Émission diffusée le mardi 12 janvier à 10h. Rediff le dimanche 17 à 10h
Cramponnez-vous ça va être coton, avec la bande de bras cassés qui nous gouvernent, on peut être sûrs de mettre le cap au pire ! Mais on repart quand même sur les chemins de traverse avec les Buissonnières, une émission proposée par la Maison de l’écriture de Bédarieux et présentée par Virginie Lou-Nony. La Maison de l’écriture, les écrivains qui la font vivre et les artistes qui, chaque mois, ouvrent pour vous de belles fenêtres sur la fiction ou la poésie sonore vous souhaitent une année 2021 épargnée autant que possible par les tempêtes.
Mais chacun de nous sait ce souhait fragile, tant se sont accumulés les nuages de crises sociales, économiques, sanitaires et écologiques. À l’issue de ces confinements, des milliers de personnes ont perdu leur emploi, basculé dans la pauvreté. Des centaines sont mortes de froid, sans secours sur les trottoirs des villes. La culture aussi a été mise à mal. En choisissant d’ouvrir églises et supermarchés, de fermer théâtre et cinéma, le gouvernement envoie aux artistes un message aussi direct qu’un tir de LBD en pleine tête : vous n’êtes rien, bande de saltimbanques, vous n’êtes pas nécessaires, disparaissez.
C’est le choix politique d’une minorité obsédée par ses dividendes, par l’argent devant lequel tout ce qui fait l’humain, son intelligence, sa sensibilité, son langage et ses émotions, devrait s’incliner. Nous avons fait le choix inverse de vivre non pour l’avoir mais pour l’être, et nous nous représentons tout à fait ce que serait une humanité sans musique, sans roman, sans film.
Ce ne serait précisément pas l’humanité, qui dès les premiers âges de son éveil au monde a fait de l’art le vecteur de ses grandes interrogations sur le destin, la mort, la vie, la fatalité, la nature, le sauvage, le sacré, la beauté. Une vie humaine sans art serait une vie d’esclaves soumis à l’ordre financier imbécile, une vie de brutasses sans yeux.
Aussi avons nous pris le parti de nous insurger, nous artistes, question de vie ou de mort puisqu’on nous met à mort. Des théâtres ont donné des représentations malgré les interdictions, des musiciens ont investi des halls de gare pour offrir concerts et spectacles aux voyageurs, des artistes réunis dans le collectif Marianne pleure ont détourné la grande fresque de Marianne peinte sur le pignon d’un immeuble du 13è arrondissement de Paris, rayé les trois mots de la devise liberté égalité fraternité et peint des larmes de sang sur les joues de Marianne. Le groupe Hiya! organise la résistance!
Cet appel est signé par une vingtaine de créateurs, musiciens et graffeurs, entrepreneurs et militants pour la liberté, l’égalité, et la fraternité, mais en vrai cette fois, pas en bois de mensonges. La Maison de l’écriture de Bédarieux s’inscrit bien évidemment dans ce sursaut vital. Je vous invite à visiter le site de Hiya ! et à vous insurger.
Nous aurons l’occasion de vous en reparler : la Maison de l’écriture prépare pour l’automne prochain sa riposte artistique !
D’ici là, ouvrons l’année 2021 avec des voix poétiques et vivantes.
Celle, rauque et rageuse, de Marielle Vichard que vous avez découverte au mois de décembre dernier ; celle, poétique et exaltée de Cécile Morelle, comédienne, conteuse et poète, amoureuse des hommes, des femmes, des vaches et de la Picardie.
Deux voix profondément liées à la terre auxquelles j’ajouterai in fine la mienne, pas moins lestée de bouse et d’Histoire muette.