Les arpenteurs poétiques – Nelly Sachs

Les arpenteurs poétiques – Nelly Sachs


 
Diffusion : Jeudi 22 décembre 2022 à 19h15
Rediffusion : Dimanche 25 décembre 2022 à 11h
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une émission préparée par Serge Vaute-Hauw
avec la participation de Betty Duffour et Vincent Alvernhe

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> Nelly Sachs
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halte poétique ‘le petit marché’, les coups de cœur des arpenteurs

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Nelly Sachs

Nelly est une poétesse suédoise, qui est née à Berlin le 10 décembre 1891 dans une famille allemande assimilée juive de la grande bourgeoisie, elle y grandit, tourmentée, jeune fille sage, à la fois réservée et retranchée. En 1921, elle publie Légendes et récits avec l’aide précieuse de l’écrivain Stefen Zweig.
Elle quitte précipitamment l’Allemagne nazie avec sa mère en 1940, pour Stockholm où elle vivra jusqu’à la fin de sa vie, et écrira l’essentiel de son œuvre profondément marquée par la shoah, et qui affectera considérablement sa santé mentale.
A travers cette poésie qui témoigne, Nelly Sachs est une l’une des poétesses majeures du XXème siècle.
En 1946, paraît son premier recueil Dans les demeures de la mort qui évoque le souvenir, l’exil, la nuit.

Elle reçoit en le prix de la Paix du syndicat du livre allemand en 1965, et le prix Nobel de littérature en 1966, pour sa remarquable œuvre lyrique et dramatique qui relate le destin d’Israël.
En France, on doit la découverte de son œuvre Grace à Maurice Nadau.    

Enfin, une traduction entreprise depuis la fin du siècle dernier par Mireille Gansel et publiée par les éditions Verdier et regroupe en trois volumes l’ensemble des textes écrits de 1943 jusqu’à la disparition de la poétesse.

Les arpenteurs poétiques vous proposent d’écouter le chant lyrique de Nelly Sachs, qui cherche à s’élever vers la lumière, c’est une poésie du souvenir, un témoignage vibrant, une mémoire vive, ce sont des mots qui saignent, des êtres qui partent en fumée, des interstices où passe la lumière entre les lignes, et qui pourraient indiquer qu’il faut continuer de croire en l’homme, mais voici l’homme !

Nelly Sachs s’éteint le 12 mai 1970, quelques semaines après le décès de son ami Paul Celan.

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poèmes

Rêve qui pousse par-dessus le dormeur
saisie ainsi en des visions
nage la lettre de l’alphabet

Spirale ellipse cercle
nourrissons abreuvés de temps
membres morts
en tortures explosions guerres

ébranlés
de nouveau enracinés –
Je t’aime comme tous les nuages qui passent
comme tous les vents du monde –

Figure de ténèbres
bégayante cabrée dans l’effroi

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personna déchiffrant la poussière
sombres noms scellés puisés
aux fontaines
Oural – Tibet – pays malades d’occident
murmurants – migrants sur des linceuls –
pèlerins dans l’infinitude –
Enfers et ciels
charpentés pour la seule terre
puis blanches taches sans images
mendiants – fin de l’imagination – morts
Quelle douleur est suspendue à la Croix du Sud
Quels sont ces voyageurs des constellations
dans l’anneau de brouillard de la lyre
Sur quelle planète
le jeu d’Adam et Eve
à cache-cache avec Dieu –

Lettres des alphabets 

en quel lieu serez-vous encore manne quotidienne
sur quel Patmos stellaire
des tombes violées ?

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Si j’étais peintre, je peindrais la pierreté de la pierre. La roseté de la rose. L’humilité jusqu’au cœur des branches du saule, l’angoisse dans la toison fumante d’un chevreuil ; le dévouement est le nouveau pinceau. L’essence de la souffrance dans l’œil d’un poisson entre la vie et la mort. Payer les gorges écorchées. Un nouvel art sans nom ! Chacun donne les yeux fermés un bout de solitude. Il y en a bientôt assez pour le manteau qui dormira avec soin dans la tombe. Toutes les rivières s’en sont allées dans lesquelles on pouvait se jeter, à présent montrez-vous dignes de la mer, vous les larmes ! 

Poèmes extraits des recueils :

Eclipse d’étoile Nelly Sachs Éditions Verdier
Partage-toi, nuit Éditions Nelly Sachs Verdier
Et du livre :
Lettres en provenance de la nuit Nelly Sachs Éditions Allia  

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en savoir plus sur Nelly Sachs
https://www.espritsnomades.net/litterature/nelly-sachs-les-levres-et-les-paroles-contre-les-pierres-et-la-fumee/

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Musiques 
Maurice Ravel Kaddish
Le chant des Déportés ou des Marais
Sonia Wieder Atherton –Kaddish– Chants Juifs
Lowell Liebermann “Immer” from Six songs of Nelly Sachs, Op.14 (1985)

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halte poétique ‘le petit marché » 

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merci à Laureen pour la technique !
merci à Laure-Anne Darras qui a créé notre générique…
http://soundcloud.com/les-arpenteurs-poetiques/generique-de-lemission-les-arpenteurs-poetiques

 

Les arpenteurs poétiques – Luiza Neto Jorge

Les arpenteurs poétiques – Luiza Neto Jorge

Diffusion : Jeudi 24 novembre 2022 à 19h15
Rediffusion : Dimanche 27 novembre 2022 à 11h
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une émission préparée par Jean-Marc Barrier et Pierre Diaz

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> « Luiza ! Luiza ! », concert poétique
avec Jean-Marc Barrier (voix) et Pierre Diaz (saxophone, clarinette basse et électro)
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« Luiza ! Luiza ! », concert poétique

Luiza ! Luiza ! est une immersion sonore dans les poèmes  de Luiza Neto Jorge (1939-1989), femme et poète proche du surréalisme, qui a vécu un double exil entre Lisbonne et Paris. Elle a exploré de nouvelles formes, de nouvelles forces, et a produit une poésie brute, ardente, dans le langage du corps, d’un corps fragmenté qui se disloque et se recompose dans le corps même du poème.

Deux hommes relaient cette écriture puissante de la conscience féminine : Pierre Diaz et Jean-Marc Barrier créent ensemble un univers sonore où les mots et la musique se frottent, se nouent et se fraient leur passage – cristallin, tellurique ou méditatif –  et pénètrent bien au-delà de l’oreille.

Le poème nous apprend à tomber, dit-elle, chute d’amour où le visage touche le sol
oiseau qui s’est lancé à pic sur la croûte de la terre, piquant au plus tendre…

Extrait d’une note de ses traducteurs, Christian Mérer et Nicole Siganos dans Par le feu, éditions Le passeur, 1996, épuisé.

« Mise en scène érotique, la poésie de Luiza Neto Jorge privilégie la verticalité, l’ellipse, la densité, alliées à une langue presque crue, ou d’une préciosité qui ne serait que le voile de cette crudité. Le corps de la femme porté au langage sous le feu du désir (du désir d’un désir) se démembre, flambe, enflamme la page (je vis dans la flamme / l’habit a pris feu / qui marie / mort et vie). L’écriture se vrille, âprement creuse le manque du corps, jusqu’à parfois en mimer l’extase. (…) Mais au moment d’être portée sur la scène du poème, l’« action » érotique est tenue à distance par le travail même de la langue tendue jusqu’au sarcasme : machine anti-lyrique, déchant inscrit dans le poème. Une pulsion vitale profonde et une tension immense animent ses poèmes où se conjuguent une double insurrection du corps et de la parole … »

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Luiza ! Luiza !
Pierre Diaz | saxophone, clarinette basse, effets et electro
Jean-Marc Barrier | voix

Ce concert poétique a été donné sur scène dans différents lieux et théâtres, à Lodève, La Salvetat-sur-Agoût, au Théâtre de Pézenas et à Montagnac.

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Pierre Diaz  

Un univers sonore autour d’intruments détournés. Un parcours atypique commencé au consevatoire de Béziers et Montpellier, il joue très jeune dans les bals populaires de sa Région. Puis il entend John Coltrane et le jazz rentre dans sa vie.La musique classique, le reggae, la musique improvisée, les musiques traditionnelles, associés au théâre, la danse, les arts plastiques et la poésie… lui donnent une approche de la musique à 360°.
https://www.diazpierre.com

Jean-Marc Barrier

Peintre et graphiste, il écrit des poèmes, anime des ateliers d’écriture, pratique le théâtre amateur depuis 10 ans, et co-anime l’émission Les arpenteurs poétiques sur Rph Radio Pays d’Hérault. Quand il découvre la poésie de Luiza Neto Jorge, il aime l’audace et la puissance rare dans cette écriture, et le défi lui plaît d’être le vecteur masculin d’une poésie féminine méconnue.
Dernier livre paru : La nuit élastique, éditions Phloème, 2022 >  https://www.editionsphloeme.fr/de-langue-française/oeuvres/la-nuit-élastique/
https://jeanmarcbarrier.fr

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Luiza Neto Jorge 

Née en 1939, elle fait des études à la Faculté des Lettres de Lisbonne. Elle y fonde le Grupo de Teatro de Letras. Puis elle va vivre à Paris pendant huit ans, y exercer de nombreux métiers : femme de ménage, interprète, animatrice de radio, libraire, professeur de poterie… Liée au groupe Poésie 61, elle est dans une démarche exploratoire de l’écriture… Elle dessine aussi. Elle a traduit de nombreux auteurs français en portugais   Sade, Max Jacob, Céline, Artaud, Michaux, Boris Vian, Jean Genet et Marguerite Yourcenar… Elle a également écrit pour le théâtre et le cinéma. 

