Les arpenteurs poétiques – Thierry Pérémarti

Les arpenteurs poétiques – Thierry Pérémarti

Diffusion : Jeudi 25 janvier 2024 à 19h15
Rediffusion : Dimanche 28 janvier 2024 à 11h
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une émission préparée par Jean-Marc Barrier
avec la participation de Noée Maire, Coralie Poch et Vincent Alvernhe

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> Thierry Pérémarti
> halte poétique ‘les échappées obliques’ : Gorgia O’Keeffe et Laura Vazquez
> le petit marché,
les coups de cœur des arpenteurs 

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Thierry Pérémarti

Qu’il arpente les déserts ou les résonances intérieures des événements vécus, ressentis, Thierry Pérémarti creuse la langue, la pousse vers des recoins endormis. Il cherche la force du langage, ses limites, pour être au plus près.
Etabli depuis 1985 aux Etats-Unis, il a fréquenté les plus grands musiciens dans son activité de journaliste de jazz, mais aussi des peintres. Thierry Pérémarti vit à Dallas, après avoir habité New York et Los Angeles. Il a notamment publié en 2009 Visiting Jazz aux éditions Le mot et le reste, ouvrage regroupant les portraits intimes d’une centaine de musiciens.
Et c’est avec les mots qu’il plonge dans la matière de nos intériorités, mais ils sont chargés à la fois de musique et de retenue, celle des amoureux de l’authenticité.
C’est une plongée douce, avec éclats de crudité, c’est un ensorcellement feutré et tenu, une expérience où l’on se reconnaît, où l’on touche à la richesse de l’expérience de vivre, trésors et pertes, et cette ardeur qui nous prolonge. 

Né en 1957, il est l’auteur d’une quinzaine de recueils de poèmes entre 1976 et 1992, Thierry Pérémarti a collaboré en tant que chroniqueur à la revue de poésie Décharge de 1986 à 1992. Il est revenu à la poésie en 2015, et plusieurs livre sont nés, parus aux éditions Gros Textes, Abordo, La tête à l’envers, Douro, Phloème et en janvier 2024 aux Carnets du dessert de lune.

> voir son site https://thierryperemarti.com 

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un poème extrait de Un jour plus loin dans le jour

semer ou démolir
et vivre ailleurs

survivre en dedans
de tout ailleurs

d’un soi pour germer

respirer, jacent
disjoint pour se tourner
vers la montée du jour

l’aléa de l’air
qui veut et va

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dans le regard des mots
quoi s’inscrit

qui attire
le nu, ses lumières

je suis la lèvre
de tes premiers
baisers

l’ivresse meurtrie

rouverte la plaie
ne sachant
se taire

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parution de Un jour plus loin dans le jour

livre à paraître le 8 février 2024
mot de l’éditeur :
« Suivre les pas de Thierry Peremarti dans sa quête de vérité,
poème après poème, produit en nous comme un effet
vertigineux d’effacement. C’est perdre pied dans la lecture.
Chaque strophe est un commencement à neuf, où la pensée
se heurte à la grande équation qui résiste, refusant le biais de
tout expérience passée. Abandon du décorum, marche dans
l’abstrait, jusqu’au mélange des perceptions, terriblement
crues en même temps que vivantes, pour ne pas dire sauvages.
C’est l’effort de l’esprit chauffé à blanc qui voudrait embrasser
l’eau réelle de la vie, et qui chaque fois se trempe, se trompe
et recommence. »

 

 

 

 

 

 

 

 

un lien vers le livre sur le site de l’éditeur :
https://dessertdelune.com/boutique/lune-de-poche/un-jour-plus-loin-dans-le-jour/

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livres de Thierry Pérémarti

détail sur les éditions, artistes, et liens pour les acquérir : https://thierryperemarti.com/publications

 

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musiques de l’émission

Ólafur Arnalds – and we’ll leave it there… (feat. Ella McRobb) : https://www.youtube.com/watch?v=FDC3lc_5xc8

Walker, Ryuichi Sakamoto : https://www.youtube.com/watch?v=1MxvVacrT2M

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halte poétique ‘les échappées obliques’ :
Georgia O’Keeffe et Laura Vazquez

 

 

 

 

 

 

avec Laurence Bourgeois, découvrons une œuvre par la voie des ondes et écoutons en résonance des mots de l’artiste ou d’un poète.
Aujourd’hui Iris noir, une œuvre de Georgia O’Keeffe qu’accompagnent ici des textes de Laura Vazquez

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Black iris
Georgia O’Keeffe, huile sur toile 91,4 × 75,9 cm

Livre : Peindre au corps à corps, Les fleurs et Georgia O’Keeffe, Estelle Zhong Menghal, ed. Actes sud

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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En écho des poèmes de Laura Vazquez
extraits du recueil, Vous êtes de moins en moins réels, Laura Vazquez, ed. Points poésie

extrait

La lumière vient sur nous
parce que c’est un beau jour
Les dimensions aiment la lumière
Toutes les dimensions sont fortes et inoubliables
Au commencement il y eut une explosion
Et
C’est ce que j’ai cru
Chaque particule fuit
Je le sens
Que l’espace soit fini ou infini n’y change rien

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musiques

> Drosera, Myopia, Agnès Obel
> Novembre éternel, ELOI

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halte poétique ‘le petit marché’

les coups de cœur des arpenteurs…

 

 

 

 

 

 

Noée : un livre, Le Cœur pur, écrit par Sylvia Townsend Warner en 1929 (éditions Philippe Picquier)
Jean-Marc : un film, L’innocence de Hirokazu Kore-Eda,  2 h 07 mn, prix du scénario au festival de Cannes 2023.
Vincent : une chanson / Stéphane Milochevitch, Mississippi rêveur, dans le nouvel album « La Bonne Aventure » sorti le 13 octobre 2023

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les portraits de Thierry Pérémarti sont de Manny Rodriguez

merci à Corine Pagny qui a fait connaître Thierry Pérémarti à Jean-Marc Barrier
merci à Solène pour la technique
merci à Laure-Anne Darras qui a créé notre générique…
http://soundcloud.com/les-arpenteurs-poetiques/generique-de-lemission-les-arpenteurs-poetiques

 

Les arpenteurs poétiques – Askinia Mihaylova

Les arpenteurs poétiques – Askinia Mihaylova

 
Diffusion : Jeudi 28 décembre 2023 à 19h15
Rediffusion : Dimanche 31 décembre 2023 à 11h
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une émission préparée par Vincent Alvernhe
avec la participation de Noée Maire, Coralie Poch et Jean-Marc Barrier

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> Askinia Mihaylova
> halte poétique ‘les échappées obliques’ : Edi Dubien et Anna Milani

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Askinia Mihaylova

« Aksinia Mihaylova est une alchimiste. Elle s’empare de mots que nous croyons connaître, les emmène ailleurs, les plonge dans le puits de sa vie et nous les rend transfigurés. »
Nicolas Crousse, Le Soir Plus

Amoureuse de la langue française, née en Bulgarie, Askinia Mihaylova est d’abord traductrice, professeur. Parallèlement, elle commence à écrire des vers pour elle-même. Son premier recueil en bulgare paraît en 1994, elle a trente ans. L’amour, l’amour, c’est le sujet, le seul sujet.
Le lieu de tous les bonheurs et de tous les risques, de tous les dangers. Pas de mièvrerie. Des surprises, de la liberté. Les gestes simples de la vie de tous les jours en écho à la sensualité de la rencontre.

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livres en français

Ciel à  perdre (Gallimard, 2014)  Prix Apollinaire 2014
Le baiser du temps (Gallimard, 2019)  Prix Max Jacob 2020
et  Ciel à  perdre suivi de Le jardin des hommes (Poésie/Gallimard, 2021

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un poème de Askinia Mihaylova 

Le regard posé sur le ciel, la table nue.
Blanc J’étais la part féminine
de ton ombre,
celle qui pousse de ton talon gauche.
Je suivais en permanence
tes hésitations, tes peurs
je tournais habilement les rames
je me couchais dans tes pieds
ou bien liée au mat
je buvais de ton vin
et c’est ainsi que je traversais les détroits
de la tristesse. De nuit, tu me reconnaissais
tu m’appelais avec des noms différents
et me semais au fond
des entrailles féminines du hasard.
Je n’ai pas tissé de voiles,
j’ai cajolé des mots
mais les marées des mots sont versatiles ;
maintenant je ne suis ni l’eau
ni la terre ferme
ni la maison
où tu peux revenir.

