Les arpenteurs poétiques – Emily Dickinson / Dominique Fortier

Les arpenteurs poétiques – Emily Dickinson / Dominique Fortier

Diffusion : Jeudi 22 avril 2021 à 19h15
Rediffusion : Dimanche 25 avril 2021 à 11h
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une émission préparée par Vincent Alvernhe
avec la participation de Noée Maire, Coralie Poch et Serge 
Vaute-Hauw
et Elizabeth Boquet pour la voix anglaise (américain)

sommaire
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> Emily Dickinson / Dominique Fortier 
>
halte poétique ‘des étoiles et des chiens, 76 inconsolés’ : Emily Dickinson
textes de Thomas Vinau, une halte proposée par Vincent Alvernhe.
> halte poétique ‘son-poème-son, par Serge Vaute-Hauw : Coralie Poch
> le petit marché, coups de cœur des arpenteurs
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Emily Dickinson / Dominique Fortier

En 2020 a paru aux éditions Grasset, un livre de Dominique Fortier, Les villes de papier sous-titré Une vie d’Emily Dickinson. Une chance pour replonger dans l’univers de cette immense poète. Nous vous proposons ici de croiser ce livre etles poèmes d’Emily Dickinson.
« à partir des lieux où Emily vécut (…), Dominique Fortier a imaginé sa vie (…). D’âge en âge, elle la suit et tisse une réflexion d’une profonde justesse sur la liberté, le pouvoir de la création, les lieux que nous habitons et qui nous habitent  en retour. » (4e de couverture du livre)

Se répondent donc deux voix, plus celles des lecteurs, plus la voix américaine d’Elizabeth Boquet (que nous remercions) pour essayer modestement de rendre compte des textes d’Emily « dont la grâce saccadée n’a d’égale que celle des proses cristallines de Rimbaud » (Christian Bobin).

« C’est dans cette exquise répétition des choses, dans ce temps suspendu, qu’elle arrive, par éclairs, à saisir ce que murmure l’herbe et ce que souffle le vent. Il n’y a pas d’autre moyen de s’arrêter que de tourner exactement au même rythme que la Terre qui tournoie autour du Soleil, et de s’abandonner à ce vertige. » Elle se réveille souvent pour écrire les lettres qu’elle n’a pas pu rédiger pendant la journée. Elle compose des missives de dix, huit, sept lignes, infiniment légères, comme si elles étaient destinées à voyager à la patte d’un moineau.

Les villes de papier, une vie d’Emily Dickinson de Dominique Fortier
https://www.youtube.com/watch?v=LuhrlMOv7vc

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Dominique Fortier

C’est dans cette exquise répétition des choses, dans ce temps suspendu, qu’elle arrive, par éclairs, à saisir ce que murmure l’herbe et ce que souffle le vent. Il n’y a pas d’autre moyen de s’arrêter que de tourner exactement au même rythme que la Terre qui tournoie autour du Soleil, et de s’abandonner à ce vertige. » Elle se réveille souvent pour écrire les lettres qu’elle n’a pas pu rédiger pendant la journée. Elle compose des missives de dix, huit, sept lignes, infiniment légères, comme si elles étaient destinées à voyager à la patte d’un moineau.

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 poèmes d’Emily Dickinson
Emily Dickinson, poésies complètes, traduction Françoise Delphy

Nuits Sauvages —Nuits Sauvages !
Si j’étais avec toi
Ces nuits sauvages seraient
Notre luxe !
Futiles – les vents –

Pour un Cœur dans le port –
Finie la Boussole –
Finie la Carte !

Ramant dans l’Éden –
Ah – la Mer!
Si je pouvais jeter l’ancre –cette nuit

– En toi ! 

