Les arpenteurs poétiques – Carolyn Carlson

Les arpenteurs poétiques – Carolyn Carlson

 

Diffusion : Jeudi 24 février 2022 à 19h15
Rediffusion : Dimanche 27 février 2022 à 11h
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une émission préparée par Serge Vaute-Hauw
avec la participation de Noée Maire, Coralie Poch et Marion 
Burette-Lopez (voix anglaise)  

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> Carolyn Carlson
>
halte poétique ‘les échappées obliques’
de Laurence Bourgeois : une œuvre de Maria Helena Vieira da Silva, 
La bibliothèquetextes en écho de René Char.
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halte poétique ‘le petit marché’, les coups de cœur des arpenteurs

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Carolyn Carlson

Si l’on connaît la renommée internationale de Carolyn Carlson en tant que danseuse, chorégraphe, il est probable qu’on la connait moins en que poète, et pourtant c’est la poésie qui l’anime corps et âme dans son art. Son arrivée en France dans les années soixante-dix, va donner un nouveau souffle à la dance contemporaine.
Ses ballets d’une grande modernité tant sur le plan visuel, musical, de l’expression corporelle entraînent le spectateur dans un poème exulté par le mouvement, une approche sensible et sculptée de l’espace…

Si Carolyn Carlson se définit avant tout comme une poétesse visuelle, elle l’est aussi à travers la calligraphie qui illustre ses poèmes. Cette émission qui lui est consacrée se penche un peu plus sur son écriture poétique, ici nous allons au-delà de la peau, elle nous soumet à son intériorité, nous élève par l’humanité, l’universalité, la spiritualité qui s’en dégage.

Serge V-H

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quelques poèmes courts 

Comment nommer
le brin d’herbe qui se lève
seul parmi la multitude
infinie des âmes
toutes avides du même soleil

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Se souvenir
de soi-même comme d’une larme
dans l’immobilité de l’air

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L’intention c’est l’action de mon corps
la mémoire c’est la demeure de mon âme
la création c’est mon cœur agrandi

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Les idées naissent
comme des oiseaux
et des nuages
qui volent et se dispersent
en d’autres de nos métamorphoses

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liens

Compagny Carolyn Carlson : http://carolyn-carlson.com/

Ballet The Treehttp://www.youtube.com/watch?v=ODpmCsZ3m0M&t=99s

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halte poétique ‘les échappées obliques’
Maria Helena Vieira da Silva, 
La bibliothèque.
Textes en écho de René Char.

Avec Laurence Bourgeois, découvrons
une œuvre par la voie des ondes
et écoutons en résonance
des mots de l’artiste ou d’un poète/

Aujourd’hui c’est une sérigraphie
de Maria Helena Vieira da Silva,
La bibliothèque.

 

• Vieira da Siva, la bibliothèque 1959, Sérigraphie
• Dimensions de l’image 35,0 x 45,0 cm / 13.8 x 17.7

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Maria Helena Vieira da Silva

« Depuis quarante ans, je cherche toujours la même chose, je ne l’ai pas trouvée. Je n’ai pas le droit de dire ce que je cherche. Il faut que cette chose précieuse fasse corps avec mon tableau et que l’on puisse la voir »

Un article dans cairn info, revue Sigila pour plonger dans l’univers, les espaces infinis de Vieira da Silva
https://www.cairn.info/revue-sigila-2011-2-page-113.htm

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René Char

L’éclair me dure.
La poésie me volera de la mort.
Enfonce-toi dans l’inconnu qui creuse. Oblige-toi à tournoyer.
Je ne puis être et ne veux vivre que dans l’espace et dans la liberté de mon amour.
Tout ce qui nous aidera, plus tard, à nous dégager de nos déconvenues s’assemble autour de nos premiers pas.
Ne te courbe que pour aimer. Si tu meurs, tu aimes encore.
Nous sommes écartelés entre l’avidité de connaître et le désespoir d’avoir connu.
L’aiguillon ne renonce pas à sa cuisson et nous à notre espoir.

Feuillets d’Hypnos, Fureur et mystère, René Char, nrf, poche Gallimard
Les matinaux, René Char, Collection Blanche, Gallimard

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L’autre bibliothèque de René Char,
de Vieira da Silva 18,5 x 10,7 cm,
encre et stylo-bille sur papier

 

https://www.centrepompidou.fr/fr/ressources/oeuvre/cgjrkyM

musiques :
Eliane Radigue, transamorem, transmortem ¬ https://www.youtube.com/watch?v=s8Tn0JN-pzM
Eliane Radigue, Kyema Intermediate States ¬ https://www.youtube.com/watch?v=rkhIIKe0ju8
Laura Cahen, la complainte du soleil ¬ https://www.youtube.com/watch?v=Pwr3HE2lk78

 

 

 

 

 

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halte poétique ‘le petit marché » 

La panthère des neiges, film de Marie Amiguet et Vincent Munier.

Sauvagines, un roman de Gabrielle Filteau-Chiba aux éditions Stock.

Pas ici, pas maintenant de Erri de Luca. Publié en italien en 1989
et en version traduite chez Gallimard en 2008.
un extrait :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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crédits photo : X
merci à Maureen pour la technique !
merci à Laure-Anne Darras qui a créé notre générique…
http://soundcloud.com/les-arpenteurs-poetiques/generique-de-lemission-les-arpenteurs-poetiques

 

Les arpenteurs poétiques – Herberto Helder

Les arpenteurs poétiques – Herberto Helder

Diffusion : Jeudi 27 janvier 2022 à 19h15
Rediffusion : Dimanche 30 janvier 2022 à 11h
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une émission préparée par Jean-Marc Barrier
avec la participation de Leila Laghribi, Coralie Poch, Vincent Alvernhe et Serge
Vaute-Hauw

sommaire
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> Herberto Helder
>
halte poétique ‘je te poème’
entretien de Jean-Marc Barrier avec Adeline Miermont-Giustinati
>
halte poétique ‘le petit marché’
les coups de cœur des arpenteurs

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Herberto Helder

Les arpenteurs poétiques ont déjà évoqué quelques merveilleux poètes portugais.  Après Antonio Ramos Rosa, Eugenio de Andrade, et Luiza Neto Jorge, nous voici auprès de Herberto Helder. 