Bibliographie

En langue portugaise :
A noite Vertebrada, Collecção « A Palavra », Faro, 1960
Quarta Dimensão, em Poesia 61, Faro, 1961
Terra Imóvel, Portugália, Lisboa, 1966
O seu a seu Tempo, Ulisseia, Lisboa, 1966
Dezanove Recantos, Iniciativas Editoriais, Lisboa, 1969
O Amor e o Ócio, Jornalde Letras et Artes 268, 1969
O Ciclópio Acto, poema para livro-objecto de Jorge Martins, Livraria-Galeria 111, Lisboa, 1972
Os Sítios Sitiados (Poesia 1960-1970), Plátano, 1973
A lume, Assírio & Alvim, Lisboa, 1989
Poesia (1960-1989), Assírio & Alvim, Lisboa, 1993

En langue française :
Prélude pour sexe et rêve, traduction de Marie-Claire Vromans, Editions 632, Bruxelles, 1994, épuisé
Par le feu, traduction de Christian Mérer et Nicole Siganos, Editions Le passeur, 1996, épuisé
Anthologie de la poésie portugaise contemporaine 1935-2000, Poésie/Gallimard

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Trois témoignages à propos de Luiza Neto Jorge

Alberto Seixas Santos :

« Je garde une image très forte de Luiza Neto Jorge. Nous sommes à Paris dans le studio de Júlio Pomar. C’est jour de fête. Il y a des verres, de la musique, des gens. Luiza arrive, vêtue de noir, farouche et maigre comme toujours, elle traverse la salle, s’assied sur une chaise près du mur, croise les jambes, et regarde. Si ce n’était la curiosité, la pose serait celle d’un sphinx. Peu après arrive une française que je connais à peine et me dit : Tu l’as vue ? Elle est extraordinaire, n’est-ce pas ? Elle parle de Luiza, bien sûr. Qu’elle soit presque toujours le centre des attentions des personnes présentes ne me surprenait pas du tout. Rares étaient les yeux qui avaient l’intensité des siens. Noirs, grands, pénétrants. (…) Je ne sais plus quand et comment je l’ai connue. Peut-être dans un café ou un ciné-club à la fin des années 50 ».

Fernando Cabral Martins :

« (…) Je ne me souviens que peu de ce que j’ai entendu, je ne me souviens que de ce que j’ai vu. Je crois qu’il est toujours vrai qu’une image vaut pour mille mots. Elle était radieuse, ses yeux brillaient comme s’ils laissaient échapper une lumière. Dans son apparence physique, qui blessait par son étrangeté, il y avait de la grâce et de l’harmonie. Un manque de protection, ou une fragilité, devenait chez elle magiquement une forteresse. Et calme. Elle disait peu aussi, et nous riions tous. Cette femme était peut-être (…) le plus grand poète portugais vivant. Elle ne faisait pas de grandes phrases, ni des petites, rien qui pût avoir l’air d’un vers, à peine un sourire qui enveloppait parfois un mot. Hostile aux vers, comme à sa poésie. Seulement préoccupée par les mots, sans autre musique que celle des sens inaudibles, celle qu’on écoute quand les poumons inspirent et expirent, et que l’air chante ».

(Ces deux textes sont traduits du portugais par Pierre Astrié)

Gastão Cruz

« […] Il y avait, à mon avis, entre la poésie de Luiza et sa façon de vivre une parfaite convergence, cohérence et unité placées sous le signe de la force, de l’intensité. Rien en elle était doux, douteux, auto-indulgent. Peut-être un peu timide, elle n’aimait pas du tout à être le centre des attentions et exerçait discrètement un énorme pouvoir de séduction, qui provenait principalement d’un sens de l’humour toujours intelligent et attentif et d’une façon positive de regarder la vie. Même les grands malheurs, elle les a affronté sans pitié et sans plaintes. Et, en fin de vie, quand elle a dû passer de longues périodes à l’hôpital, elle a maintenu la capacité de parler avec animation et rire avec ceux qui la visitaient, en parlant parfois de ses problèmes de santé avec objectivité et distance (du moins apparemment). […] »Memória de um tempo e de Luiza Neto Jorge, Relâmpago, Revista de Poesia, Lisboa, Fundação Luís Miguel Nava, nº 18, avril 2006, p. 125-127.

(Ce texte est traduit du portugais par Maria Filipe Rosa)

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un poème extrait du concert

Rechant 19

Je vois pour finir quelqu’un mourir
qui était homme à inventer une écriture
à sourire d’inventer des lettres pour faire un rapport sur tout
ce qui dans la neige est neigeux et
sur ce qu’il y a dans les lettres de sphères qui roulent
d’un côté à l’autre de l’invention

quelqu’un qui à l’heure où je me trouve avait à dire
que sa liberté était juste comme la patte d’un oiseau
pesant sur le sol
et (flash) l’amour injuste comme un autre pied ou
un oiseau mourant d’une maladie
phosphorescente

ou : qu’Elle-et-Lui souriaient nus tous deux à tout le monde.
Que tous deux utilisaient le meilleur savon pour leur peau.

ou : que dans son champ étroit, en effet, il chantait.

Voilà, c’est fini.

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merci à Solène pour la technique !
merci à Laure-Anne Darras qui a créé notre générique…
http://soundcloud.com/les-arpenteurs-poetiques/generique-de-lemission-les-arpenteurs-poetiques

 

Les arpenteurs poétiques – Sayd Bahodine Majrouh

Les arpenteurs poétiques – Sayd Bahodine Majrouh


Diffusion : Jeudi 23 juin 2022 à 19h15
Rediffusion : Dimanche 26 juin 2022 à 11h
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une émission préparée par Serge Vaute-Hauw
avec la participation de Noée Maire, Leila Laghribi et Vincent Alvernhe

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> Sayd Bahodine Majrouh
> halte poétique ‘son/poème/son’ : Laurence Bourgeois
> halte poétique ‘le petit marché’ : les coups de cœur des arpenteurs

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Sayd Bahodine Majrouh

Le voyageur de minuit (Ego-monstre 1)
Suivi de Le rire des amants (Ego-monstre 2)
traduit du perse par le poéte- écrivain  Serge Sautreau

Sayd Bahodine Majrouh, est né à Kaboul en 1928. C’est un poète, folkloriste, un docteur en philosophie, il a exercé à la faculté de Montpellier et en peu de publications, à décortiqué la tyrannie. L’écriture ici témoigne, elle s’inscrit dans l’histoire, pour les peuples sous le joug de cet Ego-Monstre, elle est une mise en garde, elle plaide pour l’amour, la liberté, la beauté. Ce Voyageur de Minuit, malgré la cruauté qu’il observe, a su préserver en lui cette part la plus belle et profonde de l’humanité, et nous touche par les symboles, les paraboles, les archétypes qui jalonnent son œuvre. 

Evidemment, l’auteur nous interroge sur les conséquences d’une société totalitaire, et sur l’exil, et où l’errance peut nous mener à travers ses méandres.

Sayd Bahodine Majrouh a été assassiné la veille de son 60e anniversaire dans sa résidence à Peshawar au nord du Pakistan, un assassinat politique.

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Sayd Bahodine Majrouh, Le voyageur de minuit

ou la matérialisation de cet Ego Monstre qui s’éveille en l’homme, et dont il emprunte les chemins qui ont été devastés par sa suprématie, et un extremisme sans bornes.
Nous sommes ici, dans des paysages où le désert avance dans les consciences soumises à une autorité absurde, des stimulants de la peur, où les valeurs de respect, d’amour tentent de résister face au Dragon tout puissant, où les traditions, le folkore sont malmenés, où la singularité de l’être ne peut s’épanouir dans un système de valeur uniforme, ou les lois condamnent violemment et abusivement.
Si au cours de son périple, le voyageur de minuit est le témoin d’une violence abjecte, qu’il en subit quelquefois les conséquences, il est surtout porteur  de lumière, en opposition à cette obscurité émanant du montre. Par sa philosophie, sa quête de justice et de vérité, il redonne un sens à l’existence des âmes bafouées, et l’espoir aux exilés, à ceux qui n’ont jamais basculés dans l’abîme de la Caverne, et que l’Ego-Monstre n’aperçoit pas forcément, là où est l’exil en soi, la liberté à tout sa place pour renaître un jour. 