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pour aller plus loin

l’émission « Ça rime à quoi » :
https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/ca-rime-a-quoi/aksinia-mihaylova-pour-ciel-a-perdre-7884920

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halte poétique ‘les échappées obliques’ : Edi Dubien et Anna Milani

 

 

 

 

 

 

 

avec Laurence Bourgeois, découvrons une œuvre par la voie des ondes et écoutons en résonance des mots de l’artiste ou d’un poète.
Aujourd’hui Premier jour, une œuvre d’Edi Dubien qu’accompagnent ici des textes de Anna Milani.

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Premier jour
Crayon aquarelle et acrylique sur papier, 105 x 75 cm, 2018

Livre : Edi Dubien. L’homme aux mille natures, ed.musée d’Art contemporain de Lyon
France inter : Edi Dubien, poétique de l’infinie tendresse
https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-heure-bleue/l-heure-bleue-du-jeudi-23-mars-2023-8495798

 

 

 

 

 

 

 

 

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En écho des poèmes D’Anna Milani
extraits de Géographie des steppes et des lisières, ed. Cheyne

extrait

Un oiseau a niché dans mon dos, sous
l’épaule gauche, entre l’omoplate et la
septième vertèbre dorsale. Depuis le
commencement de cette cohabitation, je
me questionne sur la nature hybride de
mon corps. Je regarde le ciel avec un air
de connivence. Je me tourne souvent pour
adopter la perspective de l’oiseau. J’aimerais
l’interroger sur les raisons d’un choix aussi insolite
pour l’emplacement d’un nid.
Mais nous n’avons pas d’occasion d’entretien.
Je réalise, tout de même, que porter
dans une région de mon corps l’abri d’un oiseau,
fait soudain de ma personne un lieu sûr.

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musiques

> The Glass House, Ryuichi Sakamoto, Alva Noto
> Nuit Forêt, Laura Cahen

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merci à Solène pour la technique
merci à Laure-Anne Darras qui a créé notre générique…
http://soundcloud.com/les-arpenteurs-poetiques/generique-de-lemission-les-arpenteurs-poetiques

 

Les arpenteurs poétiques – Les Ailes du désir

Les arpenteurs poétiques – Les Ailes du désir

 
Diffusion : Jeudi 23 novembre 2023 à 19h15
Rediffusion : Dimanche 26 octobre 2023 à 11h
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une émission préparée par Noée Maire
avec la participation de Coralie Poch, Jean-Marc Barrier et Vincent Alvernhe

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> Les ailes du désir ¬ Wim Wenders – Peter Handke
>
halte poétique ‘je te poème’
Jean-Marc Barrier va à la rencontre de Niklovens Fransaint
>
halte poétique ‘le petit marché’, les coups de cœur des arpenteurs

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Les Ailes du désir

Faire une émission de radio sur un film ? Donner à entendre les textes, la musique, et laisser de côté les images est sans aucun doute réducteur, mais le projet prend sens quand on entend les poèmes et les dialogues du film Les Ailes du désir, réalisé par Wim Wenders en 1987, et co-écrit avec l’écrivain Peter Handke. Car, tout simplement, ces textes « se tiennent », même seuls.

Le film Les Ailes du désir a été tourné à Berlin quand le mur coupait encore la ville. Les personnages principaux sont Damiel et Cassiel, deux anges bienveillants mais impuissants devant la douleur et le mal, seulement comptables en quelque sorte de ce qu’ils observent. Il y a aussi Marion, une trapéziste française, celle dont Damiel tombe amoureux et qui cause sa chute parmi les hommes, et Peter Falk, l’acteur américain du célèbre feuilleton Colombo, ici dans son propre rôle ; ou encore un lecteur de la bibliothèque nommé Homère, et ce n’est pas un hasard … On entend aussi la voix intérieure d’une foule d’anonymes que les anges écoutent. Le film est lyrique, beau – inoubliable.

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Les Ailes du désir

2h 08min / 1987 film de Wim Wenders, de Peter Handke et Wim Wenders
avec Bruno Ganz, Solveig Donmartin et Otto Sander

 

 

 

 

 

 

 

 

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le poème qui ouvre le film

Lorsque l’enfant était enfant,
il marchait les bras ballants,
il voulait que le ruisseau soit rivière
et la rivière, fleuve
que cette flaque soit la mer.
Lorsque l’enfant était enfant,
il ne savait pas qu’il était enfant,
tout pour lui avait une âme
et toutes les âmes étaient une.
Lorsque l’enfant était enfant,
il n’avait d’opinion sur rien,
il n’avait pas d’habitudes,
il s’asseyait souvent en tailleur,

démarrait en courant
avait une mèche rebelle
et ne faisait pas de mines quand on le
photographiait.

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le monologue d’Homère

Le monde paraît se noyer dans le crépuscule, mais je le raconte comme au début, dans ma monodie, qui me soutient, par le récit épargné des troubles du présent et protégé de l’avenir.
C’en est fini du grand souffle de jadis, du va-et-vient à travers les siècles. Je ne peux plus penser qu’au jour le jour.
Mes héros ne sont plus les guerriers et les rois, mais les choses de la paix, toutes égales entre elles.
Les oignons qui sèchent valant le tronc d’arbre qui traverse le marécage.
Mais nul n’a encore réussi à chanter une épopée de la paix. Pourquoi la paix ne peut-elle pas exalter, à la longue, ne se laisse-t-elle pas raconter ?
Renoncer ?
Si je renonce l’humanité perdra son conteur […]

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extraits de la bande originale du film

– Musique de Jürgen Knieper https://www.youtube.com/watch?v=FCtCclkUhxA
– Musique de Jürgen Knieper https://www.youtube.com/watch?v=-en2RocUV3I&list=PLUHln_JM0qnKUlOSvpanWBO32nzpRdFWq&index=5
– Crime and the City Solution « Six Bells Chime » https://www.youtube.com/watch?v=JPYQTHglLZ4
– Musique de Jürgen Knieper https://www.youtube.com/watch?v=EqB-Ibi0A4M
– Nick Cave and the bad seeds « From her to eternity » https://www.youtube.com/watch?v=mGOavpn7sbo
-Nick Cave & The Bad Seeds – Henry Lee ft. P.J Harvey https://www.youtube.com/watch?v=QzmMB8dTwGs

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halte poétique ‘je te poème’
Niklovens Fransaint


au Havre, en mars 2023, Jean-Marc Barrier a rencontré Niklovens Fransaint, poète et éditeur à Montpellier.

Niklovens Fransaint est né en 1996, à l’Estère, en Haïti. Récipiendaire du Prix Léopold Sédar Senghor 2018 et 2020 décerné par Africa Solidarietà, il vit en France depuis 2019. Il a contribué à diverses anthologies et revues. Il participe à L’Appeau’Strophe, une association et édition de poésie basées à Montpellier, en tant que poète et éditeur.