Dans esprit nomades, Gil Pressnitzer nous dit « Libre, fondamentalement libre, refusant les prix  et les embrigadements littéraires, les interviews, Herberto Helder est un astre noir et étrange dans la poésie européenne. (…) Il n’est qu’une ombre, car il se veut secret, il demeure irradiant par ses poèmes échevelés, sorte de cosmogonies de mondes baroques, débordants, violents. Sa voix est unique, complexe, cinglante. Elle est l’invitation au voyage, au voyage en utopie. Le lire est une stupeur  calcinante (… ) sa poésie envoûte, elle invoque. »

Il y a un cosmos dans chaque phrase, parle-t-on d’une femme, il y a de l’or, des porcelaines, et toujours la flamme. Ecrit-il sur une pierre, et elle sera plus que pierre, et l’on trouve dans ses textes tous les organes, toutes les matières, le basculement du ciel – et des poumons d’éponges… Un art du mélange où des frontières mentales ou phsysiques s’abolissent dans le mouvement émotionnel. Comment rendre l’extraordinaire ordinaire de la vie si ce n’est en
se rendant perméable et organiquement lié au grand Tout ?

Herberto a grandi sur l’île de Madère. En 1946, il a 16 ans et part vivre à Lisbonne. Il écrit des poèmes, son premier recueil L’amour en visite est publié quand il a 28 ans. Après avoir été imprégné par le surréalisme, Helder se lance au milieu des années 1960 dans l’avant-garde de la poésie portugaise avec la revue Cadernos de Pœsia Experimental, dont il dit : « À travers ces écrits de poésie expérimentale, nous prenons
la responsabilité de dire que les choses et les événements, chargés d’une énergie ambiguë, stimulent dans la conscience humaine une liberté expérimentale qui s’exprime de manière polyvalente… en
faisant des expériences sur les écarts et les ajustements entre le réel et l’imaginaire. ».

Plus tard, Herberto Helder a tenu à rassembler ses poèmes dans un seul corpus qu’il a nommé le poème continu.  

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un poème  

Tu viens toute parfumée sous le vent qui se lève
du côté splendide des orangers.
Pressentant dans le noir ta naissance, le bout de mes doigts
étincelle.
Tu me brûlais à la racine des ongles.
Et la brûlure remontait l’avant-bras et le bras
jusqu’à mon cœur perdu. Moi – parfumé,

brûlé de l’intérieur : un lien lacé par l’odeur
transposée, l’air phosphorique, un arbre
dans la crue 
nocturne. Tout en moi-même soudain
ramené vers son
centre. Quand cette poche de sang tournoyait
au seuil de l’ouverture
prodigieuse.

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liens

> voir sur le site esprit nomades
https://www.espritsnomades.net/litterature/herberto-helder-le-deluge-du-langage-la-transe-du-poeme/

voir sur YouTube des vidéos avec la voix de Herberto Helder

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à découvrir

ces deux livres magnifiques aux éditions Chandeigne
Le poème continu de Herberto Helder (coédition avec la Fondation Camoes)
La poésie du Portugal, vient de paraître, une somme…
(et à Paris découvrir la librairie Chandeigne et le fonds lusitanien exceptionnel de cet éditeur).
https://editionschandeigne.fr

 

 

 

 

 

 

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halte poétique ‘je te poème’ : Adeline Miermont-Giustinati


Jean-Marc Barrier a rencontré Adeline Miermont-Giustinati, qui évoque son rapport à l’écriture et au monde, et nous lit quelques poèmes.

Poète en mouvement, expérimentant les formes, les sens, la pensée, la mémoire à partir de la « pâte-mot », le corps parcouru de mots, la traversée des mots dans le corps, j’écris un peu, beaucoup, passionnément, pas du tout, selon les saisons, les naissances, les flux et reflux des éléments de vie, environnants, paysages mouvants, intérieurs et extérieurs. J’écris la rencontre des choses et des êtres. J’écris la tectonique des plaques. J’écris la collision des vagues. J’écris la timidité des cimes.

https://sumballein.wordpress.com/ 

Sumballein (éditions Phloème)

« Sumballein : transcription française du grec ancien Σύμβα λλειν que l’on peut traduire par « jeter ensemble », « mettre ensemble », « assembler » , « réunir ». Dans l’Antiquité, deux personnes qui passaient un contrat cassaient un morceau de poterie. Chacun gardait un bout. Quand les contractants se revoyaient, ils lançaient leurs fragments de tessère respectifs (les sumbola) afin de se reconnaître. Terme à l’origine du mot symbole.
Nous avons écrit ensemble. Nous étions deux. Au moins. Nous avons jeté nos oripeaux, nos vieilles carcasses, et celles pas encore nées. C’est nous que nous avons jetés. Nous-mêmes. Nous nous sommes jetés. À corps perdus. Dans le tunnel. Dans le passage. Dans la forêt. Dans la nuit. Dans le rêve et dans notre propre corps. Notre corps était le tunnel. Nos deux corps… »
https://www.editionsphloeme.fr/de-langue-française/oeuvres/sumballein/

Bibliographie:

De Chair et de chimères (La Bruyère, 2007)
Entre les côtes de Mehen illustrations Émeline Sourget (Sélénites², 2013)
Incises, livre d’artiste, gravures Thierry Tuffigo (CMJN, 2016)
Sumballein, (Tarmac, 2018; Phloème, 2021)
revues : FPM, Cabaret, Lichen, Les Impromptus, Méninge, Salade, Pojar, Météor
> anthologies :
Traverser (2019), Vivant(e)s (2021) (l’Aigrette)
Rage écarlate (Folazil, 2020)

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musiques de l’émission  

Kalduk – Isabelle Courroy, Confluences#1
Silent transformation – Yom & 王力 in Green Apocalypse
Earthen Straints – Kyriakos Kalaitzidis in Exil/Exile
Foi Deus – Hoje
Silent transformation (prologue) – Yom & 王力 in Green Apocalypse
Séparation – Kyriakos Kalaitzidis in Exil/Exile
Cloud Whereabouts – Fourcolour, in Curtain
Fado Portugues –
Hoje
Misty Weather – Kyriakos Kalaitzidis in Exil/Exile
Gaivota –
Hoje
Strings – Fourcolour, in Curtain
El Grito –
Hoje
Clear rain, pluie transparente – Kyriakos Kalaitzidis in Exil/Exile

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crédits photo : X, JM Barrier pour le portrait de Adeline Miermont-Giustinati
merci à Solène pour la technique !
merci à Laure-Anne Darras qui a créé notre générique…
http://soundcloud.com/les-arpenteurs-poetiques/generique-de-lemission-les-arpenteurs-poetiques

Les arpenteurs poétiques – Andrée Chedid

Les arpenteurs poétiques – Andrée Chedid


Diffusion : Jeudi 23 décembre 2021 à 19h15
Rediffusion : Dimanche 26 décembre 2021 à 11h
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une émission préparée par Coralie Poch
avec la participation de Leila Laghribi, Noée Maire, Vincent Alvernhe et Serge
Vaute-Hauw

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> Andrée Chedid
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halte poétique ‘je te poème’
entretien de Jean-Marc Barrier avec Thierry Pérémarti
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halte poétique ‘le petit marché’
les coups de cœur des arpenteurs

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Andrée Chedid

« Je veux garder les yeux ouverts sur la cruauté du monde mais aussi célébrer la vie et tout ce qui aide à parier sur l’avenir »

Andrée Chédid est née en 1920, au croisement de plusieurs cultures. Elle a grandit au Caire dans trois langues : l’arabe, le français et l’anglais. Outre son œuvre romanesque, ses nouvelles et son théâtre, Andrée Chédid laisse derrière elle, une œuvre poétique immense qui a été récompensée par de très nombreux prix.