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un extrait

Chaque soir à minuit, disent-ils,
des esprits infernaux remontent de l’abîme
et viennent gémir par la bouche de la Caverne
et se répandre sur la plaine,
s’arrachant plaintes à chaque buisson d’épines,
à chaque taillis de ronces, à chaque pierre
du chemin,
hurlant de la terreur dans les gorges étroites,
s’emparant des montagnes pour en faire
des géants en marche,
et le lit du torrent à sec devenu
dragon de feu
s’élance à travers l’espace
et vient rôder parfois
tout près,
tout près des portes de la ville…

(…)

Ainsi tous mes périples, songeait-il,
Egarent-ils leurs traves leurs pistes leurs repère
Depuis mon premier pas dans l’hypnose du soleil :
Pourquoi vouloir loger ma demeure au zénith
Quand lui-même le quitte et tombe dans la mer ?
Ces levers à l’Orient, ces couchers à l’Occident
Ne le montrent-ils pas en quête d’autre chose
Qu’il va s’éteindre au-delà de son feu ?
Dans le secret de l’ombre il abreuve une extase
Qui va brûler où nul ne voit
Est-il seulement sûr d’être chaque fois le même ?
N’y a-t-il qu’un seul astre, un seul soleil toujours ressuscité,
Ou bien chaque aube en délivre-t-elle un nouveau
Irradiant comme l’autre, la veille, et l’autre, l’avant-veille,
Et l’autre encore et tous les autres depuis qu’il y a des
matins au monde pour chercher le bonheur
Dans l’imprévisible trajectoire du Sens ?
Le couchant qui avale un soleil
Lui donne asile pour autre chose
Qu’il étreint au-delà du feu –
Et ce soleil touche à sa fin, à sa source sans fin :
Comment
Reparaîtrait-il ?
Je suivrai ces soleils dit-il au bord du gouffre
Je suivrai ces soleils au-delà de leur feu
Il fixa le Levant longuement comme on part.
Il tourna le dos à ses prestigieuses guenilles de faux jour.
Il alla droit vers le Couchant, vers la lumière de l’Ouest,
Au royaume des ombres perdues.

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halte poétique ‘son/poème/son’
Laurence Bourgeois

Plasticienne et poète, Laurence Bourgeois vit en pays de Kercorb, à Rivel, dans le piémont pyrénéen

Au sein de son atelier « écrits poétiques de verre et papier  » elle crée une œuvre singulière, alchimique où dialoguent écriture, gravure et transparence. Elle a réalisé de nombreux livre d’artistes avec des poètes contemporains.
Arpenteuse depuis sa création, elle  co-anime l’émission radiophonique, Les Arpenteurs Poétiques sur RPH.
Une exposition de sculptures et œuvres verre et gravure est en création en écho aux poèmes inédits Nids et brûlis

Publication poétiques
Ainsi le pli, Le bruit des cailloux, éditions la voix du poème Feu blanc, éditions du petit pois
Falaises du corps, Nili fossæ, éditions Rafaël de Surtis
Rendre l’or, éditions Pourquoi viens-tu si tard ?
Sacrifice, collection fibre.s, éditions la tête à l’envers.
Expositions 2021-2022

Géographie du rien – Carla Bayle – Juin 2021
Bruit Blanc – Mirepoix – Juillet 2021
Chalabre en sérénade – Août 2021
Cioran – Sibiu en Roumanie – Août 2021
Orpailler l’autre Rive – Médiathèque Narbonne – Déc. 2021 janv.2022 Art for science être crâne – Genève – mai juin 2022
À la lisière – Laroque d’Olmes – Juillet 2022
+ d’informations sur le site www.livredeverre.fr

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un poème

Écoute | Vois plus près là
près de moi
je retourne à la terre
avec les espèces compagnes
ensemble
corpuscule flottant infime infirme
à quatre pattes dans la poussière du ciel.

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halte poétique ‘le petit marché’

Alfonsina Storni 1892-1938 

Elle devient comédienne et autrice et, à vingt-quatre ans, publie un premier recueil Écrits pour ne pas mourir.
Souvent définie comme féministe au pays du machisme, elle est à la fois institutrice pour enfants déficients, égérie des bibliothèques populaires du Parti socialiste de Buenos Aires et journaliste sous le pseudonyme de Tao Lao. Dès 1920, elle côtoie Joge Luis Borges, Luigi Pirandello, Filippo Tommaso Marinetti, rencontre Federico García Lorca.
Son suicide inspira la chanson Alfonsina y el mar, de Ariel Ramírez et Félix Luna, qui accompagne le poème lu par Serge et interprété par Sylsée

C’est ça, l’amour, c’est ça : je sens
Dans chaque once de vie une pensée.

Et je suis une et je suis mille
Toutes les vies passent par moi
Et leurs blessures
Me sont morsures.

Et je n’en puis plus. Chaque goutte de mon sang comporte
Un hurlement et une note.

Et je ploie, je ploie sous le poids
D’un baisers profond, d’un profond baiser.

Extrait du recueil : le mois d’octobre naît avec ses matins clairs
Alfonsina Storni, les cahiers de curiosités, éditions marguerite waknine
Traduit de l’espagnol (Argentine) par Caroline Lahougue 

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merci à Solène pour la technique !
merci à Laure-Anne Darras qui a créé notre générique…
http://soundcloud.com/les-arpenteurs-poetiques/generique-de-lemission-les-arpenteurs-poetiques

 

Les arpenteurs poétiques – « Colline », de Jean Giono

Les arpenteurs poétiques – « Colline », de Jean Giono

 
Diffusion : Jeudi 26 mai 2022 à 19h15
Rediffusion : Dimanche 29 mai 2022 à 11h
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une émission préparée par Noée Maire
avec la participation de Vincent Alvernhe, Jean-Marc Barrier et Serge 
Vaute-Hauw

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> « Colline », de Jean Giono
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halte poétique ‘les échappées obliques’
par Laurence Bourgeois : Antoni Tapies et Zéno Bianu
>
halte poétique ‘le petit marché’, les coups de cœur des arpenteurs

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« Colline », de Jean Giono

Les arpenteurs vous proposent une lecture condensée – et poétique ! – du roman de Jean Giono Colline publié en 1929.

Jean Giono, né en 1895 à Manosque d’un père cordonnier et d’une mère repasseuse, étudie en autodidacte, lit passionnément, et écrit dès 1911 à l’écart des mouvements littéraires. La première guerre mondiale est un traumatisme ; il en sort viscéralement pacifiste. Il rencontre un certain succès dès le premier roman, Colline, mais la période qui suit la deuxième guerre mondiale le voit mis à l’index pour ses écrits publiés dans des revues pro-allemandes (précisons qu’il n’a pas pour autant adhéré aux idées fascistes). Le Hussard sur le toit en 1951 lui fait retrouver le succès. Il meurt en 1970, dans la ville qui l’a vu naître, Manosque.

   Dans les œuvres de Giono, où les éléments des paysages provençaux sont des personnages à part entière, les hommes sont décrits comme des plantes et tous les êtres, jusqu’aux pierres, animent un monde aussi terrible que beau. Ce roman tient place au hameau des Bastides blanches, que treize habitants font vivre au milieu des collines. Là, « Lure, calme, bleue, domine le pays, bouchant l’ouest de son grand corps de montagne insensible.

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un extrait de Colline

« Des vautours gris la hantent.
Ils tournent tout le jour dans l’eau du ciel, pareils à des feuilles de sauge.
Des fois, ils partent pour des voyages.
D’autres fois, ils dorment, étalés sur la force plate du vent.
Puis, Lure monte entre la terre et le soleil, et c’est, bien avant la nuit, son ombre qui fait la nuit aux Bastides. »

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Mais voilà que des événements inquiétants surviennent : les oiseaux se taisent, la fontaine cesse de couler, la petite Marie tombe malade, et le chat du malheur rôde…  Janet, vieillard au seuil de la mort, semble tenir un rôle dans ce dérèglement. Il « déparle » comme disent les autres, éberlués et quelque peu effrayés à l’écoute de ses paroles. Par ses paroles, Janet fait advenir la vision d’un monde insoupçonné, et cruel. Comme ici :
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« Le crapaud qui a fait sa maison dans le saule est sorti.
Il a des mains d’homme et des yeux d’homme.
C’est un homme qui a été puni.
Il a fait sa maison dans le saule avec des feuilles et de la boue.
Son ventre est plein de chenilles et c’est un homme.
Il mange des chenilles, mais c’est un homme, il n’y a qu’à regarder ses mains.
Il les passe sur son ventre, ses petites mains, pour se tâter : C’est bien moi, c’est bien moi, qu’il se demande dans sa jugeote, et il pleure, quand il est bien sûr que c’est lui.
Je l’ai vu pleurer. Ses yeux sont pareils à des grains de maïs et, à mesure que ses larmes coulent, il fait de la musique avec sa bouche.
Un jour, je me suis dit : Janet, qui sait ce qu’il a fait comme ça, pour avoir été puni, et qu’on lui ait laissé seulement ses mains et ses yeux ?
C’est des choses que le saule m’aurait dites si j’avais su parler comme lui. J’ai essayé. Rien à faire. Il est sourd comme un pot. »

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halte poétique ‘les échappées obliques’
Antoni Tàpies et Zéno Bianu

Avec Laurence Bourgeois, découvrons une œuvre d’Antoni Tapies, Deux tas de terre (Dues piles de terra), avec des poèmes de Zéno Bianu.