 

 

bibliographie

Ce bruit que fait vivre, L’Appeau’Strophe Éditions, Septembre 2022
Délit d’ombre, Éditions Unicité, Janvier 2023

traduction

Kalonnen de Ricardo Hyppolite, traduit Lapidation, L’Appeau’Strophe Éditions, Avril 2023

prix et distinctions 

Concours Poésie en liberté : Troisième prix palmarès des lycéens étrangers, 2017
Prix spécial Dis-moi dix mots, 2017
Premier prix palmarès des étudiants étrangers, 2019
Prix International de poésie Léopold Sédar Senghor : Premier prix en 2018, Deuxième prix en 2020
Premier prix au concours international de poésie Matiah Eckhard, 2018
Troisième prix Alphonse de Lamartine aux Jeux Floraux du Béarn, 2020

https://www.facebook.com/lorvens.fransaint/?locale=ms_MY
https://www.instagram.com/niklovensfr/?hl=fr
https://www.lappeaustrophe.com/

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halte poétique ‘le petit marché’

Vincent Alvernhe évoque…
It’s another nigth
. sur l’album : Can we do tomorrow another day ? de Galen & Paul

 

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merci à Solène pour la technique !
merci à Laure-Anne Darras qui a créé notre générique…
http://soundcloud.com/les-arpenteurs-poetiques/generique-de-lemission-les-arpenteurs-poetiques

Les arpenteurs poétiques – Sonate d’automne

Les arpenteurs poétiques – Sonate d’automne

 
Diffusion : Jeudi 26 octobre 2023 à 19h15
Rediffusion : Dimanche 29 octobre 2023 à 11h
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une émission préparée par Noée Maire,
Coralie Poch, Jean-Marc Barrier et Vincent Alvernhe

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> Sonate d’automne
Noée Maire > Ocean Vuong, Gracela Baquero Ruibal,
Valérie Rouzeau, Dominique Maurizi, Jane Hirshfield
Jean-Marc Barrier > Roberto Juarroz, Antonio Ramos Rosa
Coralie Poch > Andreane Frenette-Vallières, Vanessa Courville
Vincent Alvernhe > Amanda Chong

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Sonate d’automne
poèmes aimés des arpenteurs

Une émission un peu différente, où chaque arpenteurs capte ce qui lui chante, qu’il a envie de partager. Ainsi Coralie Poch évoque avec Vanessa Courville  et Andréane Frenette-Vallières un rapport intime à la nature et la sororité féminine et Jean-Marc Barrier lit Roberto Juarroz et Antonio Ramos Rosa, qui parlent d’écoute et d’écriture, des échanges puissants entre l’intériorité et le monde. Noée Maire nous fera entendre Ocean Vuong, Gracela Baquero Ruibal, Valérie Rouzeau,  Dominique Maurizi et Jane Hirshfield, sur le thème de la famille. et Vincent Alvernhe nous fait découvrir  les poèmes forts et intimes  de Amanda Chong, poète de Singapour.
Quatre angles pour aborder la saison dans la belle diversité de voix ardentes.

 

 

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textes extraits de

Ciel de nuit blessé par balles, Ocean Vuong, éditions Mémoire d’encrier
Chroniques d’oubli, Gracela Baquero Ruibal, éditions Al Manar 2019
Pas revoir, Valérie Rouzeau, éditions La petite vermillon 2010
Septième rive, Dominique Maurizi, éditions La Tête à l’envers 2016
Come, thief / Viens, voleur, Jane Hirshfield, éditions Phloème 2018

Poésie verticale, Roberto Juarroz, éditions Corti
Animal regard, A la table du vent, Le livre de l’ignorance,
Respirer l’ombre vive
, Antonio Ramos Rosa, éditions Lettres vives
(traduction Michel Chandeigne)

Sestrales de Andréane Frenette-Vallières, éditions du noroît
Les miraculeuses de Vanessa Courville, éditions du noroît

Amanda Chong, in revue en ligne Catastrophes

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merci à Solène pour la technique
merci à Laure-Anne Darras qui a créé notre générique…
http://soundcloud.com/les-arpenteurs-poetiques/generique-de-lemission-les-arpenteurs-poetiques

 

Les arpenteurs poétiques – Svetlana Alexievitch et Marina Tsvetaïeva

Les arpenteurs poétiques – Svetlana Alexievitch et Marina Tsvetaïeva

Diffusion : Jeudi 28 septembre 2023 à 19h15
Rediffusion : Dimanche 1er octobre 2023 à 11h

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cette émission diffusée en juin 2023 a été remixée : elle vous est proposée à nouveau dans ce nouveau format
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une émission préparée par Noée Maire
avec la participation de Coralie Poch, Serge Vaute-Hauw et Vincent Alvernhe

sommaire
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> Svetlana Alexievitch
> halte poétique ‘je te poème’ : Audomaro Hidalgo
>
halte poétique ‘le petit marché’, les coups de cœur des arpenteurs 

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Svetlana Alexievitch : La fin de l’homme rouge
poèmes de Marina Tsvetaïeva

Ce mois-ci, le cœur des arpenteurs bat au rythme de l’âme de la grande culture russe avec deux de ses voix: Svetlana Alexievitch, Biélorusse et Ukrainienne, qui a écrit en 2013 La Fin de l’homme rouge, ou le temps du désenchantement, et la poète Marina Tsétaïéva, morte en 1941. A travers la première, ce sont les voix du « peuple rouge » qui se font entendre, car Svletana Alexievitch écrit des livres de témoignage dans lesquels ceux qu’elle rencontre racontent leur vie, les petits riens, l’amour surtout, et derrière on devine la grande histoire, celle effroyablement violente de l’empire soviétique et de son effondrement.

Mon parti-pris a été de sélectionner dans les 676 pages du livre, uniquement des paroles de femmes, et uniquement celles qui les reliaient à la beauté du monde et au sens de la vie. La guerre, la torture, les génocides, la souffrance inouïe de ces gens sont bien dans le livre, et s’ils n’apparaissent dans l’émission qu’au détour d’une phrase, d’un mot parfois, on les devine.

Svetlana Alexievitch a reçu le prix Nobel de littérature en 2015. Dans son discours et sur le modèle de Flaubert qui se voyait « homme-plume », elle se dit « femme-oreille » : « Je suis à la recherche d’une langue. Les hommes ont beaucoup de langues : celle dans laquelle on parle aux enfants, celle dans laquelle on parle d’amour … Et puis la langue dans laquelle nous nous parlons à nous-mêmes, dans laquelle nous tenons des conversations intérieures […] J’aime la façon dont parlent les gens … J’aime les voix humaines solitaires. C’est ce que j’aime le plus, c’est ma passion.

Elle livre aussi son propre témoignage : « Je ne suis pas toute seule sur cette tribune, je suis entourée de voix, de centaines de voix, elles sont toujours avec moi. Depuis mon enfance. Je vivais à la campagne. Nous, les enfants, nous aimions bien jouer dehors, mais le soir nous étions attirés, comme par un aimant, par les bancs sur lesquels les vieilles babas fatiguées se rassemblaient près de leurs maisons […] Notre monde à nous, les enfants de l’après-guerre, était un monde de femmes. Je me rappelle surtout que les femmes parlaient non de la mort, mais de l’amour. Elles racontaient comment elles avaient dit adieu pour la dernière fois à ceux qu’elles aimaient, comment elles les avaient attendus et les attendaient encore. Les années avaient passé, et elles attendaient toujours : « il peut revenir sans bras, sans jambes, du moment qu’il revient … Je le porterai … Sans bras… Sans jambes …Je crois que j’ai su dès l’enfance ce que c’est que l’amour. »

Quant à Marina Tsétaïéva, elle aussi a été victime de la violence qui a secoué la Russie dans la première moitié du XX siècle, et même si lors de la révolution de 1917 elle avait choisi le camp des Blancs, elle m’a semblé tellement proche des témoignages de ces « femmes rouges ». Elle illustre cette phrase que Svetlana Alexievitch rapporte : La vie en Russie doit être féroce et sordide, du coup, l’âme s’élève, elle prend conscience qu’elle n’est pas de ce monde.

Noée Maire

 

 

 

 

 

 

 

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un poème de Marina Tsvetaïeva  

Refus d’être. De suivre.
Asile des non-gens :
Je refuse d’y vivre.
Avec des loups régents

Des rues – hurler : refuse.
Quant aux requins des plaines –
Non ! – Glisser : je refuse –
Le long des dos en chaîne.

Oreilles obstruées,
Et mes yeux voient confus.
A ton monde insensé
Je ne dis que : refus.

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musiques de l’émission

Tchaïkovsky, Roméo et Juliette ouverture fantastique
Dakhabrakha, album Yahudky n°9
Short Paris, This is Moscow speaking
(Short Paris est un groupe russe qui questionne l’identité russe)
Dakhabrakha, Yahudky
Dakhabrakha, Alambari
Dakhabrakha, Ya Siv Ne V Toy Lutak
Clara Ysé, Soldat
Dakhabrakha, Dibrova

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halte poétique ‘je te poème’ : Audomaro Hidalgo

Jean-Marc Barrier a rencontré ce poète mexicain lors d’un festival de poésie au Havre… Nous le découvrons en quelques poèmes,
et quelques réponses, juste avant la parution de son prochain livre Les desseins de l’intempérie, éditions Phloème.