Sa poésie profondément humaniste appelle toujours à l’amour, à la fraternité, à la rencontre. Ce qui ne l’empêche pas de voir et de dire avec beaucoup de lucidité les souffrances et les horreurs de ce monde. Du début à la fin de son œuvre, elle crie l’espoir et la nécessité d’une  entente entre les hommes. Elle n’a de cesse de nous dire combien la vie est précieuse et combien il faut la vivre « au plus haut ». Persuadée qu’on ne peut vivre « pleinement qu’adossé à la mort » sa poésie réunit les contraires. Hantée par l’image du visage humain, elle cherche, au-delà des différences, l’universel qui rassemble. 

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un poème  

Jeunesse qui t’élances
Dans le fatras des mondes
Ne te défais pas à chaque ombre
Ne te courbe pas sous chaque fardeau
Que tes larmes irriguent
plutôt qu’elles te rongent
Garde-toi des mots qui dégradent
Garde-toi du feu qui pâlit
Ne laisse pas découdre tes songes
Ni réduire ton regard
Jeunesse entends-moi
Tu ne rêves pas en vain. 

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liens

à voix nue, un cycle de 5 émissions sur France Culture, rencontre avec Andrée Chédid animée par Catherine Pont-Humbert.
(les extraits sonores avec la voix d’Andrée Chédid sont extraits de cette émission). 

https://www.franceculture.fr/emissions/voix-nue/andree-chedid-15-hommage. 

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halte poétique ‘je te poème’ : Thierry Pérémarti

Jean-Marc Barrier a rencontré Thierry Pérémarti, qui évoque son rapport à l’écriture et au monde, et nous lit quelques poèmes.

Thierry Pérémarti, né en 1957, s’est voué à deux passions. Celle des mots, en tant que poète, auteur, traducteur ou correcteur d’épreuves ; et celle de la musique, comme journaliste, critique, ou consultant pour le numérique et l’écoute en continu. Originaire de Bordeaux, il n’a vécu que dans les grandes villes. Paris, New York, Los Angeles. Naturalisé américain après avoir immigré aux États-Unis en 1985, il réside aujourd’hui à Dallas, au Texas. Son premier recueil de poésie fut publié en 1976.

Ses livres :

Présence éveillée des fissures suivi de Enonciation du vide
éditions Abordo, 2019 ¬ Préface de Jacques Josse
« Dans le cas de Thierry Pérémarti, l’expression de la douleur l’inscrit d’emblée dans une pensée haute : l’évidence de la survie contraint cette douleur-là, vive, insupportable, à se muer en peine profonde, définitive. Au sentiment d’écartèlement entre le vide présent et l’intensité de la présence perdue, succèdent, par degrés, la conscience du néant de l’homme face à l’immuabilité des éléments du monde, puis une poignante humilité devant la mort. Images soutenues, abstraites, brisures de la phrase soulignées par la disposition typographique dans le blanc de la page soulignent un cheminement poétique obstiné vers la difficile acceptation de l’impermanence. Ainsi l’exigeante écriture de Pérémarti révèle-t-elle son attachement à une modernité conçue comme tension entre fermeté formelle et vérité propre. »

Visiting Jazz – Quand les jazzmen américains ouvrent leur porte
éditions Le mot et le reste, 2009 ¬ préface de Alex Dutilh
« Thierry Pérémarti a animé pendant dix ans, la rubrique « At home with… » pour Jazzman. L’idée consistant à rencontrer à leur domicile d’importants acteurs de l’histoire du jazz, Visiting Jazz regroupe quelques dizaines de ces entrevues menées sur les côtes ouest et est des États-Unis. Grâce à ces interviews accompagnées des photos prises par l’auteur, vous pourrez ainsi rencontrer sur le seuil de la porte, dans un canapé ou en chaussettes, les grands noms du jazz : Gato Barbieri, Ray Ellis, Chico Hamilton, Freddie Hubbard, Michel Petrucciani, Pharoah Sanders, Lalo Schifrin, Joe Zawinul… »

L’Absence intérieure
éditions Gros textes, 2018
« Suis-je la trouée aveugle / qui appelle / à soi la lumière / ce cliquetis d’étoiles / la horde fluette / porteuse de toute une histoire / ou le vœu du désert / à qui veut bien l’entendre / et si à jamais / tu étais sertie / dans ce recoin / moléculaire de mon corps / toute entière abrupte / dans mes encoches / respirantes / je n’oublie rien des ruines / à moi tout seul je suis / la surdité du ciel. »

à paraître en janvier 2022 :

Bout portant 
avec des photographies de Dimitris Gavalas
éditions la tête à l’envers, collection fibre.s

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halte poétique ‘le petit marché’ : Compartiment n°6

 

Noée Maire nous parle de ce film (Hytti Nro 6) germano-estono-russo-finlandais réalisé par Juho Kuosmanen.
C’est l’adaptation du roman du même nom paru en 2011 de l’écrivaine finlandaise Rosa Liksom.

 

 

 

 

 

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musiques de l’émission  

The feeling begins – Peter Gabriel
https://www.youtube.com/watch?v=yvjA25SPsK8

Wait by the water – Piers Faccini
https://www.youtube.com/watch?v=5vH19r7DPqE

Je dis M – Matthieu Chédid
https://www.youtube.com/watch?v=6hV-UnrC9tU

Manitoumani – Mathieu Chédid, Toumani Diabate, Fatoumata Diawara
https://www.youtube.com/watch?v=S7q5CXiwsME

Bonobo – Matthieu Chédid
https://www.youtube.com/watch?v=mgkMkxfq3lE

Saycet, Dont’ cry little girl

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crédits photo : X, Monard Nichols pour le portrait de Thierry Pérémarti
merci à Solène pour la technique !
merci à Laure-Anne Darras qui a créé notre générique…
http://soundcloud.com/les-arpenteurs-poetiques/generique-de-lemission-les-arpenteurs-poetiques

Les arpenteurs poétiques – Ana Brnardić

Les arpenteurs poétiques – Ana Brnardić

Diffusion : Jeudi 25 novembre 2021 à 19h15
Rediffusion : Dimanche 28 novembre 2021 à 11h
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une émission préparée par Jean-Marc Barrier
avec la participation de Noée Maire, Vincent Alvernhe et Serge 
Haute-Hauw

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> Ana Brnardić
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halte poétique ‘Chaque arbre celui de mon ombre’
entretien avec Noée Maire

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Ana Brnardić

Allons dans le monde boisé et singulier d’Ana Brnardić, qui sait conjuguer profondeur des ressentis, porosité des corps et petites réalités domestiques – dressant ainsi un tableau très vif et joyeusement déroutant de notre vibration au monde. Elle dessine une cartographie nouvelle d’émotions pourtant familières.

