Une enquête aux sommets du Haut-Atlas au Maroc.
En 2018, j’ai eu l’opportunité de séjourner dans la région de Marrakech Safi, à l’invitation des Halles de Schaerbeek. Je devais y conduire une résidence de création sur la notion de « sacré ».
Or, comme souvent, et bien heureusement, j’ai dérivé. Et de ce voyage ont surgi plusieurs conversations auprès de différents « pratiquant·es » de la voix et de la parole : avec la poétesse et spécialiste du soufisme Touria Ikbal, une jeune chanteuse et un étudiant muezzin, le conteur et pédagogue Aziz Bouyabrine et plus particulièrement dans un dialogue riche et constant avec l’artiste et traducteur Noureddine Ezarraf.
Ces rencontres m’ont mené des sommets du Haut-Atlas à la cavité d’une bouche, le long d’un sillon vocal qui mène du chant à la langue. Et dans les reliefs de ce sillon sont apparus, en creux, la mémoire des mots, les traces de la violence coloniale, un remède chanté, l’histoire des lettres et du cosmos.
La conception de cette pièce m’a beaucoup interrogé. Notamment sur l’usage du français, ou encore sur ma justesse et légitimité à tenir un micro dans un contexte culturel dont j’étais très ignorante. Pourtant, c’est bien ce trouble, cet inconfort et ces dérivations qui font qu’elle demeure précieuse à mes oreilles.