Les arpenteurs poétiques – Claude Esteban

Les arpenteurs poétiques – Claude Esteban

 
Diffusion : Jeudi 27 mai 2021 à 19h15
Rediffusion : Dimanche 30 mai 2021 à 11h
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une émission préparée par Jean-Marc Barrier
avec la participation de Noée Maire, Laurence Bourgeois, Vincent Alvernhe et Jean-Marc Barrier

sommaire
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> Claude Esteban
>
halte poétique ‘des étoiles et des chiens… 76 inconsolés’ : Pascal Comelade
textes de Thomas Vinau, une halte proposée par Vincent Alvernhe.
> halte poétique ‘les échappées obliques’, par Laurence Bourgeois :
Pommes dans l’atelier de Alberto Giacometti, et textes de Jean Genet
> halte poétique ‘le petit marché’, les coups de cœur des arpenteurs.
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Claude Esteban

Une voix qui accompagne, une figure aussi. Homme de solitude et de partages, poète,
traducteur, directeur de revue et de collections… Claude Esteban et ses textes existent avec la même force et une belle attention, une proximité à la vie

Empruntons ces mots très justes à Gil Pressnitzer : « Pour Claude Esteban, le partage des mots ne devait que nous rendre présents à l’étrangeté du monde, et à la proximité du vide (…) Ces titres nous le révèlent. Lui, « l’étranger devant la porte », a voulu prendre le risque d’entrer de l’autre côté – au risque du néant. Du presque rien.
La poésie de Claude Esteban est une route blanche.
Il y chemine en glanant les morceaux du vent.
Il fallait trouver la juste pierre au bon endroit, ainsi se présentent ses poèmes. »
Merci à Gil Pressnitzer pour ces lignes.

Et dans un recueil comme Conjoncture du corps et du jardin, il révèle une autre couleur, très sensuelle.

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un poème  

Une femme a souri
dans son sommeil et dehors
le premier oiseau commence à dire
que c’est l’aube et cette femme
bouge un peu, elle a des seins
qu’il faudrait caresser, je crois, pour
vivre encore, un peu
de temps encore et je suis
là, près d’elle, comme
une pierre et cette femme qui sourit existe au loin.

extrait de Le jour à peine écrit, Gallimard

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deux poèmes

Où suis-je pour t’aimer ? Tu vis plus loin que nous, parmi tes songes.
Laisse le souffle t’envahir. Je t’enlacerai avec lui.
Je te ploierai, fille sans nom, dans la fraîcheur des feuilles
qui frémissent. Toi, ton rire de matin rose, tes yeux amers.
Dénude-toi. Démembre-toi. je veux cette salive encore sous
ta langue. Toi, tes cavernes d’ombre, tes cils secrets.

Espace clair. je contemple. Je prends mesure. je m’accoutume
aux quatre angles de mon jardin. Il a grandi sans croire
à ses limites. Il est lui lentement, plus loin que lui.

extraits de Conjoncture du corps et du jardin, in Le jour à peine écrit, Gallimard

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pour découvrir un peu plus Claude Esteban

le voir et l’entendre :
https://www.youtube.com/watch?v=HzuA8ReCP_U

un bel article et sa bibliographie :
https://www.espritsnomades.net/litterature/claude-esteban-un-homme-entre-deux-langues-ou-lordre-donne-a-la-nuit/

suivre la page Facebook « Claude Esteban 1935-2006 »

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musiques  

Quest, in End to end, Barre Philips
La Bohème, in Imaginarium par Kevin Seddiki et Bijan Chemirani
Sous l’horizon, in Rivages, par Jean-Louis Matinier et Kevin Seddiki
Que Se Muere Que Se Muere , Rosalia et Raül Refree 
Intimo in Albores, par Dino Saluzzi
Anájikon,  Nils Mönkemeyer, William Youn, Minguet Quartett, Lucerne Academy Orchestra et Konstantia Gourzi
Media Luz par Jean-Marie Machado, Dave Liebman, Claus Stötter et le Quatuor Psophos
Goliath, par Woodkid
A Forest, par Alta Novo
Raised By Wolves, in Innocence, U2
Winter Rune, par Sinikka Langeland
Africa Blues, in Africa on the move

