Vivre ici – Les mystères de la chambre 114

Vivre ici – Les mystères de la chambre 114

 

Diffusion : Vendredi 16 septembre à 08h30 et 12h30

Animateur : Samuel Heyndrickx

Invités : Emmanuelle Dufossez, dessinatrice de l’exposition Chambre 114 et Philippe Gerbaud ; rédacteur en chef de l’Octombule

Lorsque le réceptionniste m’a donné la clef de la chambre 114, je ne m’attendais pas y retrouver une femme, par dessus les draps, les jambes nues, recroquevillée sur elle même comme un insecte mort qui me fixait du coin de l’œil. Malgré ma surprise, je n’ai pas dit un mot, elle non plus. Comme si cette chambre lui appartenait et que j’en étais l’intrus. Nous nous fixions et échangions en silence un secret qui me dépassait.

Combien de temps s’est écoulé ainsi, elle fixée sur moi figé dans l’entrée, ma bandoulière à la main, bredouille de toute initiative, avant qu’elle ne disparaisse dans la nuit ? Disparue dans une forêt qui poussait sur sa tête à mesure que nous nous dévisagions. Délire nocturne d’une solitaire qui traîne son ennui ou fièvre passagère d’un homme qui cherchait en ce fantôme féminin sa part d’authenticité, je cherche encore. Peut être trouverai une réponse à l’Exposition de dessins d’Emmanuelle Dufossez, Chambre 114, au village des arts et des métiers d’Octon tous les week ends jusqu’au 02 octobre de 14 à 18h.

Message personnel d’Emmanuelle :

Chambre 114 est l’exposition de 12 grands dessins au fusain sur papier.
Je les ai réalisés dans l’année qui s’est écoulée. J’ai vécu avec eux jours et nuits. Le premier je l’ai entamé aux alentours du 19 juin 2021 et j’ai terminé le dernier le jour où j’ai commencé à accrocher pour cette exposition. Aucun de ces dessins n’a été prévu à l’avance mais j’ai passé beaucoup de temps à les regarder pour mettre chaque chose à sa place. Ils ont, de l’avis général, une atmosphère cinématographique qui me saute maintenant aux yeux et n’a rien d’étonnant, compte tenu du fait que je suis cinéphile. Mais aussi parce qu’ils sont plutôt narratifs, je crois. Et que les cadrages sont la plupart du temps très photographique. Il faut dire que je fais de la photo depuis mon enfance,  mon père était flic à la PJ et c’était son truc les photos.
Mes dessins n’ont aucune dimension thérapeutique ou carthartique même si je me sens mieux quand je dessine et qu’ils m’aident. Ça peut paraître étrange mais la seule case dans laquelle, éventuellement, on pourrait les mettre, c’est la case politique. Pas feministe, simplement politique.
J’aime beaucoup la phrase de Robert Filiou qui dit que « l’Art est ce qui rend la vie plus intéressante que l’Art ».
C’est vrai que ça peut être sacrément ennuyeux la vie. Le dessin est une de mes pratiques pour sublimer ce prodigieux ennui qui nous guette et nous conduit souvent à accepter jusqu’à d’inquiétantes absurdités ou de prodigieux paradoxes. Bien sûr qu’ils parlent d’amour et de mélancolie, aussi. Mais ce qui m’anime beaucoup, ces temps-ci, c’est plutôt le poids de l’état sur nos existences.
Exposition à venir : « Gouaches d’Octon et d’ailleurs » par PLACID

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