Les arpenteurs poétiques – « Mères », Estelle Fenzy et Julien Bucci

Les arpenteurs poétiques – « Mères », Estelle Fenzy et Julien Bucci

Diffusion : Jeudi 28 avril 2022 à 19h15
Rediffusion : Dimanche 1er mai 2022 à 11h
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une émission préparée par Coralie Poch
avec la participation de Noée Maire, Laurence Bourgeois et Serge 
Vaute-Hauw

sommaire
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> « Mères »
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halte poétique ‘les échappées obliques’
par Laurence Bourgeois : Giuseppe Penone et Juan Gelman
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halte poétique ‘le petit marché’, les coups de cœur des arpenteurs

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« Mères »

Lecture croisée d’extraits des recueils
Mère d’Estelle Fenzy et Prends ces mots pour tenir de Julien Bucci.
Une lecture en miroir d’extraits de deux textes forts qui évoquent la figure maternelle.
Le premier, c’est Mère, d’Estelle Fenzi, qui plonge au coeur, au corps du vivant et tente de dire ce que c’est d’être mère. Ce sont des textes qui parlent depuis l’intérieur et sont reliés par cette affirmation : Je suis mère.
En miroir, viennent les mots de Julien Bucci, tous extraits de son recueil Prends ces mots pour tenir. Des mots adressées à sa mère, des mots qui parlent de la douleur, de la maladie, du rapport au langage, du lien d’un fils à sa mère, de la vie qui va se finir.
Une boucle qui s’ouvre sur la naissance et se ferme sur la mort imminente de la mère. Deux textes qui évoquent chacun à leur manière ce lien premier et fondateur : celui celui de la mère à l’enfant, de l’enfant à sa mère. Ces deux textes sont édités par La boucherie littéraire. http://laboucherielitteraire.eklablog.fr

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Estelle Fenzy

J’ai découvert le recueil d’Estelle Fenzy à Sète, il y a quatre ans. Depuis, je n’ai cessé de le faire passer de mains en mains, à des amies, des jeunes mamans. C’est un livre qui parle au coeur, un recueil qui porte une vérité dans son corps et qui explore, à fleur de peau, au plus près du coeur et du ventre, au fil des jours, ce que c’est : d’ être mère. En le lisant j’ai eu le sentiment de me sentir comprise, de me sentir chez moi à l’intérieur des mots. 

« Estelle Fenzy est née en 1969. Elle a vécu longtemps près de Lille, plusieurs années à Brest. Actuellement, elle habite Arles où elle enseigne dans un collège de la ville.
Elle écrit depuis 2013, des poèmes et des textes courts. Au rythme de la vie, dans la vie. Son écriture repose autant sur l’autobiographie (Chut, à La Part Commune, ou Gueule noire et Amoureuse ? à La Boucherie Littéraire) et le réel (le drame des migrants, dans Eldorado Lampedusa, aux éditions Pourquoi viens-tu si tard ?) que sur l’imaginaire, le conte (Par là, chez Lanskine), des versants opposés mais complémentaires qui alternent dans son travail. Quels que soient la forme et le thème, elle s’attache au dépouillement, fuit le mot de trop, le superflu, l’effet joli qui éloigne de l’essentiel. » (extrait de Terre à ciel.) 

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un poème extrait de Mère

« Parfois, je me dilue dans les eaux de lessives. Transparente dans le paysage.
Devant la glace, c’est tout mon corps qui recule. Je ne me ressemble plus. Détourne les yeux . Chercher un rivage où les poser pour exister. 

Enfants rentrant de l’école. Portée heureuse, sautillante. Bouches débordant de fruits, jus sucré au menton.
De leurs griffes de chatons ou de framboisiers du jardin, je ne sais ce qui accroche mes jupons.
Leur joie vraie de m’étreindre me replace au centre de ma vie. »

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bibliographie  

  • Chut(le monstre dort), La Part Commune (2015)
  • Sans, La Porte (2015)
  • Rouge vive, Al Manar (2016)
  • Juste après, La Porte (2016)
  • L’entaille et La couture, Henry (2016)
  • Le papillon, Petit Flou (2017)
  • Mère, La Boucherie Littéraire (2017), Prix de poésie René Leynaud 2018
  • Par là, LansKine (2018)
  • Mon corps c’est ta maison, La Porte (2018)
  • Poèmes western, LansKine (2018)
  • La minute de l’aube, La Part Commune (2019)
  • Gueule noire, La Boucherie Littéraire (2019)
  • Coda (Ostinato), Les Lieux-Dits (2020), finaliste du Prix International de poésie de Montréal 2020
  • Le chant de la femme source, L’Ail des Ours (2020)
  • Eldorado Lampedusa, Pourquoi viens-tu si tard ? (2021)
  • Amoureuse ? La Boucherie Littéraire (2021)