Ana Brnardić, jeune poète croate, vient d’être éditée en français par les éditions de L’Ollave, dans sa collection domaine croate – ils sont traduits par Brankica Radić et Vanda Mikšić. 

Ses textes, sa voix nous saisissent, comme de petits contes très intimes, allusifs ; ils dessinent une cartographie nouvelle d’émotions pourtant familières. Ce mélange épicé et doux, grave et léger ouvre un nouveau chemin poétique.

une poésie née du silence

Ana Brnardić est aussi violoniste professionnelle, elle nous écrit : « Il me semble qu’une bonne
partie de mon inspiration vient de l’écoute de toutes sortes de sons, d’une présence au monde sonore (…).Ce qui est le plus excitant pour moi actuellement, c’est le silence, le silence total – où tout peut advenir. Le silence, un silence tendu, avant le son le plus ténu, le plus fragile, imparfait, quelque chose entre le bruit et le son, qui émerge et naît dans une forme rythmique – mots, vers, phrases. »

née dans plusieurs langues

Et aussi : « Quand je pense à ma vie en écriture, je réalise que j’ai toujours eu le même point de départ, enraciné dans la nature… (sans intention préalable, la plupart des titres de mes livres comportent des noms d’animaux – serpents, oiseaux – ou d’arbres). C’est l’endroit où je me sens bien et duquel, à travers mes poèmes, j’ai pu aborder tout ce qui m’est important – grandir à la campagne, la guerre, les relations en famille, la maternité, la question du langage – ; tout cela est très politique, surtout dans mon pays. J’aime avoir grandi dans un pays, la Yougoslavie, où beaucoup de langues coexistaient, semblables mais différentes en syntaxe, en vocabulaire, nuances, phrasés… (ma grand-mère serbe habitait Zagreb, et parlait un mélange de serbe et de dialecte de Zagreb). C’est un bon départ pour un poète ! Car l’opinion règne parfois qu’il faut séparer drastiquement les langues, pour ne pas perdre ce que l’on nomme « notre identité », mais quel pauvre identité cela ferait !

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un poème  

Un arbre fortuit

Je suis un arbre, un arbre fortuit pour ma fille.
Elle me touche car je suis rugueux, car j’ai des racines
avec mes cinq orteils qui sortent de terre, pour ses petits pieds.
Mes yeux sont disposés sur des feuilles, 
frémissent dans le vent
et suivent leur fille du regard.

Les filles sont des planètes ardentes et dès que les fleurs
se redressent le matin dans leur lit, ces planètes brûlent déjà entre les pétales.

Les arbres ne connaissent pas la manière
qu’ont les filles de t’aimer et de t’adopter. Ils ne font que suivre de leurs feuilles
les boules de feu qui descendent le long des tiges,
dégringolent les pentes jusqu’au ruisseau gelé, dans une nuée de petites mains.

Ma mère aussi est un arbre fortuit.
Je me lève le matin, je prépare un café
et avec ma tasse je marche sur ses racines
dans lesquelles les trains se sont éteints,
les pensées refermées, seuls deux brins d’herbe ont frémi.
Mes pieds font de la musique sur des touches froides
et je sais que c’est un bonheur ordinaire et doux.

extrait de Devant toi le jour, éditions de l’Ollave
traduction Vanda Mikšić et Brankica Radić

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le livre


« Devant toi je jour », de Anna Brnardić

vient de paraître en français aux éditions de L’Ollave,
dans la collection Domaine croate, dans une traduction de Brankica Radić et Vanda Mikšić.

Ana Brnardić écoute le monde avec une oreille musicale. Ces poèmes-partitions superposent des époques de vie, les épreuves initiatiques d’une femme, l’expérience de la nature et de l’écriture, les sons les plus infimes, les pulsations, les vibrations, la respiration.

Un livre de 62 pages, au format 15 x 21 à la française, avec un portrait photographique de l’auteure. Un choix de poèmes traduits par Vanda Mikšić, Brankica Radić.
13 euros + 4 euros de frais d’envoi | ISBN: 979-10-94279-32-8

> commander le livre : http://www.ollave.org

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écouter un poème en croate, lu par l’auteure

https://soundcloud.com/les-arpenteurs-poetiques/des-marais-par-ana-brnardic

 

 

 

 

 

 

> quelques liens vers son travail : https://hrvatskodrustvopisaca.hr/hr/clanstvo/clan/ana-brnardic

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musiques de l’émission  

They sink, Ólafur Arnalds
Armaine’s Song, Yamaneko
The Boss Bossa-Nova, Sivert Høyem, in Lioness
Reminiscence, Ólafur Arnalds & Alice Sara Ott, The Chopin Project 
Mad Rush Organ, Philip Glass & Pantha du Prince, ReWork
RebirdRicardo Villalobos & Max Loderbauer, ECM
We did it, Thomas Dybdhal
ReemergenceRicardo Villalobos & Max Loderbauer, ECM
Strange daysAn Pierlé
Rehearsal, Andrey Dergatchev, ECM Selected Signs III-VIII

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parution : Chaque arbre celui de mon ombre », de Noée Maire

Chaque arbre celui de mon ombre — Éditions Musimot / 2021
14 cm X 16 cm / 72 pages — ISBN 979-10-90536-46-3 — Prix : 15 €

« Chaque ombre est celle de ma soif / chaque arbre celui de mon ombre — deux vers pour tenter de dire mon intimité avec les arbres. Ceux de mon pays sec, et tous les autres aux feuilles plus tendres. Arbres-corps, arbres-demeures (arbres demeurent), arbres aux mots lents. Car la parole se donne dans la terre où les racines, à la verticale du ventre / fécondent le temps du rêve.

Le recueil Chaque arbre celui de mon ombre s’ouvre sur un premier mouvement nommé « La Forêt mémorielle ». Là les strates de temps se mélangent en un langage où la nature tient place, avec ses éléments, ses lieux et ses sonorités. L’angoisse n’est pas loin mais l’enfant-biche qui fuit l’ogre éternellement nourrit à même le ventre ma force de petite ; et du feuillage consolateur je m’envole avec l’oiseau.
Dans la deuxième partie intitulée « Les longues noces » j’invente des visages d’amour inscrits, écrits, dans des paysages expressifs et sensuels où chaque instant porte tous les autres tout en cherchant à s’en affranchir.

