est le donateur, le guide, le gardien ?
Je me tiens dans ma chambre et d’abord je me tais
(le silence entre en serviteur pour mettre un peu d’ordre),
et j’attends qu’un à un les mensonges s’écartent :
que reste t-il ? que reste t-il à ce mourant
qui l’empêche de si bien mourir ? Quelle force
le fait encore parler entre ces quatre murs ?
Pourrais-je le savoir, moi l’ignare et l’inquiet ?
Mais je l’entends vraiment qui parle, et sa parole
pénètre avec le jour, encore que bien vague :
« Comme le feu, l’amour n’établit sa clarté
que sur la faute et la beauté des bois en cendres… »

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Toiles, bois, pierres humides
pays poursuivi par l’eau,
comme la femme nocturne,
la beauté pluvieuse et chaude.

Forêt marine à l’aurore,
touffue et trempée de vent,
j’entre et je suffoque en toi.

Paresseuse comme l’huile,
mais l’huile devient lueur
brûle, murmure, jubile
dans la veilleuse en sueur.

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pour découvrir un peu plus Philippe Jaccottet

https://www.swissinfo.ch/fre/po%C3%A9sie-suisse_philippe-jaccottet–la-lumi%C3%A8re-pour-l-%C3%A9ternit%C3%A9/46409166

http://www.gallimard.fr/Contributeurs/Philippe-Jaccottet

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références bibliographiques  

Paysages avec figures absentes, éditions Gallimard 1997
Cahier de verdure suivi de Après beaucoup d’années, éditions Gallimard 1990|1994
Poésie 1946-1967, éditions Gallimard 2020
Tache de soleil ou d’ombres : notes sauvegardées 1925-2005, éditions Le bruit du temps 2013

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halte poétique ‘des étoiles et des chiens… 76 inconsolés’
Erik Satie

Vincent nous fait partager des portraits très enlevés et inspirés écrits par Thomas Vinau (éditions le Castor Astral). Une galerie de portraits d’artistes décalés, à la vie et au destin hors du commun. Ces textes d’hommage mêlent poésie du quotidien, souffle lyrique et humour. Vincent Alvernhe lie les textes à des extraits musicaux…

Des étoiles et des chiens… 76 inconsolés – des portraits d’artistes décalés, abîmés, des inconsolés qui nous consolent. Ces destins extraordinaires sont présentés avec la sensibilité de Thomas Vinau, qui mêle fulgurance et écriture de l’intime. Ce sont des portraits teintés d’une poésie du quotidien, oscillant entre les caresses et les crocs, qui donne envie d’en savoir toujours plus sur ces artiste

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halte poétique « le petit marché »

 

Jean-Marc Barrier > un livre : Un été prodigue de Barbara Kingsolver, Rivages poche
Très beau livre où se mêlent trois narrations prenant place dans la même montagne des Appalaches, des portraits magnifiques, un très beau style et le plaisir de sentir comment des êtres se transforment ou changent leur regard l’espace d’un été. Le rapport à la nature y est puissant, animal.

Serge Vaute-Hauw un auteur, des poèmes :  Jean Venturini
Dans la veine de Rimbaud Jean Venturini Outlines, l’unique recueil de poèmes de ce poète édité en 1939 à Casablanca et retrouvé dans la bibliothèque d’un sous-officier radio…Le poète de 19 ans a sombré dans un sous-marin en 1940 au large de la Tunisie. Une poésie sensuelle et de plein soleil à découvrir aux Editions Vaillant.

Poème extrait du recueil  : Les baisers

Les baisers des amants, sont des fleurs fanées…
– Cruel, le vent du désir effeuille
Leurs corolles lourdes de parfum surannés
Qu’elles courbent gémissantes dans les jardin en deuil.

Les baisers des amants sont tristes et meurent
Aux bord des lèvres humides, comme des soupirs.
Blêmes, sont qui ont joui de leur fades saveurs
Ecoutent bruire leur doux murmures de souvenir.

Oh aimez-vous ! Cueillez ces fleurs, l’amour grimaçant
Dans l’ombre vous observe et rit…Fantoches
Pitoyables entre ses mains aux gestes caressants
Mêlez vos corps et vos âmes – l’heure est proche

Où précédée de violes se pâmant en longs pleurs
La mère viendra…La mère aux entrailles vides.
…Déjà le jour pâle qui réchauffe vos dernières ardeurs
Joue sur la blancheur de son front sans rides.

 

 

 

 

 

 

 

 

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merci à Laureen pour la technique !
merci à Laure-Anne Darras qui a créé notre générique…
http://soundcloud.com/les-arpenteurs-poetiques/generique-de-lemission-les-arpenteurs-poetiques

 

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