Diffusion : Vendredi 9 décembre 10h
Rediffusion : Dimanche 11 décembre 19h15
C’est l’histoire d’un homme qui a 3 pères. Le premier, qui le voyait plutôt professeur de géographie, mais qui, sans en mesurer les conséquences, l’a confié à un ami vigneron. Le deuxième, cet ami en question, qui l’a emmené avec lui dans les vignes mais qui ne voulait surtout pas que ce fils quasi adoptif devienne vigneron. Le troisième, qu’il a rencontré grâce au bon coin, à qui il a acheté des vignes sans même aller les voir, qui lui a transmis son bébé et lui a permis de s’installer.
Sandro Trescol, la trentaine, vigneron à Causse-Veyran depuis deux ans, est le fruit de cette triple filiation. Il a fallu ces trois strates emmêlées, comme un sol vivant, pour que pousse le vigneron accompli et déterminé qu’il est aujourd’hui.
A croire qu’on n’en finit jamais de jouer au père et au fils. D’ailleurs c’est en pensant à ses enfants, au monde qu’il va leur laisser et dans lequel ils vont devoir grandir, qu’il a construit sa manière de travailler dont le fil à plomb est une sobriété radicale qu’il pratique depuis de nombreuses années, bien avant que cela devienne une injonction gouvernementale. Avant de consommer de l’énergie ou d’utiliser une machine, Sandro se demande si il ne peut pas faire autrement. Et le voilà qu’il encuve les raisins à la main, les foule avec les pieds, met en bouteille par gravité, démarche lui-même clients, cavistes et supermarchés, refusant d’envoyer son vin à l’autre bout du monde…
Il faut dire que l’énergie lui brûle les doigts. Ses pères ont dû lui bâtir une centrale interne, en ont fait un ogre, un peu punk un peu philosophe, un ogre qui bouffe la vie, tantôt avec gourmandise en cuisinant des repas gargantuesques qui s’étalent sur deux jours, tantôt avec rage, pour dénoncer l’absurdité du monde. Un ogre dont la radicalité n’a d’égale que la générosité.
En compagnie de Corine Escaffit (Cave Au Vin Vivant à Sète) et de Thierry Guichard (La Part de l’Ange à Valras-Plage)