J’ai voulu rassembler un chant où la joie et la beauté existent parce qu’elles sont aussi faites de nuit ; parce que les arbres et tous les êtres poussent droit entre terre et ciel. »

Noée Maire

« Dans une respiration commune, le corps et les arbres s’écoutent, se parlent. Forêt mémorielle. On la sent, elle nous environne du poids de ses ombres… On s’enfonce avec la femme-devenue, on capte des indices, et soudain la fraîcheur d’un mot nous saisit, caillou blanc parmi les fuites et la nuit des arbres. On entend les révoltes, le sursaut de l’être, la vie qu’elle gagne, résolument. On suit les cailloux blancs parmi les fougères émeraudes. Et vient un autre, son odeur d’homme, et les noces seront longues. La plante pousse droit en elle, de grands oiseaux apparaissent, l’intimité s’est trouvée dans la solitude, comme une renouée, pour que naisse la mémoire nouvelle – celle que l’on invente. Car bien sûr, c’est ailleurs que la vie nous appelle. Dans la maison de notre amour et de notre vivacité. Là où nous mène cette immersion sensuelle au pays des rythmes – suspens, rebonds, sonorités de sous-bois – avec des mots de sève, dans la liberté qu’on se donne. »

extrait de la préface de Jean-Marc Barrier

commander le livret…
http://musimot.e-monsite.com/pages/poesie/a-a-e/chaque-arbre-celui-de-mon-ombre.html
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remerciements à Adrian Oproiu pour avoir enregistrer la voix d’Ana Ana Brnardić
crédits photo : Nikola Kuprešanin, Jean-Marc Barrier
merci à Solène pour la technique !
merci à Laure-Anne Darras qui a créé notre générique…
http://soundcloud.com/les-arpenteurs-poetiques/generique-de-lemission-les-arpenteurs-poetiques

Les arpenteurs poétiques – Kae Tempest

Les arpenteurs poétiques – Kae Tempest


 
Diffusion : Jeudi 28 octobre 2021 à 19h15
Rediffusion : Dimanche 31 octobre 2021 à 11h
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une émission préparée par Vincent Alvernhe
avec la participation de Noée Maire, Jean-Marc Barrier
et Serge Vaute-Hauw

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> Kae Tempest
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halte poétique ‘son-poème-son’ : Quine Chevalier
> halte poétique ’76 clochards célestes ou presque’ : Gonjasufi
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Les arpenteurs poétiques – Samuel Beckett

Les arpenteurs poétiques – Samuel Beckett

Diffusion : Jeudi 23 septembre 2021 à 19h15
Rediffusion : Dimanche 26 septembre 2021 à 11h
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une émission préparée par Jean-Marc Barrier
avec la participation de Noée Maire, Laurence Bourgeois, Vincent Alvernhe,
Olivier Baltus et Serge Vaute-Hauw

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> Samuel Beckett
>
halte poétique ‘je vous écris’ : Michel Gendarme
> halte poétique ’76 clochards célestes ou presque’ : John Jacob Niles
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Les arpenteurs poétiques – Philippe Jaccottet

Les arpenteurs poétiques – Philippe Jaccottet

 
Diffusion : Jeudi 24 juin 2021 à 19h15
Rediffusion : Dimanche 1er juillet 2021 à 11h
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une émission préparée par Serge Haute-Hauw
avec la participation de Coralie Poch, Vincent Alvernhe et Jean-Marc Barrier

sommaire
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> Philippe Jaccottet
>
halte poétique ‘des étoiles et des chiens… 76 inconsolés’ : Erik Satie
textes de Thomas Vinau, une halte proposée par Vincent Alvernhe.
> halte poétique ‘le petit marché’, les coups de cœur des arpenteurs.
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Philippe Jaccottet

« Le poète de l’intime du dehors, de l’instant présent, de l’incertitude magnifique… »

Philippe Jaccottet poète, traducteur, écrivain, de nationalité suisse est né en 1925 à Moudon. Très tôt son enfance est marquée par l’écriture. Sa famille s’installe à Lausanne où il suivra des études de lettres à l’université. Il va faire une rencontre déterminante dans sa jeunesse avec le poète Gustave Roud, avec qui une importante correspondance sera échangée, et qui lui fera découvrir le romantisme allemand, ce qui l’incitera à traduire Hölderlin, Novalis, Rilke poètes qu’il affectionne.

Il s’installera à Grignan dans la Drôme en 1953 avec son épouse Anne-Marie Haesler artiste peintre, où il résidera jusqu’à la fin de sa vie, les paysages et les alentours de son village, sont très omniprésents dans l’œuvre du poète.

Jean Starobinski  écrira de lui dans une très belle préface consacrée à sa poésie :

« Le regard se porte alors vers le monde qui se tient devant lui. La réflexion à la première personne, qui prend ici sa source, n’est pas un monologue clos, ni un discours régi par les contraintes de la logique. Le mouvement reste celui d’un dialogue ; mais d’un dialogue intériorisé, et, si « fluide » et mélodieuse qu’en soit l’élocution, un inapaisement toujours en haleine empêche de rien tenir pour acquis. Car entre un terme et son opposé, entre le spectacle extérieur et la méditation intérieure, puis au sein de celle-ci, entre la parole de l’un et celle de l’autre, du doute et de son contradicteur, jamais ne cesse le débat d’un mouvement inquiet, d’une insatisfaction tenace, si ce n’est dans la pause ou la trouée miraculeuse, ou (à la faveur d’une extrême attention ou peut-être d’une souveraine distraction) soudain la cime est seule en vue, la lumière seule à parler : le temps fuyant d’un poème. »

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l’ignorant

Plus je vieillis et plus je crois en l’ignorance,
plus j’ai vécu, moins je possède et moins je règne.
Tout ce que j’ai, c’est un espace tour à tour
enneigé ou brillant, mais jamais habité.
Où est le donateur, le guide, le gardien ?
Je me tiens dans ma chambre et d’abord je me tais
(le silence entre en serviteur pour mettre un peu d’ordre),
et j’attends qu’un à un les mensonges s’écartent :
que reste t-il ? que reste t-il à ce mourant
qui l’empêche de si bien mourir ? Quelle force
le fait encore parler entre ces quatre murs ?
Pourrais-je le savoir, moi l’ignare et l’inquiet ?
Mais je l’entends vraiment qui parle, et sa parole
pénètre avec le jour, encore que bien vague :
« Comme le feu, l’amour n’établit sa clarté
que sur la faute et la beauté des bois en cendres… »

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Toiles, bois, pierres humides
pays poursuivi par l’eau,
comme la femme nocturne,
la beauté pluvieuse et chaude.