Audomaro Hidalgo (Villahermosa, Tabasco, 1983).
Poète, essayiste et traducteur mexicain. Il a publié Incision (éditions Phloème, 2022), Sajadura (Enésima, 2022), Madre saturno (SCT, 2020), Pequeña historia de la destrucción (Circulo de Poesía/Valparaíso, 2017), et El fuego de las noches (IEC, 2012). Il a traduit Medea de Pascal Quignard, Apocalypse pour notre temps de Yves Ouallet, et il est aussi l’auteur de l’anthologie El gallo y la serpiente. Poesía francesa actual. 1967-1990. Ses poèmes ont été inclus dans les anthologies Muestra de literatura joven de México, Antología de poesía contemporánea. México-Colombia; Antología de Jóvenes Creadores del FONCA et 20 años de poesía joven en México. Il a été boursier de la Fondation pour les Lettres Mexicaines, du Fond National pour la Culture et les Arts, du Fond de l’Etat pour la Culture et les Arts de Tabasco, du Programme d’Appui pour la Création et le Développement Artistique et du Programme Académique de l’Union des Universités de l’Amérique-Latine. Il a obtenu le Prix de Poésie «José Carlos Becerra» 2013 et le Prix National de Poésie «Juana de Asbaje» 2010. Il a étudié la Littérature Hispanoaméricaine à l’Université National du Littoral, à Santa Fe, en Argentine. Il est diplômé du Master en Lettres, Arts et Langues de l’Université du Havre. Il vit en France depuis six ans.

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un poème de Audomaro Hidalgo

Pájaros

Pájaros en el centro del verano,
profusos como un paisaje de mástiles,
cantando cerca pero lejos.
Marinos y terrestres pájaros,
sombríos y solares,
fugitivos, errantes, estacionarios.
Pájaros pendencieros
al fondo de mi sangre.
Bandadas de colores y de nombres:
pájaros de papel colmando
el cielo policromo de mi infancia.
Pájaros de placer que rozan
con su caliente sombra
las cinturas desnudas de la tierra;
un oleaje oscuro de pájaros
como una mano abierta,
posada en la blancura de tu vientre.
Pájaros más incandescentes que las galaxias,
más altivos que el fuego de los astros,
cantando cerca pero lejos.
Pájaros que desgarran,
pliegan el tiempo en cada aleteo,
viaja con ellos el espacio:
pájaros en el mar normando,
desde el Golfo de México vinieron
puntuales a las cinco de la tarde.
Pájaros que me buscan o que busco,
no importa, da lo mismo,
espero siempre, paciente los escucho.
Oigo sus vuelos entre dos siglos,
en una calle donde estuve
y que hoy me sale al paso en otra calle.
Pájaros engendrados por mi deseo,
colgados del alambre del horizonte
eléctrico, filoso, deslumbrante.
En la hora ardiente del verano
mi ser de pájaro con ellos canta.

Oiseaux

Oiseaux en plein cœur de l’été,
profus comme un paysage de mâts,
si près mais au loin chantant.
Oiseaux marins et terrestres,
sombres et solaires,
fugitifs, errants, stationnaires.
Oiseaux querelleurs
au fond de mon sang.
Nuée de couleurs et de noms:
oiseaux en papier remplissant
le ciel polychrome de mon enfance.
Oiseaux de plaisir frôlant
de leur ombre chaude
les hanches nues de la terre ;
houle obscure d’oiseaux
comme une main ouverte,
posée sur la blancheur de ton ventre.
Oiseaux plus incandescents que les galaxies,
plus fiers que le feu des astres,
si près mais au loin chantant.
Oiseaux qui déchirent,
plient le temps à chaque battement d’ailes,
voyage avec eux l’espace :
oiseaux sur la mer normande
arrivés du Golfe du Mexique
précis à cinq heures de l’après-midi.
Oiseaux qui me cherchent ou que je cherche,
qu’importe, c’est du pareil,
toujours j’attends, patient je les écoute.
J’entends leurs vols entre deux siècles,
dans une rue que j’ai parcourue
et qui dans une autre résonne aujourd’hui en moi.
Oiseaux engendrés par mon désir,
suspendus au fil de l’horizon
électrique, vif, éclatant.
À l’heure brûlante de l’été
mon être d’oiseau chante avec eux.

Traduit par Gaëtane Muller Vasseur

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merci à Solène pour la technique
merci à Laure-Anne Darras qui a créé notre générique…
http://soundcloud.com/les-arpenteurs-poetiques/generique-de-lemission-les-arpenteurs-poetiques

 

Les arpenteurs poétiques – Alen Brlek

Les arpenteurs poétiques – Alen Brlek

 
Diffusion : Jeudi 27 octobre 2022 à 19h15
Rediffusion : Dimanche 30 octobre 2022 à 11h
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une émission préparée par Jean-Marc Barrier
avec la participation de Serge Vaute-Hauw et Vincent Alvernhe

sommaire
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> Alen Brlek
>
halte poétique ‘je te poème’
Jean-Marc Barrier va à la rencontre de Martine Audet
>
halte poétique ‘le petit marché’, les coups de cœur des arpenteurs

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Alen Brlek

Alen Brlek a 34 ans, il est auteur de recueils de poèmes : Métalmorphoses (2015), Silence primordial (2017) et Sang (2019).
Il a été primé plusieurs fois et ses poèmes sont traduits en une dizaine de langues.
Beaucoup d’ellipses dans ses poèmes, des raccourcis qui ouvrent à une rêverie que le lecteur nourrit de lui-même. Et une sorte de rage calme qui s’oppose. A quoi ? Peut-être à une approche distraite de la vie, ou à une forme de consentement passif à l’état des choses, une ignorance du brillant des instants.

Monika Herceg écrit sur la quatrième de couverture de Théories nocturnes : « La poésie d’Alen Brlek est un événement de la langue, d’un minimalisme et d’une parcimonie verbale qui rendent palpable une posture méditative, une profondeur émotionelle, et même un sentiment de gratitude. Quelle a été l’impulsion pour une telle écriture ? Certainement une écoute attentive de la vie, perceptible dans chaque vers d’Alen Brlek ; il est jardinier, celui qui cultive, mais aussi celui qui se consacre à la terre en tant que métaphore permanente des phrases. Il est aussi révolutionnaire, il fait un « croche-pied à l’Etat, à Google », profondément convaincu que notre capacité d’amour est ce qui nous sauvera, que nous sommes tous liés les uns aux autres, que nous avons une responsabilité et que le temps est venu de « verser les humains dans les humains ». Sa poésie est à la fois tendre et curative, mais aussi un appel permanent à la révolte, non par les armes, mais à la révolte par l’attention portée les uns aux autres. »

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un poème

Aujourd’hui c’est dimanche, je respire terriblement mou
tel un cerf une flèche dans le cou. C’est là que
des milliers de chiens de chasse se précipitent dans mes bras.
Le matin je lis le silence des oiseaux ensommeillés, le bruit
de la vaisselle toujours en rapport avec l’espace entre deux sujets
la vue du balcon présente la même distance.
À midi je regarde dans la glace et je répète
– tout est rêve, tout est rêve.
Plus tard je lis en profondeur ce qui est dit, j’attends les symboles
et les symbioses, et encore quelques s. Comme suite, comme
sourire, sommeil
solution.
Le soir je lis des articles sur des gens qui fuient les guerres
et la faim sur la mort de la poésie et la mer, je pleure
et tout penche vers le bleu. Aujourd’hui c’est dimanche,
je te devine dans tout,
je t’attends dans tout. 

extrait du livre Théories nocturnes, éditions de l’Ollave, collection Domaine croate
http://www.ollave.org

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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halte poétique ‘je te poème’
Martine Audet


à Paris, lors du Marché de la poésie en juin 2022
Jean-Marc Barrier a rencontré Martine Audet, à qui une émission des 
arpenteurs a déjà été consacrée.

Voix incontournable de la poésie actuelle,Martine Audet a publié, depuis 1996, une douzaine de livres de poésie, principalement aux Éditions du Noroît et à l’Hexagone, ainsi que deux albums pour enfants. Certains de ses poèmes ont été traduits en anglais, catalan, espagnol, italien, tchèque et allemand. Entre autres distinctions, elle a reçu les prix Alain-Grandbois et Estuaire et a été finaliste à de nombreux prix dont le Gouverneur Général et le Grand prix du livre de la Ville de Montréal. Elle est membre de l’Académie des lettres du Québec.