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Julien Bucci

Julien Bucci, après avoir vécu 12 ans à Marseille, s’installe à Lille en 2007. Il y fonde la Cie Home Théâtre, une maison de mots dont le projet fondateur, consacré à l’oralité, se destine à inventer des médiations littéraires et des entre-sorts poétiques. Auteur et comédien, acteur de la lecture et animateur de l’écrit, Julien Bucci partage régulièrement sa passion de la langue et de la poésie pour de multiples publics. Il œuvre activement à sortir la poésie de sa clandestinité en investissant le médium de l’audio. Il est le créateur du « Serveur Vocal Poétique », service téléphonique gratuit permettant d’écouter à toute heure des poèmes au 03 74 09 84 24.

Vous  pouvez retrouver des poèmes et arpenter son site qui est très riche : http://www.litt-orales.fr/

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un poème extrait de Prends ces mots pour tenir

« un jour tu partiras
par pudeur dire partir
tu pourrais bien mourir un jour viendras tu meurs 

je pourrais partir avant toi
je peux mourir au prochain mot 

je ne sais pas
ce qui m’arriverait si tu mourrais 

tu es vivante quand j’écris tu n’es pas dans la pièce
à l’instant où
j’écris 

je ne te vois presque plus il faut que je t’appelle que je t’entende
pour m’assurer 

que tu peux encore 

me parler 

les mots que tu me donnes te font vivante 

tu pourrais être morte
il n’y aurait plus de mots
tu ne répondrais plus
à mes appels »

Prends ces mots pour tenir, Julien Bucci, éditions La boucherie littéraire.

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le site de l’éditeur

http://laboucherielitteraire.eklablog.fr

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halte poétique ‘les échappées obliques’
Giuseppe Penone et Juan Gelman

Avec Laurence Bourgeois, découvrons une œuvre par la voie des ondes et écoutons en résonance des mots de l’artiste ou d’un poète. Aujourd’hui c’est une sculpture de Giuseppe Penone, Tra.

Giuseppe Penone, Tra, 2008 Bronze, feuilles d’or -266,7 × 160 × 86 cm et 256,5 × 226 × 83,3 cm
« Ce qui m’intéresse, dit l’artiste, c’est quand le travail de l’homme commence à devenir nature » 

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poème Juan Gelman 

deux arbres attachés au même oiseau /volent
tout autour des planètes/ouvrent
leurs feuilles/leurs rosées/leurs témoins de toi/ tournent autour de la lune qui monte de la pensée/ 

l’arbrisseau de droite a l’odeur de tes mains de soleil/ celui de gauche appuie la tête sur tes seins/ maintenant te voilà les bras ouverts
pour que commence le sud/

Sèves pensées, Édition bibliothèque national de France
Vers le sud, et autres poèmes, Juan Gelman
L’Opération d’amour, © Gallimard 2006, traduit par Jacques Ancet,

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Un nid, album no sport, Rodolphe Burger
https://www.youtube.com/watch?v=m3KUCIHS0J4 

qu’est-ce donc que cette vie sous le mot

parler
se parler
comme on s’existe (…)

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halte poétique ‘le petit marché’

Noée Maire :

Contes du hasard et autres fantaisies 
a été réalisé par Ryusuke Hamaguchi (le réalisateur de Drive my car, lauréat de l’oscar du film étranger).
Les trois contes font en quelque sorte la démonstration du pouvoir évocateur de la parole ; ils le font de façon légère mais aussi bouleversante, à travers des portraits essentiellement féminins.

Laurence Bourgeois :
L’art de la joie de Goliarda Sapienza, éditions Le Tripode
Goliarda Sapienza  écrit comme  elle le sent sans contraintes, en s’affranchissant de toutes les barrières, morales comme littéraires – entremêlant les souvenirs à la pensée en cours, rêves éveillés désirs réalité. Un roman initiatique. Une écriture hypnotique.

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merci à Solène pour la technique !
merci à Laure-Anne Darras qui a créé notre générique…
http://soundcloud.com/les-arpenteurs-poetiques/generique-de-lemission-les-arpenteurs-poetiques

 

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