 

 

Antoni Tàpies :
Dues piles de terra, 2001
Procédé mixte sur bois, 200 X 200cm
Fondation Tàpies, Barcelone

« Pour penser l’art, ou quoi que ce soit, le mieux sera toujours de nous tourner vers lui avec la pureté même de celui qui chaque matin découvre un monde nouveau. »

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sans lieu
sans mémoire
les stèles du vide
le suaire du ciel
ce qui s’abat
sur le corps du monde

sans lieu
sans pourquoi
les hautes nuées
de sang sombre
l’abandon recroquevillé
dans la lumière  

Zéno Bianu

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musiques de cette halte :

Hans Zimmer : Dune Sketchbook Soundtrack | Moon over Caladan
https://www.youtube.com/watch?v=UB-h4dgpdLw

Dune Sketchbook Soundtrack | Song of the Sisters – Hans Zimmer | WaterTower
https://www.youtube.com/watch?v=hCrk71dbQpU
Âtash |· Ariana Vafadari
https://www.youtube.com/watch?v=9oXQ1q2TMpo

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les musiques de l’émission :

« Travelling », trio Zéphyr
https://www.youtube.com/watch?v=IGQrF7yyaug

« Soleil disparu », Trio Zéphyr  
https://www.youtube.com/watch?v=gM6VrKQKSYg

« Il Pecoraro », Lou Uberto  
https://www.youtube.com/watch?v=qtTFiZTeNrM

« Trevia », Sourdure »
https://www.youtube.com/watch?v=11-azxIAs5k

« Cotelon », Cocanha  
https://www.youtube.com/watch?v=OX5Gir6YYf4

« Le chant des oiseaux », Rosemary Stanley et Dom la Nena 
https://www.youtube.com/watch?v=MPiLH-yQFXs

« clavar cavar », Sourdure 
https://www.youtube.com/watch?v=FdGkF8nlaSY

Symphonie n°6 en B mineur, Tchaikovski
https://www.youtube.com/watch?v=NfusWGFWMq8

« Three cycles perle » trio Zéphyr  
https://www.youtube.com/watch?v=85jAIU8I8KM

« Noistra foira », Sourdure  
https://www.youtube.com/watch?v=uEX88r-ILPw

«Oiseau », Tigre d’eau douce et Bertrand Belin 
https://www.youtube.com/watch?v=kocgYHIApkc

« Arriba quemando el sol » de Rosemary Stanley et Dom la Nena      
https://www.youtube.com/watch?v=PH5tNbiWUsA

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halte poétique ‘le petit marché’

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merci à Solène pour la technique !
merci à Laure-Anne Darras qui a créé notre générique…
http://soundcloud.com/les-arpenteurs-poetiques/generique-de-lemission-les-arpenteurs-poetiques

 

Les arpenteurs poétiques – « Mères », Estelle Fenzy et Julien Bucci

Les arpenteurs poétiques – « Mères », Estelle Fenzy et Julien Bucci

Diffusion : Jeudi 28 avril 2022 à 19h15
Rediffusion : Dimanche 1er mai 2022 à 11h
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une émission préparée par Coralie Poch
avec la participation de Noée Maire, Laurence Bourgeois et Serge 
Vaute-Hauw

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> « Mères »
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halte poétique ‘les échappées obliques’
par Laurence Bourgeois : Giuseppe Penone et Juan Gelman
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halte poétique ‘le petit marché’, les coups de cœur des arpenteurs

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« Mères »

Lecture croisée d’extraits des recueils
Mère d’Estelle Fenzy et Prends ces mots pour tenir de Julien Bucci.
Une lecture en miroir d’extraits de deux textes forts qui évoquent la figure maternelle.
Le premier, c’est Mère, d’Estelle Fenzi, qui plonge au coeur, au corps du vivant et tente de dire ce que c’est d’être mère. Ce sont des textes qui parlent depuis l’intérieur et sont reliés par cette affirmation : Je suis mère.
En miroir, viennent les mots de Julien Bucci, tous extraits de son recueil Prends ces mots pour tenir. Des mots adressées à sa mère, des mots qui parlent de la douleur, de la maladie, du rapport au langage, du lien d’un fils à sa mère, de la vie qui va se finir.
Une boucle qui s’ouvre sur la naissance et se ferme sur la mort imminente de la mère. Deux textes qui évoquent chacun à leur manière ce lien premier et fondateur : celui celui de la mère à l’enfant, de l’enfant à sa mère. Ces deux textes sont édités par La boucherie littéraire. http://laboucherielitteraire.eklablog.fr

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Estelle Fenzy

J’ai découvert le recueil d’Estelle Fenzy à Sète, il y a quatre ans. Depuis, je n’ai cessé de le faire passer de mains en mains, à des amies, des jeunes mamans. C’est un livre qui parle au coeur, un recueil qui porte une vérité dans son corps et qui explore, à fleur de peau, au plus près du coeur et du ventre, au fil des jours, ce que c’est : d’ être mère. En le lisant j’ai eu le sentiment de me sentir comprise, de me sentir chez moi à l’intérieur des mots. 

« Estelle Fenzy est née en 1969. Elle a vécu longtemps près de Lille, plusieurs années à Brest. Actuellement, elle habite Arles où elle enseigne dans un collège de la ville.
Elle écrit depuis 2013, des poèmes et des textes courts. Au rythme de la vie, dans la vie. Son écriture repose autant sur l’autobiographie (Chut, à La Part Commune, ou Gueule noire et Amoureuse ? à La Boucherie Littéraire) et le réel (le drame des migrants, dans Eldorado Lampedusa, aux éditions Pourquoi viens-tu si tard ?) que sur l’imaginaire, le conte (Par là, chez Lanskine), des versants opposés mais complémentaires qui alternent dans son travail. Quels que soient la forme et le thème, elle s’attache au dépouillement, fuit le mot de trop, le superflu, l’effet joli qui éloigne de l’essentiel. » (extrait de Terre à ciel.) 

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un poème extrait de Mère

« Parfois, je me dilue dans les eaux de lessives. Transparente dans le paysage.
Devant la glace, c’est tout mon corps qui recule. Je ne me ressemble plus. Détourne les yeux . Chercher un rivage où les poser pour exister. 

Enfants rentrant de l’école. Portée heureuse, sautillante. Bouches débordant de fruits, jus sucré au menton.
De leurs griffes de chatons ou de framboisiers du jardin, je ne sais ce qui accroche mes jupons.
Leur joie vraie de m’étreindre me replace au centre de ma vie. »

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bibliographie  

  • Chut(le monstre dort), La Part Commune (2015)
  • Sans, La Porte (2015)
  • Rouge vive, Al Manar (2016)
  • Juste après, La Porte (2016)
  • L’entaille et La couture, Henry (2016)
  • Le papillon, Petit Flou (2017)
  • Mère, La Boucherie Littéraire (2017), Prix de poésie René Leynaud 2018
  • Par là, LansKine (2018)
  • Mon corps c’est ta maison, La Porte (2018)
  • Poèmes western, LansKine (2018)
  • La minute de l’aube, La Part Commune (2019)
  • Gueule noire, La Boucherie Littéraire (2019)
  • Coda (Ostinato), Les Lieux-Dits (2020), finaliste du Prix International de poésie de Montréal 2020
  • Le chant de la femme source, L’Ail des Ours (2020)
  • Eldorado Lampedusa, Pourquoi viens-tu si tard ? (2021)
  • Amoureuse ? La Boucherie Littéraire (2021)

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Julien Bucci

Julien Bucci, après avoir vécu 12 ans à Marseille, s’installe à Lille en 2007. Il y fonde la Cie Home Théâtre, une maison de mots dont le projet fondateur, consacré à l’oralité, se destine à inventer des médiations littéraires et des entre-sorts poétiques. Auteur et comédien, acteur de la lecture et animateur de l’écrit, Julien Bucci partage régulièrement sa passion de la langue et de la poésie pour de multiples publics. Il œuvre activement à sortir la poésie de sa clandestinité en investissant le médium de l’audio. Il est le créateur du « Serveur Vocal Poétique », service téléphonique gratuit permettant d’écouter à toute heure des poèmes au 03 74 09 84 24.

Vous  pouvez retrouver des poèmes et arpenter son site qui est très riche : http://www.litt-orales.fr/

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un poème extrait de Prends ces mots pour tenir

« un jour tu partiras
par pudeur dire partir
tu pourrais bien mourir un jour viendras tu meurs 

je pourrais partir avant toi
je peux mourir au prochain mot 

je ne sais pas
ce qui m’arriverait si tu mourrais 

tu es vivante quand j’écris tu n’es pas dans la pièce
à l’instant où
j’écris 

je ne te vois presque plus il faut que je t’appelle que je t’entende
pour m’assurer 

que tu peux encore 

me parler 

les mots que tu me donnes te font vivante 

tu pourrais être morte
il n’y aurait plus de mots
tu ne répondrais plus
à mes appels »

Prends ces mots pour tenir, Julien Bucci, éditions La boucherie littéraire.