Forêt marine à l’aurore,
touffue et trempée de vent,
j’entre et je suffoque en toi.

Paresseuse comme l’huile,
mais l’huile devient lueur
brûle, murmure, jubile
dans la veilleuse en sueur.

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pour découvrir un peu plus Philippe Jaccottet

https://www.swissinfo.ch/fre/po%C3%A9sie-suisse_philippe-jaccottet–la-lumi%C3%A8re-pour-l-%C3%A9ternit%C3%A9/46409166

http://www.gallimard.fr/Contributeurs/Philippe-Jaccottet

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références bibliographiques  

Paysages avec figures absentes, éditions Gallimard 1997
Cahier de verdure suivi de Après beaucoup d’années, éditions Gallimard 1990|1994
Poésie 1946-1967, éditions Gallimard 2020
Tache de soleil ou d’ombres : notes sauvegardées 1925-2005, éditions Le bruit du temps 2013

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halte poétique ‘des étoiles et des chiens… 76 inconsolés’
Erik Satie

Vincent nous fait partager des portraits très enlevés et inspirés écrits par Thomas Vinau (éditions le Castor Astral). Une galerie de portraits d’artistes décalés, à la vie et au destin hors du commun. Ces textes d’hommage mêlent poésie du quotidien, souffle lyrique et humour. Vincent Alvernhe lie les textes à des extraits musicaux…

Des étoiles et des chiens… 76 inconsolés – des portraits d’artistes décalés, abîmés, des inconsolés qui nous consolent. Ces destins extraordinaires sont présentés avec la sensibilité de Thomas Vinau, qui mêle fulgurance et écriture de l’intime. Ce sont des portraits teintés d’une poésie du quotidien, oscillant entre les caresses et les crocs, qui donne envie d’en savoir toujours plus sur ces artiste

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halte poétique « le petit marché »

 

Jean-Marc Barrier > un livre : Un été prodigue de Barbara Kingsolver, Rivages poche
Très beau livre où se mêlent trois narrations prenant place dans la même montagne des Appalaches, des portraits magnifiques, un très beau style et le plaisir de sentir comment des êtres se transforment ou changent leur regard l’espace d’un été. Le rapport à la nature y est puissant, animal.

Serge Vaute-Hauw un auteur, des poèmes :  Jean Venturini
Dans la veine de Rimbaud Jean Venturini Outlines, l’unique recueil de poèmes de ce poète édité en 1939 à Casablanca et retrouvé dans la bibliothèque d’un sous-officier radio…Le poète de 19 ans a sombré dans un sous-marin en 1940 au large de la Tunisie. Une poésie sensuelle et de plein soleil à découvrir aux Editions Vaillant.

Poème extrait du recueil  : Les baisers

Les baisers des amants, sont des fleurs fanées…
– Cruel, le vent du désir effeuille
Leurs corolles lourdes de parfum surannés
Qu’elles courbent gémissantes dans les jardin en deuil.

Les baisers des amants sont tristes et meurent
Aux bord des lèvres humides, comme des soupirs.
Blêmes, sont qui ont joui de leur fades saveurs
Ecoutent bruire leur doux murmures de souvenir.

Oh aimez-vous ! Cueillez ces fleurs, l’amour grimaçant
Dans l’ombre vous observe et rit…Fantoches
Pitoyables entre ses mains aux gestes caressants
Mêlez vos corps et vos âmes – l’heure est proche

Où précédée de violes se pâmant en longs pleurs
La mère viendra…La mère aux entrailles vides.
…Déjà le jour pâle qui réchauffe vos dernières ardeurs
Joue sur la blancheur de son front sans rides.

 

 

 

 

 

 

 

 

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merci à Laureen pour la technique !
merci à Laure-Anne Darras qui a créé notre générique…
http://soundcloud.com/les-arpenteurs-poetiques/generique-de-lemission-les-arpenteurs-poetiques

 

Les arpenteurs poétiques – Claude Esteban

Les arpenteurs poétiques – Claude Esteban

 
Diffusion : Jeudi 27 mai 2021 à 19h15
Rediffusion : Dimanche 30 mai 2021 à 11h
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une émission préparée par Jean-Marc Barrier
avec la participation de Noée Maire, Laurence Bourgeois, Vincent Alvernhe et Jean-Marc Barrier

sommaire
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> Claude Esteban
>
halte poétique ‘des étoiles et des chiens… 76 inconsolés’ : Pascal Comelade
textes de Thomas Vinau, une halte proposée par Vincent Alvernhe.
> halte poétique ‘les échappées obliques’, par Laurence Bourgeois :
Pommes dans l’atelier de Alberto Giacometti, et textes de Jean Genet
> halte poétique ‘le petit marché’, les coups de cœur des arpenteurs.
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Claude Esteban

Une voix qui accompagne, une figure aussi. Homme de solitude et de partages, poète,
traducteur, directeur de revue et de collections… Claude Esteban et ses textes existent avec la même force et une belle attention, une proximité à la vie

Empruntons ces mots très justes à Gil Pressnitzer : « Pour Claude Esteban, le partage des mots ne devait que nous rendre présents à l’étrangeté du monde, et à la proximité du vide (…) Ces titres nous le révèlent. Lui, « l’étranger devant la porte », a voulu prendre le risque d’entrer de l’autre côté – au risque du néant. Du presque rien.
La poésie de Claude Esteban est une route blanche.
Il y chemine en glanant les morceaux du vent.
Il fallait trouver la juste pierre au bon endroit, ainsi se présentent ses poèmes. »
Merci à Gil Pressnitzer pour ces lignes.

Et dans un recueil comme Conjoncture du corps et du jardin, il révèle une autre couleur, très sensuelle.

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un poème  

Une femme a souri
dans son sommeil et dehors
le premier oiseau commence à dire
que c’est l’aube et cette femme
bouge un peu, elle a des seins
qu’il faudrait caresser, je crois, pour
vivre encore, un peu
de temps encore et je suis
là, près d’elle, comme
une pierre et cette femme qui sourit existe au loin.

extrait de Le jour à peine écrit, Gallimard

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deux poèmes

Où suis-je pour t’aimer ? Tu vis plus loin que nous, parmi tes songes.
Laisse le souffle t’envahir. Je t’enlacerai avec lui.
Je te ploierai, fille sans nom, dans la fraîcheur des feuilles
qui frémissent. Toi, ton rire de matin rose, tes yeux amers.
Dénude-toi. Démembre-toi. je veux cette salive encore sous
ta langue. Toi, tes cavernes d’ombre, tes cils secrets.