Elle nous parle de son écriture, nous lit des extraits de son livre La société des cendres, suivi de Des lames entières, éd. du Noroît, 2019, livre qui a recç le prix du Gouverneur général 2020 et le Grand prix Québecor (ex-aequo) 2020 du Festival international de la poésie de Trois-Rivières.

« Suie, pleurs, étoiles, neiges et quelques floraisons, le poème n’est-il pas, comme les cendres, ce que l’on recueille avant la dispersion? Et le geste, le souffle du poète, celui d’un laveur/laveuse de cendres?
Dans un enchaînement de glissements, de heurts et d’abandons, et sans jamais éviter le cœur, les poèmes de La société des cendres tentent de dégager l’empreinte, volatile certes, mais néanmoins fascinante, des tumultes, éclats et mystères de notre présence autant que de notre absence à l’autre et au monde.
La deuxième partie, Des lames entières (d’abord paru en livre d’artiste avec des gravures de François-Xavier Marange), s’attarde, quant à elle, à ce qui construit ou entrave les mouvements parfois tranchants, parfois de fond, du comment être, à même la perte et ses souffrances, pour ouvrir un passage, entre désir et peur, à de possibles métamorphoses. »

 

https://lenoroit.com/poetes/martine-audet/

https://www.lyrikline.org/fr/poemes/dans-lattente-des-couleurs-4968#.UnK5xoURuCo

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halte poétique ‘le petit marché » 

Vincent : Nous écoutons Lily.

 

 

 

 

 

 

Chanson nichée au milieu du dernier disque de Bill Callahan YTI⅃AƎЯ. (oct 2022). C’est le 19e album de l’américain, artiste prolixe et rarement décevant.
« Un des plus beaux morceaux est sans doute Lily, une “death song”, chanson tombeau écrite pour l’aimé : c’est une ballade à la guitare, un peu à la Léonard Cohen, mais augmentée de sons bidouillés comme Bill Callahan en a beaucoup enregistrés à ses débuts, et surtout la chanson est trouée de silences, manière de suspendre l’écoute, d’obliger à une attention plus soutenue. »
Lucile Commeaux France Culture

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merci à Solène pour la technique !
merci à Laure-Anne Darras qui a créé notre générique…
http://soundcloud.com/les-arpenteurs-poetiques/generique-de-lemission-les-arpenteurs-poetiques

 

Les arpenteurs poétiques – Svetlana Alexievitch et Marina Tsvetaïeva

Les arpenteurs poétiques – Svetlana Alexievitch et Marina Tsvetaïeva

 
Diffusion : Jeudi 22 juin 2023 à 19h15
Rediffusion : Dimanche 25 juin 2023 à 11h
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une émission préparée par Noée Maire
avec la participation de Coralie Poch, Serge Vaute-Hauw et Vincent Alvernhe

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> Svetlana Alexievitch
> halte poétique ‘je te poème’ : Audomaro Hidalgo
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halte poétique ‘le petit marché’, les coups de cœur des arpenteurs 

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La Fin de l’homme rouge
de Svetlana Alexievitch
poèmes de Marina Tsvetaïeva

Ce mois-ci, le cœur des arpenteurs bat au rythme de l’âme de la grande culture russe avec deux de ses voix: Svetlana Alexievitch, Biélorusse et Ukrainienne, qui a écrit en 2013 La Fin de l’homme rouge, ou le temps du désenchantement, et la poète Marina Tsétaïéva, morte en 1941. A travers la première, ce sont les voix du « peuple rouge » qui se font entendre, car Svletana Alexievitch écrit des livres de témoignage dans lesquels ceux qu’elle rencontre racontent leur vie, les petits riens, l’amour surtout, et derrière on devine la grande histoire, celle effroyablement violente de l’empire soviétique et de son effondrement.

Mon parti-pris a été de sélectionner dans les 676 pages du livre, uniquement des paroles de femmes, et uniquement celles qui les reliaient à la beauté du monde et au sens de la vie. La guerre, la torture, les génocides, la souffrance inouïe de ces gens sont bien dans le livre, et s’ils n’apparaissent dans l’émission qu’au détour d’une phrase, d’un mot parfois, on les devine.

Svetlana Alexievitch a reçu le prix Nobel de littérature en 2015. Dans son discours et sur le modèle de Flaubert qui se voyait « homme-plume », elle se dit « femme-oreille » : « Je suis à la recherche d’une langue. Les hommes ont beaucoup de langues : celle dans laquelle on parle aux enfants, celle dans laquelle on parle d’amour … Et puis la langue dans laquelle nous nous parlons à nous-mêmes, dans laquelle nous tenons des conversations intérieures […] J’aime la façon dont parlent les gens … J’aime les voix humaines solitaires. C’est ce que j’aime le plus, c’est ma passion.

Elle livre aussi son propre témoignage : « Je ne suis pas toute seule sur cette tribune, je suis entourée de voix, de centaines de voix, elles sont toujours avec moi. Depuis mon enfance. Je vivais à la campagne. Nous, les enfants, nous aimions bien jouer dehors, mais le soir nous étions attirés, comme par un aimant, par les bancs sur lesquels les vieilles babas fatiguées se rassemblaient près de leurs maisons […] Notre monde à nous, les enfants de l’après-guerre, était un monde de femmes. Je me rappelle surtout que les femmes parlaient non de la mort, mais de l’amour. Elles racontaient comment elles avaient dit adieu pour la dernière fois à ceux qu’elles aimaient, comment elles les avaient attendus et les attendaient encore. Les années avaient passé, et elles attendaient toujours : « il peut revenir sans bras, sans jambes, du moment qu’il revient … Je le porterai … Sans bras… Sans jambes …Je crois que j’ai su dès l’enfance ce que c’est que l’amour. »

Quant à Marina Tsétaïéva, elle aussi a été victime de la violence qui a secoué la Russie dans la première moitié du XX siècle, et même si lors de la révolution de 1917 elle avait choisi le camp des Blancs, elle m’a semblé tellement proche des témoignages de ces « femmes rouges ». Elle illustre cette phrase que Svetlana Alexievitch rapporte : La vie en Russie doit être féroce et sordide, du coup, l’âme s’élève, elle prend conscience qu’elle n’est pas de ce monde.

Noée Maire

 

 

 

 

 

 

 

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un poème de Marina Tsvetaïeva  

Refus d’être. De suivre.
Asile des non-gens :
Je refuse d’y vivre.
Avec des loups régents

Des rues – hurler : refuse.
Quant aux requins des plaines –
Non ! – Glisser : je refuse –
Le long des dos en chaîne.

Oreilles obstruées,
Et mes yeux voient confus.
A ton monde insensé
Je ne dis que : refus.

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musiques de l’émission

Tchaïkovsky, Roméo et Juliette ouverture fantastique
Dakhabrakha, album Yahudky n°9
Short Paris, This is Moscow speaking
(Short Paris est un groupe russe qui questionne l’identité russe)
Dakhabrakha, Yahudky
Dakhabrakha, Alambari
Dakhabrakha, Ya Siv Ne V Toy Lutak
Clara Ysé, Soldat
Dakhabrakha, Dibrova

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halte poétique ‘je te poème’ : Audomaro Hidalgo

Jean-Marc Barrier a rencontré ce poète mexicain lors d’un festival de poésie au Havre… Nous le découvrons en quelques poèmes,
et quelques réponses, juste avant la parution de son prochain livre Les desseins de l’intempérie, éditions Phloème.