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le site de l’éditeur

http://laboucherielitteraire.eklablog.fr

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halte poétique ‘les échappées obliques’
Giuseppe Penone et Juan Gelman

Avec Laurence Bourgeois, découvrons une œuvre par la voie des ondes et écoutons en résonance des mots de l’artiste ou d’un poète. Aujourd’hui c’est une sculpture de Giuseppe Penone, Tra.

Giuseppe Penone, Tra, 2008 Bronze, feuilles d’or -266,7 × 160 × 86 cm et 256,5 × 226 × 83,3 cm
« Ce qui m’intéresse, dit l’artiste, c’est quand le travail de l’homme commence à devenir nature » 

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poème Juan Gelman 

deux arbres attachés au même oiseau /volent
tout autour des planètes/ouvrent
leurs feuilles/leurs rosées/leurs témoins de toi/ tournent autour de la lune qui monte de la pensée/ 

l’arbrisseau de droite a l’odeur de tes mains de soleil/ celui de gauche appuie la tête sur tes seins/ maintenant te voilà les bras ouverts
pour que commence le sud/

Sèves pensées, Édition bibliothèque national de France
Vers le sud, et autres poèmes, Juan Gelman
L’Opération d’amour, © Gallimard 2006, traduit par Jacques Ancet,

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Un nid, album no sport, Rodolphe Burger
https://www.youtube.com/watch?v=m3KUCIHS0J4 

qu’est-ce donc que cette vie sous le mot

parler
se parler
comme on s’existe (…)

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halte poétique ‘le petit marché’

Noée Maire :

Contes du hasard et autres fantaisies 
a été réalisé par Ryusuke Hamaguchi (le réalisateur de Drive my car, lauréat de l’oscar du film étranger).
Les trois contes font en quelque sorte la démonstration du pouvoir évocateur de la parole ; ils le font de façon légère mais aussi bouleversante, à travers des portraits essentiellement féminins.

Laurence Bourgeois :
L’art de la joie de Goliarda Sapienza, éditions Le Tripode
Goliarda Sapienza  écrit comme  elle le sent sans contraintes, en s’affranchissant de toutes les barrières, morales comme littéraires – entremêlant les souvenirs à la pensée en cours, rêves éveillés désirs réalité. Un roman initiatique. Une écriture hypnotique.

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merci à Solène pour la technique !
merci à Laure-Anne Darras qui a créé notre générique…
http://soundcloud.com/les-arpenteurs-poetiques/generique-de-lemission-les-arpenteurs-poetiques

 

Les arpenteurs poétiques – Laura Kasischke

Les arpenteurs poétiques – Laura Kasischke

 
Diffusion : Jeudi 24 mars 2022 à 19h15
Rediffusion : Dimanche 27 mars 2022 à 11h
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une émission préparée par Vincent Alvernhe
avec la participation de Noée Maire, Jean-Marc Barrier et Elizabeth Boquet
 pour la voix anglaise (USA)

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> Laura Kasischke
>
halte poétique ‘je te poème’
Jean-Marc Barrier va à la rencontre de Emma Filao
>
halte poétique ‘le petit marché’, les coups de cœur des arpenteurs

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Laura Kasischke

J’ai découvert Laura Kasischke avec son premier roman : A Suspicious River, mais quand elle publie ce roman, elle a déjà fait paraître deux recueils de poèmes aux États-Unis. Depuis, elle mène ces deux activités en parallèle. Où sont-ils maintenant, son anthologie personnelle, publiée en septembre 2021, offre un parcours rétrospectif dans ses neuf recueils déjà publiés. Sa poésie raconte des « histoires » où se côtoient des mères, leurs bébés, des jeunes filles en quête d’avenir, des souvenirs de parents disparus et une multitude de visages sortis de l’oubli…
Se mélangent des anecdotes, des éclats de vie traversés par le désir, l’angoisse, les regrets….mais rien ne reste en place.
L’espace et le temps s’échangent, se répondent, s’allongent, se rétrécissent… Des images nouvelles, des voix… nous interpellent, nous détournent… et on se perd un peu et c’est bien.

Vincent Alvernhe

L’un des vos poèmes évoque « des miroirs, encore des miroirs » ?
Vos écrits sont-ils le miroir de votre âme ?

Non, même si j’écris souvent à la première personne, il ne s’agit pas tant de moi que de mon inconscient. L’écriture traduit ma vie ou mes rêves, elle ne ressemble en rien à une quête de vérité. Ce processus spontané fonctionne par association libre, alors vous pouvez expliquer mes poèmes mieux que moi (rires). On peut les écrire en portant des masques sociaux ou psychologiques, mais je me sens plutôt nue en prenant le stylo. Mes écrits se composent juste de moi, de mon stylo et d’une page blanche. J’aime me perdre dans l’écriture, qui me surprend quelquefois. Composer des poèmes me permet d’avoir accès à une autre part de moi.

Extrait d’un entretien réalisé par Kerenn Elkaïm nov. 2021pour la fête du livre de Bron.

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« Souviens-toi du sommeil, en mai, dans l’après-midi, comme
les pieds brillants d’une fille passés dans de sombres bottes toutes
neuves. »

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halte poétique ‘je te poème’
Emma Filao

Au Havre, avec des cris de mouette en fond sonore,
Jean-Marc Barrier a rencontré Emma Filao…

Grisée de grands espaces, de ciels découverts et de roche à nue, Emma Filao tente d’harmoniser sa voix poétique avec celles des personnes rencontrées au cours de ses voyages.
De la peau, de la couleur de l’autre, d’autres types de paysages se font jour. Autant que les arbres et les montagnes lui parlent, les humains ne cessent d’être pour elle une interrogation.
De là un parcours dans le mime, à la recherche du mouvement, puis une formation d’anthropologie, à la recherche d’une multitude de voix et d’expériences.

 

publications :
Journal des poètes
, 2018, n°2
La volée, 2020, n°18
La volée, 2020, n°19

Eparpiller la peau, éditions Rosa canina
https://rosacaninaeditions.jimdofree.com/les-titres/eparpiller-la-peau-emma-filao/

« Le recueil d’Emma Filao est une incursion par-delà l’épiderme : abandonner l’enveloppe protectrice, s’extraire de la gangue délétère pour incarner à vif, déceler sa résonance propre et celle de l’autre, devenir geste et manifester l’indicible. L’auteure érode la langue sur les aspérités du monde, sonde la perméabilité de l’apparence, avise à éparpiller la peau. »

. . . . . un extrait de Eparpiller la peau

                toi
de quel côté de la peau es-tu
et si tes paroles s’accrochent à mes épines
comment alors n’es-tu pas sur ma peau à moi
je me retrouve dans ton oubli
tu déambules dans ma mémoire
est-elle seulement la mienne

qu’est-ce donc que cette vie sous le mot
          parler
se parler
comme on s’existe (…)

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halte poétique ‘le petit marché » 

Jean-Marc Barrier :
Drive my car
, film de Ryusuke Hamaguchi, 2h59, 2021 • Prix du scénario à Cannes, d’après une nouvelle de Haruki Murakami.
… Où une parole et une confiance s’ouvre sur des secrets retenus, entre deux êtres très différents…
et le théâtre dans le film, Oncle Vania de Tchekov, interprété par des comédiens de langues différentes,
où – miracle – le jeu d’une comédienne muette nous atteint à l’âme.

Noée Maire :
une chanson du groupe Big Thief : Love Love Love

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voix anglaise (USA) par Elizabeth Boquet

 

Merci à Elizabeth Boquet de prêter la voix anglaise aux textes de Laura Kasischke, mais aussi de dire en français un de ses poèmes.
Elizabeth Boquet est poète et traductrice, elle partage son temps entre Lausanne et Caux, dans l’Hérault.

 

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crédits photo : portrait Laura Kasischke © Jean-Luc Bertini, pour la Fête du Livre de Bron.
merci à Solène pour la technique !
merci à Laure-Anne Darras qui a créé notre générique…
http://soundcloud.com/les-arpenteurs-poetiques/generique-de-lemission-les-arpenteurs-poetiques

 

Les arpenteurs poétiques – Carolyn Carlson

Les arpenteurs poétiques – Carolyn Carlson

 

Diffusion : Jeudi 24 février 2022 à 19h15
Rediffusion : Dimanche 27 février 2022 à 11h
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une émission préparée par Serge Vaute-Hauw
avec la participation de Noée Maire, Coralie Poch et Marion 
Burette-Lopez (voix anglaise)  

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> Carolyn Carlson
>
halte poétique ‘les échappées obliques’
de Laurence Bourgeois : une œuvre de Maria Helena Vieira da Silva, 
La bibliothèquetextes en écho de René Char.
>
halte poétique ‘le petit marché’, les coups de cœur des arpenteurs

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Carolyn Carlson

Si l’on connaît la renommée internationale de Carolyn Carlson en tant que danseuse, chorégraphe, il est probable qu’on la connait moins en que poète, et pourtant c’est la poésie qui l’anime corps et âme dans son art. Son arrivée en France dans les années soixante-dix, va donner un nouveau souffle à la dance contemporaine.
Ses ballets d’une grande modernité tant sur le plan visuel, musical, de l’expression corporelle entraînent le spectateur dans un poème exulté par le mouvement, une approche sensible et sculptée de l’espace…

Si Carolyn Carlson se définit avant tout comme une poétesse visuelle, elle l’est aussi à travers la calligraphie qui illustre ses poèmes. Cette émission qui lui est consacrée se penche un peu plus sur son écriture poétique, ici nous allons au-delà de la peau, elle nous soumet à son intériorité, nous élève par l’humanité, l’universalité, la spiritualité qui s’en dégage.