Espace clair. je contemple. Je prends mesure. je m’accoutume
aux quatre angles de mon jardin. Il a grandi sans croire
à ses limites. Il est lui lentement, plus loin que lui.

extraits de Conjoncture du corps et du jardin, in Le jour à peine écrit, Gallimard

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pour découvrir un peu plus Claude Esteban

le voir et l’entendre :
https://www.youtube.com/watch?v=HzuA8ReCP_U

un bel article et sa bibliographie :
https://www.espritsnomades.net/litterature/claude-esteban-un-homme-entre-deux-langues-ou-lordre-donne-a-la-nuit/

suivre la page Facebook « Claude Esteban 1935-2006 »

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musiques  

Quest, in End to end, Barre Philips
La Bohème, in Imaginarium par Kevin Seddiki et Bijan Chemirani
Sous l’horizon, in Rivages, par Jean-Louis Matinier et Kevin Seddiki
Que Se Muere Que Se Muere , Rosalia et Raül Refree 
Intimo in Albores, par Dino Saluzzi
Anájikon,  Nils Mönkemeyer, William Youn, Minguet Quartett, Lucerne Academy Orchestra et Konstantia Gourzi
Media Luz par Jean-Marie Machado, Dave Liebman, Claus Stötter et le Quatuor Psophos
Goliath, par Woodkid
A Forest, par Alta Novo
Raised By Wolves, in Innocence, U2
Winter Rune, par Sinikka Langeland
Africa Blues, in Africa on the move

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halte poétique « 76 clochards célestes… ou presque » 
Pascal Comelade

Après le succès des 76 clochards célestes… ou presque, Thomas Vinau revient avec cette suite très attendue : Des étoiles et des chiens… 76 inconsolés – des portraits d’artistes décalés, abîmés, des inconsolés qui nous consolent. Ces destins extraordinaires sont présentés avec la sensibilité de Thomas Vinau, qui mêle fulgurance et écriture de l’intime. Ce sont des portraits teintés d’une poésie du quotidien, oscillant entre les caresses et les crocs, qui donne envie d’en savoir toujours plus sur ces artistes

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halte poétique « les échappées obliques »
Alberto Giacommeti : Pommes dans l’atelier | textes de Jean Genet

Laurence Bourgeois propose une escapade visuelle
et poétique un peu particulière :
percevoir par les ondes, en aveugle une œuvre picturale
et tout proches, des poèmes, en lumière obliq

L’atelier représenté ici est « la caverne-atelier » dans lequel Giacometti a aménagé en décembre 1926 à Paris. Malgré la petite taille et l’inconfort du lieu, il ne le quittera plus jamais.
L’atelier était à bien des égards la coquille de Giacometti, son autre moi, l’essence et le résidu ultime de son apport artistique, peut-être la plus importante et la plus totale de ses œuvres, en même temps qu’un reflet fidèle de son mode de vie spartiate, exigeant et tendu vers un seul but
A la question d’André breton — Qu’est-ce que ton atelier ?
Giacometti répond « Ce sont deux petits pieds qui marchent. »

En oblique dans la lumière du tableau laissons raisonner quelques textes de Jean Genet,
Aucun autre que Genet n’a aussi bien rendu compte de l’esprit qui régnait dans l’atelier mythique que l’artiste occupa pendant quarante ans. L’écrivain a prolongé ses visites et leurs conversations par un texte emblématique, parmi les plus beaux écrits sur le processus artistique. Il y décrit cette matrice de la création que constitue l’atelier.

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halte poétique « le petit marché »

Vincent Alvernhe > il y a 40 ans, Bob Marley disparaissait… redécouvrons Redemption song interprété par Johnny Cash et Joe Strummer

Jean-Marc Barrier > le recueil Sacrifice de Laurence Bourgeois et Ellie Davies, aux éditions La tête à l’envers, collection fibre.s, 6 euros.

Nous connaissons tous ces mélanges étonnants d’émotions que la vie place en nous et nos œuvres, et quand le tragique survient, cette acrobatie à vivre la désolation tout en étant du côté de la vie. Laurence Bourgeois est sur ce fil, et tente ici le plomb et l’or, le tissage qui réunit ; elle coule le tragique dans la saveur des mots, leur allant, leur suspens, leur moelleux. Ils se lient aux images d’Ellie Davies – une forêt qui prend l’arbuste sous son aile et une clairière enchantée comme une matrice… Une enfance,une famille apparaissent entre les branches.
Ecrire permet de dévorer ce qui nous dévore, disait Paul Gadenne. Au-delà, cela permet – malgré tout – de célébrer la vie et la beauté, les liens qui nous constituent, des joies profondes qui continuent de vivre en nous. Ici, une forme les manifeste, son charme, nourri des mystères, en nous les prolonge.

« l’eau de l’arbre
aux yeux de l’enfant
à peine né
encore collés de sève
sous l’écorce d’un frère »

commander le livret…
https://www.editions-latetalenvers.com

Noée Maire >  Djuru de Balaké Sissoko, qui a invité dans son album la chanteuse Camille, Feu Chatterton, Piers Faccini, etc.

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crédits photo : Michel Durigneux, X, Jean-Marc Barrier
merci à Solène pour la technique !
merci à Laure-Anne Darras qui a créé notre générique…
http://soundcloud.com/les-arpenteurs-poetiques/generique-de-lemission-les-arpenteurs-poetiques

Les arpenteurs poétiques – Emily Dickinson / Dominique Fortier

Les arpenteurs poétiques – Emily Dickinson / Dominique Fortier

Diffusion : Jeudi 22 avril 2021 à 19h15
Rediffusion : Dimanche 25 avril 2021 à 11h
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une émission préparée par Vincent Alvernhe
avec la participation de Noée Maire, Coralie Poch et Serge 
Vaute-Hauw
et Elizabeth Boquet pour la voix anglaise (américain)

sommaire
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> Emily Dickinson / Dominique Fortier 
>
halte poétique ‘des étoiles et des chiens, 76 inconsolés’ : Emily Dickinson
textes de Thomas Vinau, une halte proposée par Vincent Alvernhe.
> halte poétique ‘son-poème-son, par Serge Vaute-Hauw : Coralie Poch
> le petit marché, coups de cœur des arpenteurs
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Emily Dickinson / Dominique Fortier

En 2020 a paru aux éditions Grasset, un livre de Dominique Fortier, Les villes de papier sous-titré Une vie d’Emily Dickinson. Une chance pour replonger dans l’univers de cette immense poète. Nous vous proposons ici de croiser ce livre etles poèmes d’Emily Dickinson.
« à partir des lieux où Emily vécut (…), Dominique Fortier a imaginé sa vie (…). D’âge en âge, elle la suit et tisse une réflexion d’une profonde justesse sur la liberté, le pouvoir de la création, les lieux que nous habitons et qui nous habitent  en retour. » (4e de couverture du livre)

Se répondent donc deux voix, plus celles des lecteurs, plus la voix américaine d’Elizabeth Boquet (que nous remercions) pour essayer modestement de rendre compte des textes d’Emily « dont la grâce saccadée n’a d’égale que celle des proses cristallines de Rimbaud » (Christian Bobin).