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halte poétique « 76 clochards célestes… ou presque » 
Pascal Comelade

Après le succès des 76 clochards célestes… ou presque, Thomas Vinau revient avec cette suite très attendue : Des étoiles et des chiens… 76 inconsolés – des portraits d’artistes décalés, abîmés, des inconsolés qui nous consolent. Ces destins extraordinaires sont présentés avec la sensibilité de Thomas Vinau, qui mêle fulgurance et écriture de l’intime. Ce sont des portraits teintés d’une poésie du quotidien, oscillant entre les caresses et les crocs, qui donne envie d’en savoir toujours plus sur ces artistes

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halte poétique « les échappées obliques »
Alberto Giacommeti : Pommes dans l’atelier | textes de Jean Genet

Laurence Bourgeois propose une escapade visuelle
et poétique un peu particulière :
percevoir par les ondes, en aveugle une œuvre picturale
et tout proches, des poèmes, en lumière obliq

L’atelier représenté ici est « la caverne-atelier » dans lequel Giacometti a aménagé en décembre 1926 à Paris. Malgré la petite taille et l’inconfort du lieu, il ne le quittera plus jamais.
L’atelier était à bien des égards la coquille de Giacometti, son autre moi, l’essence et le résidu ultime de son apport artistique, peut-être la plus importante et la plus totale de ses œuvres, en même temps qu’un reflet fidèle de son mode de vie spartiate, exigeant et tendu vers un seul but
A la question d’André breton — Qu’est-ce que ton atelier ?
Giacometti répond « Ce sont deux petits pieds qui marchent. »

En oblique dans la lumière du tableau laissons raisonner quelques textes de Jean Genet,
Aucun autre que Genet n’a aussi bien rendu compte de l’esprit qui régnait dans l’atelier mythique que l’artiste occupa pendant quarante ans. L’écrivain a prolongé ses visites et leurs conversations par un texte emblématique, parmi les plus beaux écrits sur le processus artistique. Il y décrit cette matrice de la création que constitue l’atelier.

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halte poétique « le petit marché »

Vincent Alvernhe > il y a 40 ans, Bob Marley disparaissait… redécouvrons Redemption song interprété par Johnny Cash et Joe Strummer

Jean-Marc Barrier > le recueil Sacrifice de Laurence Bourgeois et Ellie Davies, aux éditions La tête à l’envers, collection fibre.s, 6 euros.

Nous connaissons tous ces mélanges étonnants d’émotions que la vie place en nous et nos œuvres, et quand le tragique survient, cette acrobatie à vivre la désolation tout en étant du côté de la vie. Laurence Bourgeois est sur ce fil, et tente ici le plomb et l’or, le tissage qui réunit ; elle coule le tragique dans la saveur des mots, leur allant, leur suspens, leur moelleux. Ils se lient aux images d’Ellie Davies – une forêt qui prend l’arbuste sous son aile et une clairière enchantée comme une matrice… Une enfance,une famille apparaissent entre les branches.
Ecrire permet de dévorer ce qui nous dévore, disait Paul Gadenne. Au-delà, cela permet – malgré tout – de célébrer la vie et la beauté, les liens qui nous constituent, des joies profondes qui continuent de vivre en nous. Ici, une forme les manifeste, son charme, nourri des mystères, en nous les prolonge.

« l’eau de l’arbre
aux yeux de l’enfant
à peine né
encore collés de sève
sous l’écorce d’un frère »

commander le livret…
https://www.editions-latetalenvers.com

Noée Maire >  Djuru de Balaké Sissoko, qui a invité dans son album la chanteuse Camille, Feu Chatterton, Piers Faccini, etc.

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crédits photo : Michel Durigneux, X, Jean-Marc Barrier
merci à Solène pour la technique !
merci à Laure-Anne Darras qui a créé notre générique…
http://soundcloud.com/les-arpenteurs-poetiques/generique-de-lemission-les-arpenteurs-poetiques

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