Diffusion : Jeudi 26 mai 2022 à 19h15
Rediffusion : Dimanche 29 mai 2022 à 11h
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une émission préparée par Noée Maire
avec la participation de Vincent Alvernhe, Jean-Marc Barrier et Serge Vaute-Hauw
sommaire
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> « Colline », de Jean Giono
> halte poétique ‘les échappées obliques’
par Laurence Bourgeois : Antoni Tapies et Zéno Bianu
> halte poétique ‘le petit marché’, les coups de cœur des arpenteurs
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« Colline », de Jean Giono
Les arpenteurs vous proposent une lecture condensée – et poétique ! – du roman de Jean Giono Colline publié en 1929.
Jean Giono, né en 1895 à Manosque d’un père cordonnier et d’une mère repasseuse, étudie en autodidacte, lit passionnément, et écrit dès 1911 à l’écart des mouvements littéraires. La première guerre mondiale est un traumatisme ; il en sort viscéralement pacifiste. Il rencontre un certain succès dès le premier roman, Colline, mais la période qui suit la deuxième guerre mondiale le voit mis à l’index pour ses écrits publiés dans des revues pro-allemandes (précisons qu’il n’a pas pour autant adhéré aux idées fascistes). Le Hussard sur le toit en 1951 lui fait retrouver le succès. Il meurt en 1970, dans la ville qui l’a vu naître, Manosque.
Dans les œuvres de Giono, où les éléments des paysages provençaux sont des personnages à part entière, les hommes sont décrits comme des plantes et tous les êtres, jusqu’aux pierres, animent un monde aussi terrible que beau. Ce roman tient place au hameau des Bastides blanches, que treize habitants font vivre au milieu des collines. Là, « Lure, calme, bleue, domine le pays, bouchant l’ouest de son grand corps de montagne insensible.
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un extrait de Colline
« Des vautours gris la hantent.
Ils tournent tout le jour dans l’eau du ciel, pareils à des feuilles de sauge.
Des fois, ils partent pour des voyages.
D’autres fois, ils dorment, étalés sur la force plate du vent.
Puis, Lure monte entre la terre et le soleil, et c’est, bien avant la nuit, son ombre qui fait la nuit aux Bastides. »
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Mais voilà que des événements inquiétants surviennent : les oiseaux se taisent, la fontaine cesse de couler, la petite Marie tombe malade, et le chat du malheur rôde… Janet, vieillard au seuil de la mort, semble tenir un rôle dans ce dérèglement. Il « déparle » comme disent les autres, éberlués et quelque peu effrayés à l’écoute de ses paroles. Par ses paroles, Janet fait advenir la vision d’un monde insoupçonné, et cruel. Comme ici :
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« Le crapaud qui a fait sa maison dans le saule est sorti.
Il a des mains d’homme et des yeux d’homme.
C’est un homme qui a été puni.
Il a fait sa maison dans le saule avec des feuilles et de la boue.
Son ventre est plein de chenilles et c’est un homme.
Il mange des chenilles, mais c’est un homme, il n’y a qu’à regarder ses mains.
Il les passe sur son ventre, ses petites mains, pour se tâter : C’est bien moi, c’est bien moi, qu’il se demande dans sa jugeote, et il pleure, quand il est bien sûr que c’est lui.
Je l’ai vu pleurer. Ses yeux sont pareils à des grains de maïs et, à mesure que ses larmes coulent, il fait de la musique avec sa bouche.
Un jour, je me suis dit : Janet, qui sait ce qu’il a fait comme ça, pour avoir été puni, et qu’on lui ait laissé seulement ses mains et ses yeux ?
C’est des choses que le saule m’aurait dites si j’avais su parler comme lui. J’ai essayé. Rien à faire. Il est sourd comme un pot. »
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halte poétique ‘les échappées obliques’
Antoni Tàpies et Zéno Bianu
Avec Laurence Bourgeois, découvrons une œuvre d’Antoni Tapies, Deux tas de terre (Dues piles de terra), avec des poèmes de Zéno Bianu.
Antoni Tàpies :
Dues piles de terra, 2001
Procédé mixte sur bois, 200 X 200cm
Fondation Tàpies, Barcelone
« Pour penser l’art, ou quoi que ce soit, le mieux sera toujours de nous tourner vers lui avec la pureté même de celui qui chaque matin découvre un monde nouveau. »
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sans lieu
sans mémoire
les stèles du vide
le suaire du ciel
ce qui s’abat
sur le corps du monde
sans lieu
sans pourquoi
les hautes nuées
de sang sombre
l’abandon recroquevillé
dans la lumière
Zéno Bianu
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musiques de cette halte :
Hans Zimmer : Dune Sketchbook Soundtrack | Moon over Caladan
https://www.youtube.com/watch?v=UB-h4dgpdLw
https://www.youtube.com/watch?v=hCrk71dbQpU
https://www.youtube.com/watch?v=9oXQ1q2TMpo
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les musiques de l’émission :
« Travelling », trio Zéphyr
https://www.youtube.com/watch?v=IGQrF7yyaug
« Soleil disparu », Trio Zéphyr
https://www.youtube.com/watch?v=gM6VrKQKSYg
« Il Pecoraro », Lou Uberto
https://www.youtube.com/watch?v=qtTFiZTeNrM
« Trevia », Sourdure »
https://www.youtube.com/watch?v=11-azxIAs5k
« Cotelon », Cocanha
https://www.youtube.com/watch?v=OX5Gir6YYf4
« Le chant des oiseaux », Rosemary Stanley et Dom la Nena
https://www.youtube.com/watch?v=MPiLH-yQFXs
« clavar cavar », Sourdure
https://www.youtube.com/watch?v=FdGkF8nlaSY
Symphonie n°6 en B mineur, Tchaikovski
https://www.youtube.com/watch?v=NfusWGFWMq8
« Three cycles perle » trio Zéphyr
https://www.youtube.com/watch?v=85jAIU8I8KM
« Noistra foira », Sourdure
https://www.youtube.com/watch?v=uEX88r-ILPw
«Oiseau », Tigre d’eau douce et Bertrand Belin
https://www.youtube.com/watch?v=kocgYHIApkc
« Arriba quemando el sol » de Rosemary Stanley et Dom la Nena
https://www.youtube.com/watch?v=PH5tNbiWUsA
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halte poétique ‘le petit marché’
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merci à Solène pour la technique !
merci à Laure-Anne Darras qui a créé notre générique…
http://soundcloud.com/les-arpenteurs-poetiques/generique-de-lemission-les-arpenteurs-poetiques