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C’était un Jour apparemment tranquille –
Rien de mal sur la terre ni dans le ciel –
Jusqu’à ce qu’à la fermeture du soleil
Se glissât égaré un Rouge accidentel
Une Teinte baladeuse, aurait-on dit
À l’ouest de la Ville –

Mais quand la Terre commença à bailler
Et que les Maisons disparurent en un rugissement
Et que la Nature Humaine se cacha
Nous comprîmes par l’Effroi
Comme les témoins de la Dissolution
Le Coquelicot dans le Nuage –

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Elizabeth Boquet


Poète belge-américaine, Elizabeth Boquet enseigne l’anglais
et traduit de français en anglais entre Caux et Lausanne.
Plus de trente de ses poèmes en anglais ont été publiés
dans diverses revues littéraires.
Son premier recueil de poésie, Galoshes, a été publié
en octobre 2020.

www.elizabethboquet.com

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musique de l’émission
Brian Eno, Thursday Afternoon
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halte poétique « des étoiles et des chiens, 76 inconsolés »
Emily Dickinson

Vincent nous fait partager des portraits très enlevés et inspirés écrits par Thomas Vinau (éditions le Castor Astral). Une galerie de portraits d’artistes décalés, à la vie et au destin hors du commun. Ces textes d’hommage mêlent poésie du quotidien, souffle lyrique et humour. Vincent Alvernhe lie les textes à des extraits musicaux… Après le succès des 76 clochards célestes… ou presque, Thomas Vinau revient avec sa suite très attendue : Des étoiles et des chiens, 76 inconsolés – des portraits d’artistes décalés, abîmés, des inconsolés qui nous consolent. Ces destins extraordinaires sont présentés avec la sensibilité de Thomas Vinau, qui mêle fulgurance et écriture de l’intime. Ce sont des portraits teintés d’une poésie du quotidien, oscillant entre les caresses et les crocs, qui donne envie d’en savoir toujours plus sur ces artistes

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halte poétique « son-poème-son »
Coralie Poch

Coralie Poch écrit des poèmes, son recueil Le bruit des cailloux
a été publié par La voix du poème en 2015.
Elle enseigne le français à Lodève, et verra cet automne 2021
naître son prochain recueil aux éditions la tête à l’envers.
Serge Vaute-Hauw nous la fait découvrir dans une ambiance
sonore qu’elle a choisie.

elle se tient là
la moi
à l’affut
dans sa robe presque oubliée
au milieu de ce qui va venir
avec les biches et les heures libres
ses pulls recouvrent presque l’hiver
je la laisse partir, la rivière avec mon lit
je marche sur les bois morts, les cornes cassées
la mue des vêtements qu’on enterre ou qu’on brûle après qu’on a laissé mourir l’amour en soi
un jour on se réveille :
le ciel n’est plus le même

le même n’est plus le ciel
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le petit marché

Noée Maire :
Le fascinant roman L’ancêtre de Juan Jose Saer nous immerge dans le récit et les réflexions de son narrateur du XVIe siècle revenant sur les événements de sa vie. A l’âge de 15 ans, une tribu amérindienne du Rio de la Plata l’a accueilli en son sein après avoir massacré tous les membres de l’équipage des trois vaisseaux les ayant menés jusque dans ces contrées sauvages. Les descriptions des paysages sont d’ailleurs extraordinaires, et la langue précise et évocatrice de Saer se fait profonde pour les nombreux passages réflexifs du livre.
un extrait :
« La petite lumière ténue qu’ils portaient en eux et qu’ils parvenaient à grand peine à maintenir allumée éclairait, malgré sa fragilité, de ses reflets changeants, le cercle incertain et obscur qu’était l’extérieur et qui commençait à leurs propres corps. Le vaste ciel ne les abritait pas, tout au contraire il dépendait d’eux pour pouvoir déployer, sur cette terre nue, sa fixité étoilée. »

 

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merci à Solène pour la technique !merci à Laure-Anne Darras qui a créé notre générique…
http://soundcloud.com/les-arpenteurs-poetiques/generique-de-lemission-les-arpenteurs-poetiques

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