Serge V-H

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quelques poèmes courts 

Comment nommer
le brin d’herbe qui se lève
seul parmi la multitude
infinie des âmes
toutes avides du même soleil

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Se souvenir
de soi-même comme d’une larme
dans l’immobilité de l’air

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L’intention c’est l’action de mon corps
la mémoire c’est la demeure de mon âme
la création c’est mon cœur agrandi

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Les idées naissent
comme des oiseaux
et des nuages
qui volent et se dispersent
en d’autres de nos métamorphoses

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liens

Compagny Carolyn Carlson : http://carolyn-carlson.com/

Ballet The Treehttp://www.youtube.com/watch?v=ODpmCsZ3m0M&t=99s

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halte poétique ‘les échappées obliques’
Maria Helena Vieira da Silva, 
La bibliothèque.
Textes en écho de René Char.

Avec Laurence Bourgeois, découvrons
une œuvre par la voie des ondes
et écoutons en résonance
des mots de l’artiste ou d’un poète/

Aujourd’hui c’est une sérigraphie
de Maria Helena Vieira da Silva,
La bibliothèque.

 

• Vieira da Siva, la bibliothèque 1959, Sérigraphie
• Dimensions de l’image 35,0 x 45,0 cm / 13.8 x 17.7

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Maria Helena Vieira da Silva

« Depuis quarante ans, je cherche toujours la même chose, je ne l’ai pas trouvée. Je n’ai pas le droit de dire ce que je cherche. Il faut que cette chose précieuse fasse corps avec mon tableau et que l’on puisse la voir »

Un article dans cairn info, revue Sigila pour plonger dans l’univers, les espaces infinis de Vieira da Silva
https://www.cairn.info/revue-sigila-2011-2-page-113.htm

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René Char

L’éclair me dure.
La poésie me volera de la mort.
Enfonce-toi dans l’inconnu qui creuse. Oblige-toi à tournoyer.
Je ne puis être et ne veux vivre que dans l’espace et dans la liberté de mon amour.
Tout ce qui nous aidera, plus tard, à nous dégager de nos déconvenues s’assemble autour de nos premiers pas.
Ne te courbe que pour aimer. Si tu meurs, tu aimes encore.
Nous sommes écartelés entre l’avidité de connaître et le désespoir d’avoir connu.
L’aiguillon ne renonce pas à sa cuisson et nous à notre espoir.

Feuillets d’Hypnos, Fureur et mystère, René Char, nrf, poche Gallimard
Les matinaux, René Char, Collection Blanche, Gallimard

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L’autre bibliothèque de René Char,
de Vieira da Silva 18,5 x 10,7 cm,
encre et stylo-bille sur papier

 

https://www.centrepompidou.fr/fr/ressources/oeuvre/cgjrkyM

musiques :
Eliane Radigue, transamorem, transmortem ¬ https://www.youtube.com/watch?v=s8Tn0JN-pzM
Eliane Radigue, Kyema Intermediate States ¬ https://www.youtube.com/watch?v=rkhIIKe0ju8
Laura Cahen, la complainte du soleil ¬ https://www.youtube.com/watch?v=Pwr3HE2lk78

 

 

 

 

 

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halte poétique ‘le petit marché » 

La panthère des neiges, film de Marie Amiguet et Vincent Munier.

Sauvagines, un roman de Gabrielle Filteau-Chiba aux éditions Stock.

Pas ici, pas maintenant de Erri de Luca. Publié en italien en 1989
et en version traduite chez Gallimard en 2008.
un extrait :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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crédits photo : X
merci à Maureen pour la technique !
merci à Laure-Anne Darras qui a créé notre générique…
http://soundcloud.com/les-arpenteurs-poetiques/generique-de-lemission-les-arpenteurs-poetiques

 

Les arpenteurs poétiques – Herberto Helder

Les arpenteurs poétiques – Herberto Helder

Diffusion : Jeudi 27 janvier 2022 à 19h15
Rediffusion : Dimanche 30 janvier 2022 à 11h
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une émission préparée par Jean-Marc Barrier
avec la participation de Leila Laghribi, Coralie Poch, Vincent Alvernhe et Serge
Vaute-Hauw

sommaire
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> Herberto Helder
>
halte poétique ‘je te poème’
entretien de Jean-Marc Barrier avec Adeline Miermont-Giustinati
>
halte poétique ‘le petit marché’
les coups de cœur des arpenteurs

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Herberto Helder

Les arpenteurs poétiques ont déjà évoqué quelques merveilleux poètes portugais.  Après Antonio Ramos Rosa, Eugenio de Andrade, et Luiza Neto Jorge, nous voici auprès de Herberto Helder. 

Dans esprit nomades, Gil Pressnitzer nous dit « Libre, fondamentalement libre, refusant les prix  et les embrigadements littéraires, les interviews, Herberto Helder est un astre noir et étrange dans la poésie européenne. (…) Il n’est qu’une ombre, car il se veut secret, il demeure irradiant par ses poèmes échevelés, sorte de cosmogonies de mondes baroques, débordants, violents. Sa voix est unique, complexe, cinglante. Elle est l’invitation au voyage, au voyage en utopie. Le lire est une stupeur  calcinante (… ) sa poésie envoûte, elle invoque. »

Il y a un cosmos dans chaque phrase, parle-t-on d’une femme, il y a de l’or, des porcelaines, et toujours la flamme. Ecrit-il sur une pierre, et elle sera plus que pierre, et l’on trouve dans ses textes tous les organes, toutes les matières, le basculement du ciel – et des poumons d’éponges… Un art du mélange où des frontières mentales ou phsysiques s’abolissent dans le mouvement émotionnel. Comment rendre l’extraordinaire ordinaire de la vie si ce n’est en
se rendant perméable et organiquement lié au grand Tout ?

Herberto a grandi sur l’île de Madère. En 1946, il a 16 ans et part vivre à Lisbonne. Il écrit des poèmes, son premier recueil L’amour en visite est publié quand il a 28 ans. Après avoir été imprégné par le surréalisme, Helder se lance au milieu des années 1960 dans l’avant-garde de la poésie portugaise avec la revue Cadernos de Pœsia Experimental, dont il dit : « À travers ces écrits de poésie expérimentale, nous prenons
la responsabilité de dire que les choses et les événements, chargés d’une énergie ambiguë, stimulent dans la conscience humaine une liberté expérimentale qui s’exprime de manière polyvalente… en
faisant des expériences sur les écarts et les ajustements entre le réel et l’imaginaire. ».

Plus tard, Herberto Helder a tenu à rassembler ses poèmes dans un seul corpus qu’il a nommé le poème continu.  

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un poème  

Tu viens toute parfumée sous le vent qui se lève
du côté splendide des orangers.
Pressentant dans le noir ta naissance, le bout de mes doigts
étincelle.
Tu me brûlais à la racine des ongles.
Et la brûlure remontait l’avant-bras et le bras
jusqu’à mon cœur perdu. Moi – parfumé,

brûlé de l’intérieur : un lien lacé par l’odeur
transposée, l’air phosphorique, un arbre
dans la crue 
nocturne. Tout en moi-même soudain
ramené vers son
centre. Quand cette poche de sang tournoyait
au seuil de l’ouverture
prodigieuse.

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liens

> voir sur le site esprit nomades
https://www.espritsnomades.net/litterature/herberto-helder-le-deluge-du-langage-la-transe-du-poeme/

voir sur YouTube des vidéos avec la voix de Herberto Helder

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à découvrir

ces deux livres magnifiques aux éditions Chandeigne
Le poème continu de Herberto Helder (coédition avec la Fondation Camoes)
La poésie du Portugal, vient de paraître, une somme…
(et à Paris découvrir la librairie Chandeigne et le fonds lusitanien exceptionnel de cet éditeur).
https://editionschandeigne.fr

 

 

 

 

 

 

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halte poétique ‘je te poème’ : Adeline Miermont-Giustinati


Jean-Marc Barrier a rencontré Adeline Miermont-Giustinati, qui évoque son rapport à l’écriture et au monde, et nous lit quelques poèmes.