Audomaro Hidalgo (Villahermosa, Tabasco, 1983).
Poète, essayiste et traducteur mexicain. Il a publié Incision (éditions Phloème, 2022), Sajadura (Enésima, 2022), Madre saturno (SCT, 2020), Pequeña historia de la destrucción (Circulo de Poesía/Valparaíso, 2017), et El fuego de las noches (IEC, 2012). Il a traduit Medea de Pascal Quignard, Apocalypse pour notre temps de Yves Ouallet, et il est aussi l’auteur de l’anthologie El gallo y la serpiente. Poesía francesa actual. 1967-1990. Ses poèmes ont été inclus dans les anthologies Muestra de literatura joven de México, Antología de poesía contemporánea. México-Colombia; Antología de Jóvenes Creadores del FONCA et 20 años de poesía joven en México. Il a été boursier de la Fondation pour les Lettres Mexicaines, du Fond National pour la Culture et les Arts, du Fond de l’Etat pour la Culture et les Arts de Tabasco, du Programme d’Appui pour la Création et le Développement Artistique et du Programme Académique de l’Union des Universités de l’Amérique-Latine. Il a obtenu le Prix de Poésie «José Carlos Becerra» 2013 et le Prix National de Poésie «Juana de Asbaje» 2010. Il a étudié la Littérature Hispanoaméricaine à l’Université National du Littoral, à Santa Fe, en Argentine. Il est diplômé du Master en Lettres, Arts et Langues de l’Université du Havre. Il vit en France depuis six ans.

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un poème de Audomaro Hidalgo

Pájaros

Pájaros en el centro del verano,
profusos como un paisaje de mástiles,
cantando cerca pero lejos.
Marinos y terrestres pájaros,
sombríos y solares,
fugitivos, errantes, estacionarios.
Pájaros pendencieros
al fondo de mi sangre.
Bandadas de colores y de nombres:
pájaros de papel colmando
el cielo policromo de mi infancia.
Pájaros de placer que rozan
con su caliente sombra
las cinturas desnudas de la tierra;
un oleaje oscuro de pájaros
como una mano abierta,
posada en la blancura de tu vientre.
Pájaros más incandescentes que las galaxias,
más altivos que el fuego de los astros,
cantando cerca pero lejos.
Pájaros que desgarran,
pliegan el tiempo en cada aleteo,
viaja con ellos el espacio:
pájaros en el mar normando,
desde el Golfo de México vinieron
puntuales a las cinco de la tarde.
Pájaros que me buscan o que busco,
no importa, da lo mismo,
espero siempre, paciente los escucho.
Oigo sus vuelos entre dos siglos,
en una calle donde estuve
y que hoy me sale al paso en otra calle.
Pájaros engendrados por mi deseo,
colgados del alambre del horizonte
eléctrico, filoso, deslumbrante.
En la hora ardiente del verano
mi ser de pájaro con ellos canta.

Oiseaux

Oiseaux en plein cœur de l’été,
profus comme un paysage de mâts,
si près mais au loin chantant.
Oiseaux marins et terrestres,
sombres et solaires,
fugitifs, errants, stationnaires.
Oiseaux querelleurs
au fond de mon sang.
Nuée de couleurs et de noms:
oiseaux en papier remplissant
le ciel polychrome de mon enfance.
Oiseaux de plaisir frôlant
de leur ombre chaude
les hanches nues de la terre ;
houle obscure d’oiseaux
comme une main ouverte,
posée sur la blancheur de ton ventre.
Oiseaux plus incandescents que les galaxies,
plus fiers que le feu des astres,
si près mais au loin chantant.
Oiseaux qui déchirent,
plient le temps à chaque battement d’ailes,
voyage avec eux l’espace :
oiseaux sur la mer normande
arrivés du Golfe du Mexique
précis à cinq heures de l’après-midi.
Oiseaux qui me cherchent ou que je cherche,
qu’importe, c’est du pareil,
toujours j’attends, patient je les écoute.
J’entends leurs vols entre deux siècles,
dans une rue que j’ai parcourue
et qui dans une autre résonne aujourd’hui en moi.
Oiseaux engendrés par mon désir,
suspendus au fil de l’horizon
électrique, vif, éclatant.
À l’heure brûlante de l’été
mon être d’oiseau chante avec eux.

Traduit par Gaëtane Muller Vasseur

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merci à Solène pour la technique
merci à Laure-Anne Darras qui a créé notre générique…
http://soundcloud.com/les-arpenteurs-poetiques/generique-de-lemission-les-arpenteurs-poetiques

 

Les arpenteurs poétiques – Milène Tournier

Les arpenteurs poétiques – Milène Tournier


 
Diffusion : Jeudi 25 mai 2023 à 19h15
Rediffusion : Dimanche 28 mai 2023 à 11h
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une émission préparée par Vincent Alvernhe
avec la participation de Noée Maire, Coralie Poch et Jean-Marc Barrier

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> Milène Tournier
>
halte poétique ‘les échappées obliques’ : Pier Paolo Pasolini et Ernest Pignon-Ernes

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Milène Tournier

Milène Tournier est une marcheuse. Entre 20 et 30 kilomètres par jour… dans la ville… et elle écrit :  L’Autre jour, Je t’aime comme,
Se coltiner grandir, Ce que m’a soufflé la ville,
des textes poétiques. Elle écrit aussi des pièces de théâtre. Elle est née à Nice en 1988. Docteur en études théâtrales et professeure documentaliste…

« elle écrit sur Facebook, dont elle se sert comme un grand brouillon… ». 

Elle a besoin du corps pour écrire. Du corps et de la ville. Elle pense que pour écrire, elle aime mêler plusieurs façons :
– regarder une chaise et la décrire. Écrire.
– penser à toutes les chaises de son enfance. Lesquelles ont compté, sur lesquelles elle levait le doigt ou s’asseyait à demi? Écrire.
– s’asseoir trente minutes sur une chaise immobile et écrire, après cette expérience.
– regarder une chaise pendant trente minutes. Enlever la chaise. Écrire.
– aller marcher. Regarder toutes les chaises dans la ville. Écrire.
– penser très fort ou pas très fort mais très noir, très étrange, au mot «chaise», dans sa tête. Une chaise. Une chaise. Chaise. Chaise. Écrire.

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« Une poésie directe, brute, qui assume parler du quotidien
– sans jamais verser dans le trivial. »
       Guillaume Lecaplain, Libération
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« J’ai vu l’œil qui manquait au masque pour être un homme.»

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un poème  

J’avancerai vers toi
Avec mes cœurs sous peau de poitrine,
Mes cœurs comme couleurs d’as de trèfle, pique,
carreau – et cœur quand même aussi –
Et, ainsi qu’on se débarrasse
De son sac sur la table,
J’avancerai vers toi avec
Mes quatre cœurs lourds,
Comme les émissions où
Des filles très gentilles ont de trop gros seins et les
garçons ne voient qu’eux,
Alors les filles gentilles vont
Les opérer pour moins,
Et moi, mes quatre cœurs en mains,
Comme on arrive au café avec tous ses sacs de courses,
Ou comme un clochard dans le métro, qui a trop de
choses sur lui pour en avoir d’autres ailleurs, et l’on sait
que c’est un clochard à son vent d’odeur et
Parce que quand un kiwi a roulé, personne ne s’est penché pour le lui rendre,
Jusqu’à ce que quand même quelqu’un l’arrête d’un
pied et demande : «Vous en avez besoin ?»
Et le clochard a hoché oui,
Que oui,
Il a besoin d’un kiwi.

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un lien 

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halte poétique ‘les échappées obliques’
Pier Paolo Pasolini et Ernest Pignon-Ernest

Avec Laurence Bourgeois, découvrons une œuvre par la voie des ondes et en résonance des mots de l’artiste ou d’un poète. Aujourd’hui c’est un dessin d’Ernest Pignon Ernest, Extase.

 

Dessin collé sur des plaques alu/pvc/alu avec cintrage spécifique
Portait de Louise du Néant : la 8e extasiée
En écho un poème de Pier Paolo Pasolini: Les pleurs de l’excavatrice,VI / Il pianto della scavatrice, VI, Pier Paolo Pasolini, ed. Poésie /Gallimard.

 

 

 

 

Ernest Pignon-Ernest dit de Pasolini qu’il était comme un sismographe.

« Les déchirements permanents de sa personne et de son cœur ont nourri mon travail d’artiste…
Il éprouvait une passion viscérale, sensuelle, pour la matérialité physique des êtres et des lieux.
En même temps, il était habité d’une conscience profonde de la sacralité des êtres ».