« C’est dans cette exquise répétition des choses, dans ce temps suspendu, qu’elle arrive, par éclairs, à saisir ce que murmure l’herbe et ce que souffle le vent. Il n’y a pas d’autre moyen de s’arrêter que de tourner exactement au même rythme que la Terre qui tournoie autour du Soleil, et de s’abandonner à ce vertige. » Elle se réveille souvent pour écrire les lettres qu’elle n’a pas pu rédiger pendant la journée. Elle compose des missives de dix, huit, sept lignes, infiniment légères, comme si elles étaient destinées à voyager à la patte d’un moineau.

Les villes de papier, une vie d’Emily Dickinson de Dominique Fortier
https://www.youtube.com/watch?v=LuhrlMOv7vc

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Dominique Fortier

C’est dans cette exquise répétition des choses, dans ce temps suspendu, qu’elle arrive, par éclairs, à saisir ce que murmure l’herbe et ce que souffle le vent. Il n’y a pas d’autre moyen de s’arrêter que de tourner exactement au même rythme que la Terre qui tournoie autour du Soleil, et de s’abandonner à ce vertige. » Elle se réveille souvent pour écrire les lettres qu’elle n’a pas pu rédiger pendant la journée. Elle compose des missives de dix, huit, sept lignes, infiniment légères, comme si elles étaient destinées à voyager à la patte d’un moineau.

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 poèmes d’Emily Dickinson
Emily Dickinson, poésies complètes, traduction Françoise Delphy

Nuits Sauvages —Nuits Sauvages !
Si j’étais avec toi
Ces nuits sauvages seraient
Notre luxe !
Futiles – les vents –

Pour un Cœur dans le port –
Finie la Boussole –
Finie la Carte !

Ramant dans l’Éden –
Ah – la Mer!
Si je pouvais jeter l’ancre –cette nuit

– En toi ! 

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C’était un Jour apparemment tranquille –
Rien de mal sur la terre ni dans le ciel –
Jusqu’à ce qu’à la fermeture du soleil
Se glissât égaré un Rouge accidentel
Une Teinte baladeuse, aurait-on dit
À l’ouest de la Ville –

Mais quand la Terre commença à bailler
Et que les Maisons disparurent en un rugissement
Et que la Nature Humaine se cacha
Nous comprîmes par l’Effroi
Comme les témoins de la Dissolution
Le Coquelicot dans le Nuage –

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Elizabeth Boquet


Poète belge-américaine, Elizabeth Boquet enseigne l’anglais
et traduit de français en anglais entre Caux et Lausanne.
Plus de trente de ses poèmes en anglais ont été publiés
dans diverses revues littéraires.
Son premier recueil de poésie, Galoshes, a été publié
en octobre 2020.

www.elizabethboquet.com

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musique de l’émission
Brian Eno, Thursday Afternoon
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halte poétique « des étoiles et des chiens, 76 inconsolés »
Emily Dickinson

Vincent nous fait partager des portraits très enlevés et inspirés écrits par Thomas Vinau (éditions le Castor Astral). Une galerie de portraits d’artistes décalés, à la vie et au destin hors du commun. Ces textes d’hommage mêlent poésie du quotidien, souffle lyrique et humour. Vincent Alvernhe lie les textes à des extraits musicaux… Après le succès des 76 clochards célestes… ou presque, Thomas Vinau revient avec sa suite très attendue : Des étoiles et des chiens, 76 inconsolés – des portraits d’artistes décalés, abîmés, des inconsolés qui nous consolent. Ces destins extraordinaires sont présentés avec la sensibilité de Thomas Vinau, qui mêle fulgurance et écriture de l’intime. Ce sont des portraits teintés d’une poésie du quotidien, oscillant entre les caresses et les crocs, qui donne envie d’en savoir toujours plus sur ces artistes

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halte poétique « son-poème-son »
Coralie Poch

Coralie Poch écrit des poèmes, son recueil Le bruit des cailloux
a été publié par La voix du poème en 2015.
Elle enseigne le français à Lodève, et verra cet automne 2021
naître son prochain recueil aux éditions la tête à l’envers.
Serge Vaute-Hauw nous la fait découvrir dans une ambiance
sonore qu’elle a choisie.

elle se tient là
la moi
à l’affut
dans sa robe presque oubliée
au milieu de ce qui va venir
avec les biches et les heures libres
ses pulls recouvrent presque l’hiver
je la laisse partir, la rivière avec mon lit
je marche sur les bois morts, les cornes cassées
la mue des vêtements qu’on enterre ou qu’on brûle après qu’on a laissé mourir l’amour en soi
un jour on se réveille :
le ciel n’est plus le même

le même n’est plus le ciel
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le petit marché

Noée Maire :
Le fascinant roman L’ancêtre de Juan Jose Saer nous immerge dans le récit et les réflexions de son narrateur du XVIe siècle revenant sur les événements de sa vie. A l’âge de 15 ans, une tribu amérindienne du Rio de la Plata l’a accueilli en son sein après avoir massacré tous les membres de l’équipage des trois vaisseaux les ayant menés jusque dans ces contrées sauvages. Les descriptions des paysages sont d’ailleurs extraordinaires, et la langue précise et évocatrice de Saer se fait profonde pour les nombreux passages réflexifs du livre.
un extrait :
« La petite lumière ténue qu’ils portaient en eux et qu’ils parvenaient à grand peine à maintenir allumée éclairait, malgré sa fragilité, de ses reflets changeants, le cercle incertain et obscur qu’était l’extérieur et qui commençait à leurs propres corps. Le vaste ciel ne les abritait pas, tout au contraire il dépendait d’eux pour pouvoir déployer, sur cette terre nue, sa fixité étoilée. »

 

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merci à Solène pour la technique !merci à Laure-Anne Darras qui a créé notre générique…
http://soundcloud.com/les-arpenteurs-poetiques/generique-de-lemission-les-arpenteurs-poetiques

Les arpenteurs poétiques – Cédric Demangeot

Les arpenteurs poétiques – Cédric Demangeot

Diffusion : Jeudi 25 mars 2020 à 19h15
Rediffusion : Dimanche 28 mars 2020 à 11h
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une émission préparée par Dani Frayssinet
avec la participation de Noée Maire, Laurence Bourgeois, Vincent Alvernhe et Jean-Marc Barrier

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> Il paraît qu’antimatière, de Cédric Demangeot
>
halte poétique ‘je te poème’ : Quine Chevalier
une halte proposée par Jean-Marc Barrier.
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