Poète en mouvement, expérimentant les formes, les sens, la pensée, la mémoire à partir de la « pâte-mot », le corps parcouru de mots, la traversée des mots dans le corps, j’écris un peu, beaucoup, passionnément, pas du tout, selon les saisons, les naissances, les flux et reflux des éléments de vie, environnants, paysages mouvants, intérieurs et extérieurs. J’écris la rencontre des choses et des êtres. J’écris la tectonique des plaques. J’écris la collision des vagues. J’écris la timidité des cimes.

https://sumballein.wordpress.com/ 

Sumballein (éditions Phloème)

« Sumballein : transcription française du grec ancien Σύμβα λλειν que l’on peut traduire par « jeter ensemble », « mettre ensemble », « assembler » , « réunir ». Dans l’Antiquité, deux personnes qui passaient un contrat cassaient un morceau de poterie. Chacun gardait un bout. Quand les contractants se revoyaient, ils lançaient leurs fragments de tessère respectifs (les sumbola) afin de se reconnaître. Terme à l’origine du mot symbole.
Nous avons écrit ensemble. Nous étions deux. Au moins. Nous avons jeté nos oripeaux, nos vieilles carcasses, et celles pas encore nées. C’est nous que nous avons jetés. Nous-mêmes. Nous nous sommes jetés. À corps perdus. Dans le tunnel. Dans le passage. Dans la forêt. Dans la nuit. Dans le rêve et dans notre propre corps. Notre corps était le tunnel. Nos deux corps… »
https://www.editionsphloeme.fr/de-langue-française/oeuvres/sumballein/

Bibliographie:

De Chair et de chimères (La Bruyère, 2007)
Entre les côtes de Mehen illustrations Émeline Sourget (Sélénites², 2013)
Incises, livre d’artiste, gravures Thierry Tuffigo (CMJN, 2016)
Sumballein, (Tarmac, 2018; Phloème, 2021)
revues : FPM, Cabaret, Lichen, Les Impromptus, Méninge, Salade, Pojar, Météor
> anthologies :
Traverser (2019), Vivant(e)s (2021) (l’Aigrette)
Rage écarlate (Folazil, 2020)

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musiques de l’émission  

Kalduk – Isabelle Courroy, Confluences#1
Silent transformation – Yom & 王力 in Green Apocalypse
Earthen Straints – Kyriakos Kalaitzidis in Exil/Exile
Foi Deus – Hoje
Silent transformation (prologue) – Yom & 王力 in Green Apocalypse
Séparation – Kyriakos Kalaitzidis in Exil/Exile
Cloud Whereabouts – Fourcolour, in Curtain
Fado Portugues –
Hoje
Misty Weather – Kyriakos Kalaitzidis in Exil/Exile
Gaivota –
Hoje
Strings – Fourcolour, in Curtain
El Grito –
Hoje
Clear rain, pluie transparente – Kyriakos Kalaitzidis in Exil/Exile

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crédits photo : X, JM Barrier pour le portrait de Adeline Miermont-Giustinati
merci à Solène pour la technique !
merci à Laure-Anne Darras qui a créé notre générique…
http://soundcloud.com/les-arpenteurs-poetiques/generique-de-lemission-les-arpenteurs-poetiques

Les arpenteurs poétiques – Andrée Chedid

Les arpenteurs poétiques – Andrée Chedid


Diffusion : Jeudi 23 décembre 2021 à 19h15
Rediffusion : Dimanche 26 décembre 2021 à 11h
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une émission préparée par Coralie Poch
avec la participation de Leila Laghribi, Noée Maire, Vincent Alvernhe et Serge
Vaute-Hauw

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> Andrée Chedid
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halte poétique ‘je te poème’
entretien de Jean-Marc Barrier avec Thierry Pérémarti
>
halte poétique ‘le petit marché’
les coups de cœur des arpenteurs

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Andrée Chedid

« Je veux garder les yeux ouverts sur la cruauté du monde mais aussi célébrer la vie et tout ce qui aide à parier sur l’avenir »

Andrée Chédid est née en 1920, au croisement de plusieurs cultures. Elle a grandit au Caire dans trois langues : l’arabe, le français et l’anglais. Outre son œuvre romanesque, ses nouvelles et son théâtre, Andrée Chédid laisse derrière elle, une œuvre poétique immense qui a été récompensée par de très nombreux prix.

Sa poésie profondément humaniste appelle toujours à l’amour, à la fraternité, à la rencontre. Ce qui ne l’empêche pas de voir et de dire avec beaucoup de lucidité les souffrances et les horreurs de ce monde. Du début à la fin de son œuvre, elle crie l’espoir et la nécessité d’une  entente entre les hommes. Elle n’a de cesse de nous dire combien la vie est précieuse et combien il faut la vivre « au plus haut ». Persuadée qu’on ne peut vivre « pleinement qu’adossé à la mort » sa poésie réunit les contraires. Hantée par l’image du visage humain, elle cherche, au-delà des différences, l’universel qui rassemble. 

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un poème  

Jeunesse qui t’élances
Dans le fatras des mondes
Ne te défais pas à chaque ombre
Ne te courbe pas sous chaque fardeau
Que tes larmes irriguent
plutôt qu’elles te rongent
Garde-toi des mots qui dégradent
Garde-toi du feu qui pâlit
Ne laisse pas découdre tes songes
Ni réduire ton regard
Jeunesse entends-moi
Tu ne rêves pas en vain. 

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liens

à voix nue, un cycle de 5 émissions sur France Culture, rencontre avec Andrée Chédid animée par Catherine Pont-Humbert.
(les extraits sonores avec la voix d’Andrée Chédid sont extraits de cette émission). 

https://www.franceculture.fr/emissions/voix-nue/andree-chedid-15-hommage. 

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halte poétique ‘je te poème’ : Thierry Pérémarti

Jean-Marc Barrier a rencontré Thierry Pérémarti, qui évoque son rapport à l’écriture et au monde, et nous lit quelques poèmes.

Thierry Pérémarti, né en 1957, s’est voué à deux passions. Celle des mots, en tant que poète, auteur, traducteur ou correcteur d’épreuves ; et celle de la musique, comme journaliste, critique, ou consultant pour le numérique et l’écoute en continu. Originaire de Bordeaux, il n’a vécu que dans les grandes villes. Paris, New York, Los Angeles. Naturalisé américain après avoir immigré aux États-Unis en 1985, il réside aujourd’hui à Dallas, au Texas. Son premier recueil de poésie fut publié en 1976.

Ses livres :

Présence éveillée des fissures suivi de Enonciation du vide
éditions Abordo, 2019 ¬ Préface de Jacques Josse
« Dans le cas de Thierry Pérémarti, l’expression de la douleur l’inscrit d’emblée dans une pensée haute : l’évidence de la survie contraint cette douleur-là, vive, insupportable, à se muer en peine profonde, définitive. Au sentiment d’écartèlement entre le vide présent et l’intensité de la présence perdue, succèdent, par degrés, la conscience du néant de l’homme face à l’immuabilité des éléments du monde, puis une poignante humilité devant la mort. Images soutenues, abstraites, brisures de la phrase soulignées par la disposition typographique dans le blanc de la page soulignent un cheminement poétique obstiné vers la difficile acceptation de l’impermanence. Ainsi l’exigeante écriture de Pérémarti révèle-t-elle son attachement à une modernité conçue comme tension entre fermeté formelle et vérité propre. »

Visiting Jazz – Quand les jazzmen américains ouvrent leur porte
éditions Le mot et le reste, 2009 ¬ préface de Alex Dutilh
« Thierry Pérémarti a animé pendant dix ans, la rubrique « At home with… » pour Jazzman. L’idée consistant à rencontrer à leur domicile d’importants acteurs de l’histoire du jazz, Visiting Jazz regroupe quelques dizaines de ces entrevues menées sur les côtes ouest et est des États-Unis. Grâce à ces interviews accompagnées des photos prises par l’auteur, vous pourrez ainsi rencontrer sur le seuil de la porte, dans un canapé ou en chaussettes, les grands noms du jazz : Gato Barbieri, Ray Ellis, Chico Hamilton, Freddie Hubbard, Michel Petrucciani, Pharoah Sanders, Lalo Schifrin, Joe Zawinul… »

L’Absence intérieure
éditions Gros textes, 2018
« Suis-je la trouée aveugle / qui appelle / à soi la lumière / ce cliquetis d’étoiles / la horde fluette / porteuse de toute une histoire / ou le vœu du désert / à qui veut bien l’entendre / et si à jamais / tu étais sertie / dans ce recoin / moléculaire de mon corps / toute entière abrupte / dans mes encoches / respirantes / je n’oublie rien des ruines / à moi tout seul je suis / la surdité du ciel. »

à paraître en janvier 2022 :

Bout portant 
avec des photographies de Dimitris Gavalas
éditions la tête à l’envers, collection fibre.s

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halte poétique ‘le petit marché’ : Compartiment n°6

 

Noée Maire nous parle de ce film (Hytti Nro 6) germano-estono-russo-finlandais réalisé par Juho Kuosmanen.
C’est l’adaptation du roman du même nom paru en 2011 de l’écrivaine finlandaise Rosa Liksom.