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Extrait d’un poème de Pasolini

Ce qui pleure, c’est ce qui change, même si
C’est pour être meilleur. La lumière
Du futur ne saurait cesser un seul instant

De nous blesser : elle est là, qui nous brûle,
En chacun de nos actes quotidiens,
Angoisse, même en cette confiance

Qui nous donne la vie…

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Musique :
> Reminiscence, Olafür Arnalds et Alice Sara Ott, the Chopin project
> Guarda la luna, Petra Magoni

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merci à Solène pour la technique
merci à Laure-Anne Darras qui a créé notre générique…
http://soundcloud.com/les-arpenteurs-poetiques/generique-de-lemission-les-arpenteurs-poetiques

 

Les arpenteurs poétiques – Claude Esteban

Les arpenteurs poétiques – Claude Esteban

Diffusion : Jeudi 27 avril 2023 à 19h15
Rediffusion : Dimanche 30 avril 2023 à 11h
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une émission préparée par Jean-Marc Barrier
avec la participation de Noée Maire et Vincent Alvernhe
(rediffusion partielle)

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> Claude Esteban
>
halte poétique ‘des étoiles et des chiens, 76 inconsolés’ : Pascal Comelade
> halte poétique ‘je te poème’ : Nour Cadour
> halte poétique ‘le petit marché’les coups de cœur des arpenteurs

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Claude Esteban

Une voix, qui accompagne, une figure aussi. Homme de solitude et de partages, poète, traducteur, directeur de revue et de collections… Claude Esteban et ses textes existent avec la même force et une belle attention, une proximité à la vie.

Il porte dans son nom les deux racines espagnole et française qui le placent entre deux langues, l’a ouvert à toute traduction du vivre, des textes, des amitiés.

Empruntons ces mots très justes à Gil Pressnitzer : « Pour Claude Esteban, le partage des mots ne devait que nous rendre présents à l’étrangeté du monde, et à la proximité du vide (…) Ces titres nous le révèlent. Lui,  l’étranger devant la porte, a voulu prendre le risque d’entrer de l’autre côté – au risque du néant. Du presque rien.
La poésie de Claude Esteban est une route blanche. Il y chemine en glanant les morceaux du vent.Il fallait trouver la juste pierre au bon endroit, ainsi se présentent ses poèmes. » 

un poème lu par Vincent Alvernhe : https://www.youtube.com/watch?v=OdEWd92ib2M

photographies © Durigneux

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bibliographie

https://bib.ens.psl.eu/sites/default/files/inline-files/202101_Claude_Esteban_bibliographie_0.pdf

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un poème  

Ce qui ne parle pas,
je l’écoute

Ce qui n’a pas de lieu,
je le retrouve dans son lieu

Ce qui tombe,
je me retiens à son assise.

Je vois vivre
tout ce qui meurt.

Je disparais
avec ce qui demeure

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un autre poème
extrait de Conjoncture du corps et du jardin

Je t’aime depuis toujours. Je t’emprisonne dans une image.
Je te rends aux chemins, toi qui mourais dans chaque fleur.
Délaisse nos saisons. Altère le savoir des signes. L’air est sublime.
Le ciel monte. Nous marcherons comme si dieu dormait.

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à propos de Claude Esteban

L’œuvre de Claude Esteban est tout entière placée sous le signe d’une expérience de la langue qui tient pour une part décisive de la traduction : poète attentif au retrait du sensible dans la formulation verbale, prosateur vif tour à tour ironique et méditatif, affrontant l’expérience du deuil ou l’irréparable du bilinguisme, comme la mémoire évasive des tableaux ou des livres, il fut aussi un critique d’art éclairé et le passeur, en langue française, d’écrivains de langue espagnole tels que Quevedo, Jorge Guillén (Cantique, 1977) ou Octavio Paz (Le Singe grammairien, 1972, notamment). Cependant, cet écrivain épris de solitude, et dont l’œuvre ne peut être aisément rattachée à tel ou tel des courants de la poésie française des quarante dernières années, a su rester ouvert aux entreprises collectives dont il prit la responsabilité, à la direction de la prestigieuse revue Argile qui assura aux éditions Maeght le relais de L’Éphémère, à la tête de la collection Poésie chez Flammarion, au cours des traductions collectives de la fondation de Royaumont comme à la présidence de la Maison des écrivains.

Claude Esteban venait de faire paraître Le Jour à peine écrit (2006), anthologie de ses poèmes publiés de 1967 à 1992 : ce volume donne la mesure d’une trajectoire poétique qui trouva à se formuler dans des directions diverses mais toujours corrélées. En effet, le poète solaire et tellurique de La Saison dévastée (1968), premier recueil fondateur, a conduit pendant quarante ans une expérience d’écriture dont la diversité laisse transparaître une attention permanente au travail du visible et à l’inachevé. La forme ramassée de la plupart de ses poèmes répond à une vocation originaire, dont les premiers recueils, réunis en 1979 sous le titre Terres, travaux du cœur, portent l’empreinte. Renonçant à exercer sur le monde sensible une souveraineté dont elle connaît la nature précaire, la langue s’efforce cependant de rendre compte de l’instant, du fragment, de ces Morceaux de ciel, presque rien (titre d’un recueil paru en 2001) dont elle donne la mesure sous une forme explicitement classique : en distiques souvent, en mètres réguliers parfois. Ainsi ce contemporain mélancolique et réservé, extrêmement attentif aux formes les plus innovantes de la langue poétique, a-t-il théorisé dans Critique de la raison poétique (1987), avec sa retenue coutumière et une pointe de provocation aussi, ses méfiances à l’endroit de l’image issue du surréalisme, des pratiques formelles de rupture, et sa propre passion pour l’inactuel.

Attaché à l’immédiat, (fût-il étroitement conjoint à l’inaccessible), Claude Esteban a composé des recueils poétiques (on retiendra Le Nom et la demeure, 1985 ; Élégie de la mort violente, 1989 ; Quelqu’un commence à parler dans une chambre, 1995 ; Étrangers devant la porte, 2001) dont la succession s’accompagne de proses et d’essais d’une nature fort proche, et qu’il paraît vain de distinguer fondamentalement des poèmes proprement dits. Il y est question aussi bien de la traversée des langues et d’une expérience fondatrice du Partage des mots (1990), comme de l’expérience lumineuse et désolée à la fois des tableaux d’Edward Hopper, dans le beau Soleil dans une pièce vide (1991). De même, lorsque Claude Esteban rassemble dans Poèmes parallèles (1980) des textes de Góngora, Quevedo, Jiménez, Guillén, Aleixandre, Vallejo, Paz, Pizarnik, Pessoa et Gimferrer, il accompagne cette anthologie d’un bref essai qui indique à quel point l’expérience de l’œuvre traduite s’inscrit dans la continuité

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halte poétique ‘des étoiles et des chiens, 76 inconsolés’
Pascal Comelade

Vincent Alvernhe nous propose un extrait de ce livre de Thomas Vinau, un texte consacré à Pascal Comelade
[L’originalité de l’œuvre de Pascal Comelade s’affiche entre autres dans sa manière de tenter une conciliation entre toutes les formes de la musique populaire sous l’angle de l’omniprésence en elle de la notion de répétition.]

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halte poétique ‘je te poème’ : Nour Cadour

Jean-Marc Barrier a rencontré
cette jeune poète et artiste franco-syrienne
lors d’un festival de poésie au Havre…

Nous la découvrons en quelques poèmes,
et quelques réponses…

voir son site : 
https://www.nourcadour.com
/

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un poème de Nour Cadour

Rêve brisé

Tu dis que le vent
n’a pas d’ailes
Tu dis que la nuit
n’a pas de lumière
Tu dis que les songes
ne sont pas bleus
Tu dis que l’horizon
n’a pas de racines
Tu dis que la pluie
n’a pas de mots

Mais moi
que me reste-t-il alors
lorsque l’électricité m’abandonne
lorsque la faim gronde dans mes boyaux
lorsque la fumée envahit mes yeux
que me reste-t-il à espérer
quand les bombes jaillissent dans mes tympans
quand le tonnerre gronde dans mon âme
quand la violence écorche mes prières

Tu dis que la guerre n’a pas de solution
Mais moi je te dis
qu’il est beau de rêver.