 

 

 

 

 

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musiques de l’émission  

The feeling begins – Peter Gabriel
https://www.youtube.com/watch?v=yvjA25SPsK8

Wait by the water – Piers Faccini
https://www.youtube.com/watch?v=5vH19r7DPqE

Je dis M – Matthieu Chédid
https://www.youtube.com/watch?v=6hV-UnrC9tU

Manitoumani – Mathieu Chédid, Toumani Diabate, Fatoumata Diawara
https://www.youtube.com/watch?v=S7q5CXiwsME

Bonobo – Matthieu Chédid
https://www.youtube.com/watch?v=mgkMkxfq3lE

Saycet, Dont’ cry little girl

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crédits photo : X, Monard Nichols pour le portrait de Thierry Pérémarti
merci à Solène pour la technique !
merci à Laure-Anne Darras qui a créé notre générique…
http://soundcloud.com/les-arpenteurs-poetiques/generique-de-lemission-les-arpenteurs-poetiques

Les arpenteurs poétiques – Ana Brnardić

Les arpenteurs poétiques – Ana Brnardić

Diffusion : Jeudi 25 novembre 2021 à 19h15
Rediffusion : Dimanche 28 novembre 2021 à 11h
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une émission préparée par Jean-Marc Barrier
avec la participation de Noée Maire, Vincent Alvernhe et Serge 
Haute-Hauw

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> Ana Brnardić
>
halte poétique ‘Chaque arbre celui de mon ombre’
entretien avec Noée Maire

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Ana Brnardić

Allons dans le monde boisé et singulier d’Ana Brnardić, qui sait conjuguer profondeur des ressentis, porosité des corps et petites réalités domestiques – dressant ainsi un tableau très vif et joyeusement déroutant de notre vibration au monde. Elle dessine une cartographie nouvelle d’émotions pourtant familières.

Ana Brnardić, jeune poète croate, vient d’être éditée en français par les éditions de L’Ollave, dans sa collection domaine croate – ils sont traduits par Brankica Radić et Vanda Mikšić. 

Ses textes, sa voix nous saisissent, comme de petits contes très intimes, allusifs ; ils dessinent une cartographie nouvelle d’émotions pourtant familières. Ce mélange épicé et doux, grave et léger ouvre un nouveau chemin poétique.

une poésie née du silence

Ana Brnardić est aussi violoniste professionnelle, elle nous écrit : « Il me semble qu’une bonne
partie de mon inspiration vient de l’écoute de toutes sortes de sons, d’une présence au monde sonore (…).Ce qui est le plus excitant pour moi actuellement, c’est le silence, le silence total – où tout peut advenir. Le silence, un silence tendu, avant le son le plus ténu, le plus fragile, imparfait, quelque chose entre le bruit et le son, qui émerge et naît dans une forme rythmique – mots, vers, phrases. »

née dans plusieurs langues

Et aussi : « Quand je pense à ma vie en écriture, je réalise que j’ai toujours eu le même point de départ, enraciné dans la nature… (sans intention préalable, la plupart des titres de mes livres comportent des noms d’animaux – serpents, oiseaux – ou d’arbres). C’est l’endroit où je me sens bien et duquel, à travers mes poèmes, j’ai pu aborder tout ce qui m’est important – grandir à la campagne, la guerre, les relations en famille, la maternité, la question du langage – ; tout cela est très politique, surtout dans mon pays. J’aime avoir grandi dans un pays, la Yougoslavie, où beaucoup de langues coexistaient, semblables mais différentes en syntaxe, en vocabulaire, nuances, phrasés… (ma grand-mère serbe habitait Zagreb, et parlait un mélange de serbe et de dialecte de Zagreb). C’est un bon départ pour un poète ! Car l’opinion règne parfois qu’il faut séparer drastiquement les langues, pour ne pas perdre ce que l’on nomme « notre identité », mais quel pauvre identité cela ferait !

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un poème  

Un arbre fortuit

Je suis un arbre, un arbre fortuit pour ma fille.
Elle me touche car je suis rugueux, car j’ai des racines
avec mes cinq orteils qui sortent de terre, pour ses petits pieds.
Mes yeux sont disposés sur des feuilles, 
frémissent dans le vent
et suivent leur fille du regard.

Les filles sont des planètes ardentes et dès que les fleurs
se redressent le matin dans leur lit, ces planètes brûlent déjà entre les pétales.

Les arbres ne connaissent pas la manière
qu’ont les filles de t’aimer et de t’adopter. Ils ne font que suivre de leurs feuilles
les boules de feu qui descendent le long des tiges,
dégringolent les pentes jusqu’au ruisseau gelé, dans une nuée de petites mains.

Ma mère aussi est un arbre fortuit.
Je me lève le matin, je prépare un café
et avec ma tasse je marche sur ses racines
dans lesquelles les trains se sont éteints,
les pensées refermées, seuls deux brins d’herbe ont frémi.
Mes pieds font de la musique sur des touches froides
et je sais que c’est un bonheur ordinaire et doux.

extrait de Devant toi le jour, éditions de l’Ollave
traduction Vanda Mikšić et Brankica Radić

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le livre


« Devant toi je jour », de Anna Brnardić

vient de paraître en français aux éditions de L’Ollave,
dans la collection Domaine croate, dans une traduction de Brankica Radić et Vanda Mikšić.

Ana Brnardić écoute le monde avec une oreille musicale. Ces poèmes-partitions superposent des époques de vie, les épreuves initiatiques d’une femme, l’expérience de la nature et de l’écriture, les sons les plus infimes, les pulsations, les vibrations, la respiration.

Un livre de 62 pages, au format 15 x 21 à la française, avec un portrait photographique de l’auteure. Un choix de poèmes traduits par Vanda Mikšić, Brankica Radić.
13 euros + 4 euros de frais d’envoi | ISBN: 979-10-94279-32-8

> commander le livre : http://www.ollave.org

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écouter un poème en croate, lu par l’auteure

https://soundcloud.com/les-arpenteurs-poetiques/des-marais-par-ana-brnardic

 

 

 

 

 

 

> quelques liens vers son travail : https://hrvatskodrustvopisaca.hr/hr/clanstvo/clan/ana-brnardic

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musiques de l’émission  

They sink, Ólafur Arnalds
Armaine’s Song, Yamaneko
The Boss Bossa-Nova, Sivert Høyem, in Lioness
Reminiscence, Ólafur Arnalds & Alice Sara Ott, The Chopin Project 
Mad Rush Organ, Philip Glass & Pantha du Prince, ReWork
RebirdRicardo Villalobos & Max Loderbauer, ECM
We did it, Thomas Dybdhal
ReemergenceRicardo Villalobos & Max Loderbauer, ECM
Strange daysAn Pierlé
Rehearsal, Andrey Dergatchev, ECM Selected Signs III-VIII

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parution : Chaque arbre celui de mon ombre », de Noée Maire

Chaque arbre celui de mon ombre — Éditions Musimot / 2021
14 cm X 16 cm / 72 pages — ISBN 979-10-90536-46-3 — Prix : 15 €

« Chaque ombre est celle de ma soif / chaque arbre celui de mon ombre — deux vers pour tenter de dire mon intimité avec les arbres. Ceux de mon pays sec, et tous les autres aux feuilles plus tendres. Arbres-corps, arbres-demeures (arbres demeurent), arbres aux mots lents. Car la parole se donne dans la terre où les racines, à la verticale du ventre / fécondent le temps du rêve.

Le recueil Chaque arbre celui de mon ombre s’ouvre sur un premier mouvement nommé « La Forêt mémorielle ». Là les strates de temps se mélangent en un langage où la nature tient place, avec ses éléments, ses lieux et ses sonorités. L’angoisse n’est pas loin mais l’enfant-biche qui fuit l’ogre éternellement nourrit à même le ventre ma force de petite ; et du feuillage consolateur je m’envole avec l’oiseau.
Dans la deuxième partie intitulée « Les longues noces » j’invente des visages d’amour inscrits, écrits, dans des paysages expressifs et sensuels où chaque instant porte tous les autres tout en cherchant à s’en affranchir.

J’ai voulu rassembler un chant où la joie et la beauté existent parce qu’elles sont aussi faites de nuit ; parce que les arbres et tous les êtres poussent droit entre terre et ciel. »

Noée Maire

« Dans une respiration commune, le corps et les arbres s’écoutent, se parlent. Forêt mémorielle. On la sent, elle nous environne du poids de ses ombres… On s’enfonce avec la femme-devenue, on capte des indices, et soudain la fraîcheur d’un mot nous saisit, caillou blanc parmi les fuites et la nuit des arbres. On entend les révoltes, le sursaut de l’être, la vie qu’elle gagne, résolument. On suit les cailloux blancs parmi les fougères émeraudes. Et vient un autre, son odeur d’homme, et les noces seront longues. La plante pousse droit en elle, de grands oiseaux apparaissent, l’intimité s’est trouvée dans la solitude, comme une renouée, pour que naisse la mémoire nouvelle – celle que l’on invente. Car bien sûr, c’est ailleurs que la vie nous appelle. Dans la maison de notre amour et de notre vivacité. Là où nous mène cette immersion sensuelle au pays des rythmes – suspens, rebonds, sonorités de sous-bois – avec des mots de sève, dans la liberté qu’on se donne. »

extrait de la préface de Jean-Marc Barrier

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http://musimot.e-monsite.com/pages/poesie/a-a-e/chaque-arbre-celui-de-mon-ombre.html
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remerciements à Adrian Oproiu pour avoir enregistrer la voix d’Ana Ana Brnardić
crédits photo : Nikola Kuprešanin, Jean-Marc Barrier
merci à Solène pour la technique !
merci à Laure-Anne Darras qui a créé notre générique…
http://soundcloud.com/les-arpenteurs-poetiques/generique-de-lemission-les-arpenteurs-poetiques