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Née en 1990 à Mende, Nour Cadour a grandi à Oloron Sainte-Marie.
Elle est actuellement installée à Montpellier.
Jeune poétesse, peintre et romancière franco-syrienne, elle exerce en tant que médecin nucléaire.
Engagée dans la poésie, elle remporte la mention spéciale du jury du concours international de « Poésie en Liberté́ » en 2014 dans la catégorie « étudiants de France » et devient membre du jury. Elle vend notamment ses peintures poétiques pour cette association.
En 2021, elle a co-créé avec de jeunes poètes montpelliérains l’association de poésie « L’Appeau’Strophe » qui vise à promouvoir la poésie et la rendre accessible à tous.
Son premier roman L’âme du luthier est publié chez Hello Éditions en février 2022.
Son premier recueil de poèmes Larmes de lune, édité par L’Appeau’Strophe, a été primé par la société des poètes français en 2021 et le prix de la Fondation Saint-John Perse en 2022. Son dernier recueil de poèmes « Le silence pour son » est paru L’échappée belle édition en janvier 2023.
Elle participe également à de nombreuses revues poétiques (PoetiquetacDebridéL’EtraveRevue HélàsRectangle quelconqueChronique de ci et de là…), des anthologies poétiques (Poésie en libertéLes Voix de l’extrême,.. ) et au podcast poétique « Mange tes mots ».

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Roman publié 
“L’âme du luthier”, Hello Éditions, Janvier 2022

Recueils de poèmes
“Le silence pour son”, L’échappée belle éditions, janvier 2023
“Deux arbres dansent”, Éditions Papiers Coupés (livre d’artiste), décembre 2022
“Larmes de lune”, Éditions L’Appeau’Strophe, septembre 2022,
-prix de la fondation Saint-John Perse, 2022
-prix Jacques Raphaël-Leygues de la société des Poètes Français en 2021
-lauréat du prix « Nouvelles voix d’ici » de la maison de la Poésie Jean Joubert à Montpellier
-finaliste du concours Poètes sans Frontières, 2022

Nouvelles  
“La toile”, nouvelle finaliste du Prix Hemingway, 2020

Participation anthologies
-Anthologie « Héritage », vies à vies éditions, 2023 : poème « Les voix »
-Anthologie « Les voix de l’extrême », 2022 : 5 poèmes sur le thème « Éphémère »
-Anthologie « 1001 plumes », Sélad Prod, octobre 2022 : poème « A l’aube d’un jour vide »
-Anthologie Poésie en Liberté, 2014 : poème « Lettre E », mention Spéciale du jury,
concours international de Poésie en liberté en 2014 dans la catégorie étudiante de France

Participation à des revues 

-Revue « Débridé », 2021 : poème « fièvre du pays »
-Revue « Au Mbongui », février 2022 : nouvelle « L’intermède du tam-tam »
-Revue « Poetiquetac », plusieurs poèmes dans le numéro de juin 2022

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halte poétique ‘le petit marché’

les coups de cœur des arpenteurs

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merci à Solène pour la technique
merci à Laure-Anne Darras qui a créé notre générique…
http://soundcloud.com/les-arpenteurs-poetiques/generique-de-lemission-les-arpenteurs-poetiques

 

Les arpenteurs poétiques – Sylvia Plath

Les arpenteurs poétiques – Sylvia Plath

 

Diffusion : Jeudi 23 mars 2023 à 19h15
Rediffusion : Dimanche 26 mars 2023 à 11h
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une émission préparée par Vincent Alvernhe
avec la participation de Noée Maire, Serge 
Vaute-Hauw et Elizabeth Boquet (voix anglaise)

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> Sylvia Plath
>
halte poétique‘les échappées obliques’, Laurent Lafolie / Valerio Magrelli
> halte poétique ‘le petit marché’, les coups de cœur des arpenteurs

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Sylvia Plath

Sylvia Plath (1932-1963) est une auteur majeur de la poésie américaine de l’après-Seconde Guerre mondiale.
« Écrire est un acte religieux, une manière d’ordonner, corriger, réapprendre et réaimer les gens et le
monde, tels qu’ils sont et pourraient être. Créer une forme qui ne se perd pas, contrairement à un
jour de dactylographie ou d’enseignement. Le texte écrit, reste, voyageant de son côté dans le
monde. (…) On a le sentiment de rendre la vie plus intense – on donne plus, on scrute, on interroge,
regarde et apprend, on crée cette forme, et on reçoit plus en retour : monstres, réponses, couleur et
ligne, connaissance. » (journal)
Force, fragilité, écriture, vie de femme, amour, famille….toute une vie tendue vers l’écriture. Nécessité habitée par la conscience de la précarité de l’être et la force de la création pour l’emporter sur la perte et la mort.
Va et vient entre l’écriture et l’expérience privée, désir d’émancipation, c’est le chemin que nous propose Sylvia Plath. Souvent douloureuse, sa recherche d’authenticité nous donne une image vive de l’expérience des renaissances qui jalonnent nos vies.

Poèmes traduits par : Françoise Morvan, Valérie Rouzeau et Patrick Reumaux.

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poème extrait de Miroir

Je suis d’argent et exact. Je n’ai pas de préjugés.
Tout ce que je vois je l’avale immédiatement
Tel quel, jamais voilé par l’amour ou l’aversion.
Je ne suis pas cruel, sincère seulement —
L’œil d’un petit dieu, à quatre coins.
Le plus souvent je médite sur le mur d’en face.
Il est rose, moucheté. Je l’ai regardé si longtemps
Qu’il semble faire partie de mon coeur. Mais il frémit.
Visages, obscurité nous séparent encore et encore.
Maintenant je suis un lac. Une femme se penche au-dessus de moi,
Sondant mon étendue pour y trouver ce qu’elle est vraiment. […]

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découvrir les textes

Sylvia Plath, œuvres. Poèmes, romans, nouvelles, contes, essais, journaux,
précédé de Mourir est un art par George Steiner (Quarto, Gallimard, 2011). Édition de Patricia Godi avec la collaboration de Patrick Reumaux

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à écouter

Sylvia Plath (1932-1963), la vie comme un mauvais rêve
du podcast Toute une vie, France Culture
https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/toute-une-vie/sylvia-plath-1932-1963-la-vie-comme-un-mauvais-reve-4506231

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musiques de l’émission

New animals from the air par Eluvium
Vitamine C par Can
Taken par Eluvium
One par Eluvium
There’d Better Be A Mirrorball par Arctic Monkeys
Regenerative Being par Eluvium

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halte poétique ‘les échappées obliques »
Laurent Lafolie / Valerio Magrelli

 

 

 

 

 

 

Laurence Bourgeois nous propose une œuvre par la voie des ondes, et en résonance des mots d’un poète. Aujourd’hui c’est une photographie de Laurent Lafolie, une Lithophanie

Lithophanie La lettre – 21×29,7 cm, 2022

Une lithophanie est une œuvre gravée en porcelaine très fine et translucide qui ne peut être vue clairement que rétro-éclairée par une source de lumière.

Livre : Laurent Lafolie, Exo Endo, ed. Galerie le château d’eau

En écho des poèmes de Valerio Magrelli,
extrait de son recueil Ora serrata retinae

 

 

 

 

 

 

Telle est la muette
thaumaturgie du geste
qui, en absolvant le jour, le dissout.
Moi je scrute les mots comme des dés
ou des bêtes sacrificielles ou des oiseaux,
j’en consulte l’enchevêtrement
et j’en mesure la marche
dans le ciel du cerveau
c’est comme demander
et souhaiter un nom
chaque nuit.

Valerio Magrelli

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Musiques de cette halte :
Intro, Einstein on the beach, Philip Glass
Murmures, Arthur H, album Mort prématurée d’un chanteur populaire dans la force de l’âge

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halte poétique ‘le petit marché’

Noée : La Fin de l’homme rouge ou le temps du désenchantement
de Svetlana Alexievitch (Auteur), Michel Parfenov (Series Editor), Sophie Benech (Traduction) Babel Actes Sud Poche
Musique : Benjamin Clementine
extrait de Condolence sur l’album ‘I Tell A Fly

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merci à Solène pour la technique
merci à Laure-Anne Darras qui a créé notre générique…
http://soundcloud.com/les-arpenteurs-poetiques/generique-de-lemission-les-arpenteurs-poetiques